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Les déterminants du faible taux de référence des CSI (centre de santé intégré) ruraux vers le CHD (centre hospitalier départemental), dans le district sanitaire de Tahoua, zone d'intervention du projet ALAFIA/GTZ au Niger.

( Télécharger le fichier original )
par Idrissa CHEIFOU
Université Abdou Moumouni de Niamey Niger - Maà®trise en sociologie 2003
  

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Le patient

v Malade

v `Ignorant' en matière santé

v Sa personnalité

L'agent de santé

v Connaissance

v Culture scientifique

v Sa personnalité

Processus de communication et de négociation

v Ecouter activement

v Interprétation participative

v Négociation des solutions

v Formulation d'une stratégie

v Discussion sur la motivation

Le résultat recherché :

v Partage de pouvoir

v Relation de partenariat

v Engagement de l'agent de santé

Source :

Dr Bossyns P.

Durant la consultation, le médecin doit essayer de comprendre son patient en écoutant activement et en réfléchissant ensemble avec le patient sur son problème. La compréhension est suivie d'une négociation des solutions possibles, tout en formulant des stratégies et en motivant le patient. Le résultat final est un `contrat' entre le médecin et son patient sur la gestion de la maladie (ou du problème).

Ce type de communication est difficile et est accompagné d'une certaine perte de pouvoir de l'agent de santé, ce qui explique la résistance de celui-ci pour un engagement sincère en ce sens (Bossyns, 2000).

Les patients individuels et la population dans les focus groups confirment, sans pour autant protester ouvertement, que la communication avec les agents de santé est plutôt minimaliste : « C'est le papier qui parle ». La grande majorité des patients ne savent pas trop bien pourquoi ils ont été référés.

Déjà en discutant des généralités, il était postulé que la référence est une situation où le degré d'empathie définira son succès. Il s'agit souvent de malades avec des problèmes de santé complexes et qui vivent souvent en plus de fortes émotions. L'infirmier doit laisser tomber sa situation de pouvoir pour `avouer' son impuissance devant le malade. Tandis que l'hospitalisation du malade à son niveau augmenterait son prestige et donc son pouvoir auprès de la population, il a le sentiment de perdre du pouvoir face à une référence. La résistance de l'infirmier de référer des patients se montre aussi dans le fait que les infirmiers accusent beaucoup les SPT qui les obligent à référer tous, un constat purement basé sur des craintes et pas sur la réalité. Mais les SPT sont négativement appréciées dans le sens qu'elles identifient les cas à référer sans trop de discussion ou d'interprétation possible.

A partir des réponses des infirmiers, on peut déduire qu'ils ne comprennent pas grand chose de cette dynamique `d'empathie'. Très peu ont mentionné par exemple l'angoisse que les patients pourraient éprouver. Les patients sont `coupables' s'ils refusent la référence. Les infirmiers ne semblent pas réaliser ce que ça pourrait signifier pour un patient de devoir signer un papier de décharge devant une référence refusée.

Ce manque de communication et d'empathie a été observé à d'autres occasions au Niger, tout comme dans beaucoup de pays de la sous-région. Au Cameroun, une sage-femme l'a exprimé comme suit : « Les malades ne sont pas bien reçus, mais beaucoup ne comprennent rien à ce qu'on leur dit » (Hours, 1985). A l'occasion d'une discussion en groupe avec les infirmiers de Ouallam sur la planification familiale, exactement la même expression a été utilisée par un des agents de santé.

Avec le développement des concepts de management total de la qualité (Bossyns, 2000), la satisfaction du client, ici le patient, est considérée comme aussi importante que la qualité du produit, ici la guérison physique.

Dans une étude menée à Niamey sur la qualité des soins (Souley, 2000), l'auteur observe le manque de véritable communication à travers le `pouvoir du papier et du stylo' : « A notre sens, l'omniprésence du stylo et du papier, ainsi que les problèmes d'accueil évoqués plus haut, témoignent d'un sérieux déficit de communication ».

Les résultats de l'étude ont montré que l'infirmier maîtrise peu les enjeux liés à la référence. Il ne sait donc pas bien orienter la communication avec le patient et ne sait pas trop comment le persuader par exemple.

La résistance des infirmiers envers la référence se situe sur deux plans, étroitement liés. D'un côté, ils essaient d'éviter de montrer leur incapacité devant certaines situations ou maladies, de l'autre côté les lits d'hospitalisation leur donnent une opportunité d'augmenter leur prestige à travers les hospitalisations. Les patients hospitalisés peuvent représenter des cas qui auraient dû être référés, mais aussi des situations moins graves qu'ils essaient de dramatiser pour leur propre gloire. La résistance contre toute instruction (SPT, PCIME) qui représente un contre-poids puisqu'elle indique de façon assez stricte quand il faut référer, doit être interprétée comme une rationalisation de leur part : les infirmiers accusent les instructions pour justifier leur approche.

Ceci dit, il faut souligner de nouveau que l'étude n'a pas pu trouver un comportement uniforme parmi les infirmiers. Il existe une grande disparité entre les différents CSI et on a constaté une absence de règle générale dans l'attitude des infirmiers. Cette absence répandue dans le pays d'une ligne générale montre qu'il existe des lacunes dans la politique sanitaire.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon