3.2.3. Difficultés rencontrées lors d'une
référence
En général, l'ensemble des agents de
santé interviewés indiquent que le transport et les coûts,
directs et indirects, liés à une référence
représentent les principaux obstacles pour l'acceptabilité de la
référence par le patient. En deuxième lieu sont aussi
évoqués, comme difficultés, les facteurs culturels (cadre
d'explication de la maladie, `iska', génies, etc.), les
difficultés de communication avec le centre de référence
(pas de radio la nuit et pendant les fins de la semaine). Comme facteurs moins
importants ont été cités le rôle de la famille et
l'influence de la saison : les gens attendent la fin de la saison
pluvieuse pour se faire soigner.
En général, les analyses faites par les
infirmiers correspondent remarquablement avec ce que la population a
évoqué à ce sujet.
Selon 18 infirmiers sur 21, dans les références
d'urgence, le problème de refus du patient ne se pose pas. Cinq se
rappellent un exemple concret et ont reconnu que parfois ils sont
confrontés à un refus de la part du patient aussi en cas
d'urgence. Un infirmier a raconté l'histoire d'une femme en travail, qui
a suivi d'abord un traitement traditionnel pour des difficultés de
couche. Quand elle est arrivée au niveau du CSI elle a refusé
initialement la référence. Elle s'est fait convaincre seulement
à la dernière minute et elle est décédée
avant son arrivée au CHD. Un autre a raconté l'histoire d'un
enfant souffrant de la méningite qui ne peut pas être
référé parce qu'on ne trouve pas quelqu'un pour
l'accompagner. Trois agents ont déclaré qu'ils n'ont jamais
été confrontés à un refus de la part du patient.
Parlant spécifiquement de la référence
à froid, seulement 7 sur 21 affirment que c'est facile de convaincre les
patients d'accepter une référence. Parmi eux, deux ont
déclaré que ce n'est qu'au moment d'une complication que les
patients acceptent la référence à froid, ce qui contredit
leur déclaration initiale. Cinq indiquent que ce n'est pas du tout
facile et rapportent des cas concrets comme par exemple une vieille femme qui
est tombée dans un puits et qui est finalement
décédée au village, ou encore une femme avec un
traumatisme de l'épaule qui a refusé la référence
et qui s'est présentée de nouveau après avec une
nécrose du bras.
Quatre infirmiers ont indiqué que devant eux le patient
ne refuse jamais, mais qu'après il ne respecte pas la
référence.
L'ignorance et les croyances traditionnelles sont souvent
évoquées aussi comme raison de refus (10 sur 21 ou 48 %). Quatre
agents évoquent aussi l'absence `d'un tuteur' au niveau de Tahoua. Ces
raisons recoupent celles que la population a mentionnées pendant les
focus groups.
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