3.3- interviews des patients
Les cent patients interviewés se répartissent
comme suit: 47 référés, 36 auto
référés et 17 cas de refus. Les patients
référés et les auto-références ont
été interviewés au CHD. Les rencontres avec les patients
qui avaient déjà refusé la référence se sont
réalisées aux villages des patients. Pour certains CSI, il est
plus facile grâce à la disponibilité de moyens de transport
ou l'accessibilité géographique, pour référer les
patients directement vers Tahoua (Mogheur, Affala, par exemple). Ceci explique,
en dehors des patients qui n'ont pas respecté la
référence, qu'il existe plus de fiches de référence
que de patients soumis à une interview. Durant la période de
l'enquête, l'enquêteur s'est absenté quelquefois du CHD pour
superviser les infirmiers dans les CSI. A ces occasions aussi, quelques
patients ont été ratés pour l'interview.
L'interview des patients envisage de mieux comprendre les
barrières que pose une référence, ainsi que les conditions
et les moyens déployés par le patient pour accepter la
référence. En même temps, l'interview permettra de comparer
l'opinion du patient individuel à celle de l'infirmier ou de la
communauté.
Parmi les 100 patients, seulement 24 ont le niveau de
l'école primaire, 4 sont alphabétisés et les 72 autres
restants sont sans instruction.
Parmi les patients interviewés, 8 vivent à
Tahoua (8 %). Puisque ces patients n'ont ni de frais de transport à
payer, ni le problème de nourriture, ni trop de peur de l'inconnu, une
référence vers le CHD pose sensiblement moins de problèmes
pour eux.
3.3.1 Les barrières
En analysant les barrières imposées par le
système de référence à travers l'opinion des
patients qui ont accepté la référence, un danger
d'introduire un biais se pose, puisqu'il s'agit ici de personnes qui ont su
vaincre les barrières. Pour ceux qui ont refusé la
référence, les mêmes barrières pourraient être
estimées insurmontables, mais elles pourraient être d'une autre
nature aussi. Par exemple, les maladies dites `traditionnelles' se
présenteraient beaucoup moins au centre de référence que
les maladies pour lesquelles l'hôpital est connu donner une
réponse adéquate.
3.3.1.1- Le séjour au CHD
Seulement 30 patients ayant séjourné au CHD sur
les 83 (référés et autoréférés), soit
(36%) , déclarent ne pas être satisfaits de l'accueil dans la dite
institution. Toutefois 16, soit 19%parlent quand même des longs temps
d'attente pouvant aller de 3 à 6 heures. 40 (48%) sur 83 des patients se
plaignent de l'absence de nourriture à l'hôpital, ce qui les
oblige à en acheter, d'où évidemment le coût
élevé du séjour. Cette barrière est
évoquée principalement par les patients qui n'ont pas de parents
dans la ville à Tahoua et qui ne peuvent donc pas se faire aider.
La grande majorité des patients (60, soit 72%) jugent
exorbitants les tarifs au CHD. "C'est cher pour nous les pauvres, il faut faire
des tarifs spéciaux pour les pauvres". Toutefois, certains patients
ayant l'expérience de l'Hôpital National les trouvent abordables.
Du point de vue de la crédibilité de
l'hôpital de Référence, la question s'est posée aux
patients de savoir si la référence au niveau de l'hôpital a
pu résoudre leur problème de santé. 45 sur 83 patients
interviewés se disent satisfaits des traitements reçus et
répondent qu'ils vont mieux. Parmi les 38 (46%) personnes qui n'ont pas
vu une amélioration se trouvent 8 cas de stérilité. Ceci
pourrait affecter la crédibilité de l'hôpital et jouer sur
l'acceptabilité de la référence en
général.
Cinquante patients sur 83 (60%) déclarent avoir un
`tuteur' au niveau de la ville de Tahoua. Ce sont ces tuteurs qui les
nourrissent à l'hôpital pour la plupart. Les autres (40%) qui
n'ont pas de tuteur à Tahoua indiquent qu'il s'agit d'une situation
angoissante et qu'ils « se contentent des restes de nourriture des
voisins hospitalisés ». Le système de santé au
Niger prévoit que les patients soient nourris par l'hôpital. Mais
pendant toute la période de l'enquête, l'hôpital ne
disposait pas de nourriture à offrir aux malades. Même si le
système prévoit une cuisine au sein de l'hôpital, il n'y a
pas d'infrastructures pour abriter des accompagnants avec des facilités
pour organiser la cuisine. C'est ce même groupe (n'ayant pas de tuteur et
la possibilité de manger convenablement) qui ne bénéficie
pas de la solidarité villageoise, jugée très importante
psychologiquement pour les malades.
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