3.3.1.2- Les moyens déployés, la
barrière financière
Bien que la grande majorité des patients acceptent les
tarifs du CHD, 47 (57 %) déclarent qu'ils ont eu des difficultés
financières lors de la référence. Cela confirme que les
coûts ne se limitent pas aux frais de l'hôpital et que les
dépenses en dehors de l'hôpital sont relativement très
importantes. Trente neuf (47%) patients ont emprunté de l'argent
auprès d'un membre de la famille ou d'un commerçant local, 29
(35%) ont dû vendre des animaux et 18 (22%) ont pu
bénéficier de la solidarité villageoise.
Pendant l'interview, l'enquêteur a essayé de
comprendre et de quantifier les dépenses selon plusieurs rubriques. Ceci
s'est révélé compliqué parce que les
dépenses étaient souvent fractionnées ou en nature rendant
le calcul difficile pour le patient. Ainsi on sait que les dépenses au
niveau du guérisseur traditionnel ont été importantes pour
beaucoup de patients, incapables de chiffrer les montants. L'aide de la part de
la famille était également difficile à chiffrer parce que
souvent cette aide se réalise sous forme de nourriture ou les visiteurs
donnent de temps à autre une petite somme d'argent.
Les 41 (49%) patients qui n'avaient pas ces difficultés
financières avaient un revenu monétaire (commerçants,
cordonniers) ou avaient un parent vivant à l'extérieur (Abidjan,
Niamey) qui leur avait envoyé de l'argent. Ce dernier groupe
dépendait néanmoins de ressources extérieures.
La barrière financière est donc très
importante et touche la grande majorité de la population de Tahoua. Mais
ces problèmes ne peuvent pas être résolus en diminuant les
frais de l'hôpital. Il faut étudier comment les autres frais
pourraient diminuer, notamment les frais de transport et la perte de ressources
dans d'autres itinéraires de santé, surtout pour les cas de
stérilité où ont été notées des
sommes très importantes dépensées pour le
guérisseur : « 50.000 f CFA ; 7 chèvres,
etc. ».
Les patients se sont également plaints des "à
côtés" à donner au personnel soignant de
l'hôpital.
3.3.1.3- Qualité de la communication
Vingt deux patients des 45 référés (soit
49%) disent comprendre pourquoi ils ont été
référés. Virtuellement 51 % des patients mentionnent donc
ne pas comprendre les raisons de leur référence. Ils
disent : « Il m'a dit simplement que je devrais aller, donc je
suis parti ». Seulement 18 (40%) sur 45 affirment qu'ils ont eu des
explications spécifiques.
Trente-cinq patients (78%) sur 45 disent qu' « il
faut obéir » à l'infirmier et 20 (44%) soutiennent
qu'ils étaient convaincus parce qu'ils estimaient leur état de
santé grave et 9 (20%) sur 45 disent que c'était eux-mêmes
qui voulaient partir. Cette opinion illustre la relation plutôt
autoritaire entre l'agent de santé et le patient.
Cette situation explique au moins partiellement la
réticence des patients à parler de l'attitude des infirmiers. Ils
préfèrent rester neutres si des questions sont posées sur
l'influence d'une référence sur le prestige de l'infirmier.
Néanmoins on n'a pas l'impression q'aux yeux du patient, l'infirmier
perdrait de prestige quand il réfère un patient ou qu'il serait
jugé incompétent. Les patients se sont plaints
particulièrement du comportement du personnel soignant au CHD.
La relation entre agent de santé et patient est
plutôt autoritaire et hiérarchique. L'infirmier ne fournit aucun
effort notable pour briser cette relation de dépendance et essayer de
rentrer dans un dialogue de négociation entre adultes.
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