CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
Le système de référence est un
système dont la complexité est souvent sous-estimée. Ceci
explique pourquoi il est largement négligé dans la
littérature de santé publique.
Sa complexité est due aux facteurs matériels et
humains qui sont liés étroitement les uns aux autres. Les
facteurs humains, aussi bien du côté du patient que du
côté des agents de santé avec à chaque partie ses
émotions, croyances et comportements, font que les observations
répondent peu à des catégories standardisées, mais
sont plutôt spécifiques.
Le faible taux de référence au Niger peut
être compris à travers un mécanisme d'un cercle vicieux.
Les réticences du patient pour être référé,
liées à son angoisse et à son incompréhension du
système médical `moderne', se voient renforcées par
l'attitude des agents de santé considérant la
référence comme une perte de prestige et préférant
rester dans leur position de pouvoir vis-à-vis du patient. Les deux
parties se trouvent en même temps devant des barrières
financières et géographiques souvent très importantes. Le
troisième acteur important dans le système de
référence est l'hôpital de district qui souvent n'a pas
encore un niveau de qualité et de quantité de soins pour
établir une forte crédibilité auprès des patients
et des infirmiers.
Figure N°6 : Le défi d'un cercle
vicieux pour le système de référence :
Les patients
v Barrière financière et
géographique
v Incompréhension du système de
référence
v Croyances sur les maladies
v Patient peu émancipé
L'Hôpital de district
v Une gamme de soins incomplète
v Faible qualité des soins / accueil
v Inexistence de la
contre-référence
Les agents de santé
v Prestige à travers
l'hospitalisation
v Incompréhension du système de
référence et sa place dans le système de
santé
v Manque d'empathie et de communication avec les
patients
v Incompréhension sur le mandat spécifique
de la première ligne de soins
Source :
Dr. Bossyns P. 2000
Pour briser ce cercle vicieux, il faut des efforts à
tous les niveaux avec des synergies vers le même but. Les hôpitaux
de districts doivent nécessairement augmenter leur performance pour
pouvoir réclamer les patients non référés
jusqu'ici. Le système de santé devrait faciliter le transport des
malades aussi bien pour les urgences que pour les références
à froid. L'infirmier doit être conscientisé sur le
système de référence et sur son attitude envers le
patient. Il doit apprendre des techniques de communication verbale et
non-verbale et la dynamique des relations entre l'agent de santé et le
patient.
L'actuelle politique sectorielle de santé reste peu
explicite sur le fonctionnement du système de référence
qui y est largement négligé. Les expériences avec le
service ambulance à Ouallam et Tahoua restent marginales par rapport
à la politique officielle. Sur le transport des malades non urgent ou
les autres barrières liées à la référence,
très peu de réflexions sont engagées. Pourtant, ce faible
taux de référence met en danger la viabilité et
l'efficacité des hôpitaux de district et est à la base
d'une surmortalité puisque beaucoup de patients n'arrivent pas au CHD,
alors qu'ils devraient être pris en charge à ce niveau.
Le taux de référence pourrait constituer un des
indicateurs de qualité de la performance du système de
santé global. Puisqu'il existe un repère, il est possible
d'identifier un déficit en référence. Tant que le
déficit reste très important, le `taux de repère' peut
rester peu précis.
Les résultats de l'étude sur les
déterminants du faible taux de référence des CSI ruraux
vers le deuxième échelon, dans le district sanitaire de Tahoua a
pu confirmer plusieurs hypothèses de départ :
|