1.5.2. Les situations de la famille actuelle
Le mode de vie d'une famille, sur le plan conjugal, peut
influencer profondément les activités scolaires de l'enfant. La
stabilité au niveau du couple permet à l'enfant d'avoir un
encadrement plus soutenu dans ses activités et plus de
considération affective qui puissent servir de motivation dans le
travail à l'école. Cependant, au cours de ces dernières
décennies, la vie familiale a profondément changé. Si
l'on compare la situation actuelle à ce qu'elle était dans les
années cinquante, on peut parler franchement d'une véritable
métamorphose dans la famille. Celle-ci exerce une influence
considérable sur le parcours scolaire des enfants(8). Par
conséquent, il est donc important que les enseignants aient une bonne
compréhension des modes de vie et des types de famille ou grandissent
leurs élèves. Ils doivent être capables et désireux
de s'adapter aux implications des formes nouvelles de l'existence et de la
famille.
Bien de nouvelles formes familiales surgissent avec
l'augmentation du nombre de divorces. Les formes de parenté et de
cohabitation qui sont ainsi apparues, l'école doit les percevoir et les
reconnaitre. Nombreux sont les enfants dont la vie est bouleversée par
la séparation de leurs parents pendant leur parcours scolaire. Ces
enfants changent de situation familiale, traversent une procédure de
divorce plus ou moins douloureuse et une période d'adaptation plus ou
moins difficile. L'école et les enseignants ne peuvent agir comme si
cette situation n'avait rien à voir avec la scolarité. Le
divorce des parents et l'adaptation à de nouveaux partenaires
éventuels constituent des événements majeurs dans la vie
des enfants et des jeunes. Les écoles doivent être en mesure
d'apporter un soutien réel aux élèves qui vivent de tels
bouleversements11.
Cela exige naturellement un grand effort de la part des
écoles qui veulent tenir compte des situations familiales devenues
très complexes. Cet effort est toutefois nécessaire.
L'enseignement ne devrait pas du reste se contenter, vis-à-vis de cette
l'évolution, des formes familiales, d'un rôle de réaction,
d'adaptation, mais plus toto d'un rôle actif, moteur. Il faut chercher
les moyens de s'engager dans une action positive
« les nouvelles grandes familles » et les ressources
humaines : nouveaux parents, grands parents, beaux-parents qu'elles
recèlent. L'école ne doit pas hésiter à mettre
l'accent dans ses communications sur la responsabilité des parents. Elle
est également l'une des institutions les mieux placées pour
attirer l'attention de nouveaux partenaires sur leurs responsabilités
parentales.
Les récents changements familiaux et sociaux ont pour
effet de rendre les parents moins disponibles, à la fois pour les
enfants et pour l'école, et ce, pour toutes sortes de raisons :
parents qui occupent tous les deux un emploi, horaires de travail atypiques,
activités de loisirs divers, recherches d'adaptation et
considérations spéciales aux nouveaux partenaires. En outre,
influencés par les grands courants sociaux : matérialisme et
individualisme, les parents se comportent aujourd'hui davantage comme
« des consommateurs d'école »13 :
ils « magasinent », comparent les établissements, en
choisissent un en fonction des critères qui varient d'une famille
à l'autre et exercent des pressions individuelles ou collectives pour
que leur école fournisse aussi tel ou tel service.
Une telle adaptation et une attitude aussi actives ont
naturellement des implications au niveau de la formation du personnel
enseignant. L'on attend de lui qu'il sache manier la nouvelle éthique
familiale et soutenir les enfants qui traversent une période de
transition difficile (séparation ou décès des parents).
Aussi, doit-il apprendre à aborder l'enfant, moins comme une donne
individuelle que comme un noeud de relations sociales, comme l'un des
éléments constitutifs d'une famille. La matière et le
matériel pédagogique, les procédures et les
communications devront être adoptés en ce sens.
D'où la nécessité d'une étroite
relation et collaboration entre ces deux grandes institutions sociale dont
dépend la formation intégrale de l'enfant. Lors même que
l'éducation de l'enfant commence de façon informelle à la
maison, l'école a pour mission de la continuer de façon formelle.
Presque tous les chercheurs abondent en ce sens. La communication,
l'interdépendance et la collaboration entre ces deux entités
favorisent le bon déroulement du processus enseignement-apprentissage et
du même coup permettent à l'enfant de mieux assumer son parcours
scolaire. C'est pour ces raisons que Johanne Bernier explique que des
initiatives en milieu scolaire montrent qu'une collaboration harmonieuse entre
la famille et l'école permet de lutter efficacement contre le
décrochage scolaire et favorise une meilleure qualité de vie chez
les élèves.
La nécessité pour l'école et la famille
de vivre en étroite collaboration est tellement bénéfique
et visible que l'Unesco a décrété
« l'année 1994 comme l'année de la famille ».
Toutefois, les recherches de Josée Roy nous ont permis de comprendre
que les relations qu'entretiennent les parents avec l'école sont
tantôt harmonieuses et satisfaisantes et tantôt tendues et
frustrantes à certains égards. Nous avons déduit, d'une
part, que les nouveaux changements sociaux et la situation économique
des parents ont également leur impact sur le parcours scolaire des
enfants et, d'autre part, que la formation et la qualification des enseignants
sont autant d'atout leur permettant de répondre adéquatement
à cette lourde tâche que leur réclame la
société. Ainsi donc, la formation des enseignants sera l'objet de
notre prochain chapitre.
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