2.2.2. Professionnalisation
Du point de vue des chercheurs qui ont oeuvré pour la
rédaction de ce rapport, les principes énoncés impliquent
un certains nombre de choses. Il faut abandonner l'idée de la
planification linéaire et hiérarchique. L'enseignant n'est plus
celui ou celle qui ne doit qu'exécuter un programme
préétabli. A la relation hiérarchique entre parents,
pouvoirs publics et enseignants se substitue une relation où chaque
partie porte une responsabilité propre et dispose des moyens de
l'assumer. Dans cette optique, il est très important que les enseignants
disposent de l'autonomie et des capacités nécessaires pour se
consacrer, hors de leur classe, à la recherche et à
l'étude indispensable pour réaliser avec créativité
les objectifs généraux de l'enseignement. Autrement dit,
l'enseignant doit être un « professionnel » capable
de travailler de façon autonome et sur la base d'une conception
générale des objectifs de l'enseignement, de poursuivre en
équipe l'accomplissement de ces objectifs. Ce but entraîne
incontestablement un certain nombre d'implications sur le plan de la formation,
de l'organisation de l'école et de l'offre de services de soutien et
d'encadrement. Pour atteindre ce niveau de professionnalisme, la formation des
enseignants revêt une importance capitale.
Dans ce même rapport de la Commission
Société-Enseignant, il est clairement exprimé que
« la professionnalisation du métier d'enseignant
nécessite un élargissement de la formation des enseignants de
l'école maternelle, primaire et secondaire, de même qu'une
profonde adaptation de la formation des licenciés désireux de
s'orienter vers l'enseignement. Celle-ci constitue d'ailleurs la
conséquence logique de l'élargissement de la mission des
écoles. On attend désormais qu'elles forment tous les jeunes
jusqu'à l'âge de dix-huit ans, en assumant à leur
égard un éventail de tâches plus large qu'auparavant.
Naguère, la réponse à l'essor de
l'enseignement passait par l'accroissement quantitatif du corps enseignant. Il
est temps d'accorder plus d'importance à la qualité. Le
renforcement de la formation et de la sélection constitue une
première étape en ce sens ».
Renforcer la formation ne signifie d'ailleurs pas qu'il faille
l'allonger. L'adaptation de la formation des enseignants doit se faire dans la
perspective de l'enseignement permanent, où les enseignants,
après une formation initiale, retourneront à l'école pour
y suivre une formation de perfectionnement ou de recyclage. Cette
dernière ne doit plus se faire à titre personnel ou exceptionnel
mais comme élément normal et naturel de la carrière. Ainsi
nous proposons que dans la réforme de la formation d'enseignant,
l'enseignement permanent, la formation continue et le recyclage deviennent un
point important du programme.
La formation d'enseignant doit devenir beaucoup plus
polyvalente. Les enseignants doivent en effet apprendre à travailler de
façon davantage transdisciplinaire. Ils doivent être plus
aisément mobilisables et disposer d'une possibilité réelle
de changer de discipline, de niveau et de groupe cible en cours de
carrière. Cela ne suppose nullement l'exclusion ou l'élimination
de leurs connaissances par les techniques ou les méthodes
pédagogiques de formation de la personnalité. Nous plaidons en
faveur d'un rôle discret de celles-ci. La technique de l'enseignement ne
doit être, à côté de la connaissance de la branche,
de la compétence morale et de la connaissance de l'univers des jeunes,
qu'un des éléments de la formation des enseignants. Elle ne peut
en aucun cas en devenir l'élément dominant.
Les différents niveaux d'enseignement exigent
différentes sortes de compétences. A mesure que les
élèves progressent, l'attention doit se déplacer de la
formation de la personnalité vers l'apport de connaissances, sans que
jamais l'une des deux facettes ne s'estompe complètement ni ne devienne
envahissante. La modulation de la formation des enseignants en fonction des
caractéristiques et des besoins spécifiques des
élèves devrait, du reste, s'appliquer également aux
différentes orientations de l'enseignement secondaire. On ne tient pas
suffisamment compte, dans la formation, du fait que près d'un tiers des
enseignants du secondaire du deuxième degré travaillent dans
l'enseignement professionnel. La pratique montre pourtant qu'enseigner à
l'école professionnelle suppose une série de compétences
particulières. Le choix d'une spécialisation axée sur
l'enseignement professionnel pourrait, d'autre part, se faire de façon
plus positive. On a l'impression aujourd'hui que les élèves et
une partie des enseignants des écoles professionnelles s'y trouvent
davantage par contrainte que par choix. A côté de toute cette
formation et de professionnalisation, l'enseignant doit avoir certaines
qualités même si la plupart d'entre elles doivent être
inhérentes à sa nature. Quelles seraient alors les
qualités de l'enseignant ?
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