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Les déterminants du faible taux de référence des CSI (centre de santé intégré) ruraux vers le CHD (centre hospitalier départemental), dans le district sanitaire de Tahoua, zone d'intervention du projet ALAFIA/GTZ au Niger.

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par Idrissa CHEIFOU
Université Abdou Moumouni de Niamey Niger - Maà®trise en sociologie 2003
  

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3.2.2.7. - Connaissance des agents de santé sur les coûts de la référence pour le patient

Pratiquement 100 % des agents connaissent les tarifs de l'ambulance pour leur CSI. Quant aux tarifs d'une hospitalisation et les coûts qui y sont liés, 10 agents déclarent ne pas savoir ou donnent un chiffre largement en dessous de la réalité.

Les frais du transport, des médicaments, de la consultation, de l'hospitalisation ou de la nourriture sont souvent mentionnés. Seulement 3 agents mentionnent aussi le logement (du patient ou des accompagnants) comme poste de dépense, une seule personne pense au retour du patient (un poste important pour la population : voir les focus groups) et une autre encore pense à la corruption.

3.2.2.8 - La qualité de la relation avec les patients lors d'une référence

La communication est un élément déterminant dans la relation infirmier-patient. En matière de référence, cette communication doit comporter tous les éléments nécessaires pouvant convaincre le patient à adhérer à la proposition de l'infirmier, de l'orienter vers l'hôpital. Ces éléments sont entre autres : les raisons de la référence, la préparation psychologique, l'information de la famille, la tentative de convaincre en cas de refus, la crédibilité de l'hôpital, l'évolution de la maladie, les aspects financiers et les procédures à l'hôpital.

Sur les questions ouvertes : « Qu'est-ce que vous dites aux patients lors d'une référence ? », les réponses sont très uniformes, qu'il s'agisse d'une référence d'urgence ou à froid. La grande majorité indique « qu'on ne peut pas traiter localement ». Ceci peut se présenter aussi sous forme de besoin d'un examen supplémentaire. Six infirmiers associent la chirurgie à la nécessité de référer, indiquant ainsi que pour les autres raisons ils ne réfèrent pas (ou très peu). Parmi eux, un agent a confirmé qu'il ne réfère que pour des cas de chirurgie. Deux infirmiers sur 21 associent une référence d'urgence à une mise en observation d'abord, 4 à une référence à froid. Deux infirmiers citent spontanément qu'ils font peur aux patients lors d'une référence à froid.

Deux fois le risque est évoqué comme sujet de conversation lors d'une référence à froid. En dehors de cela, aucun autre sujet n'a été mentionné spontanément, indiquant que la communication entre le patient et l'infirmier est minimale et très peu systématisée et consciente.

« Ton cas est plus fort que moi, je vais te donner un papier pour partir à l'hôpital ».

« Je t'ai consulté, j'ai vu que c'est un cas chirurgical, ici, je ne peux rien, si tu es intéressé, je te remets un papier pour aller à l'hôpital ».

« Ton cas est une urgence, si tu es prêt, je vais appeler l'ambulance, pour vous amener à Tahoua. »

« Je vais t'envoyer à Tahoua car moi, je ne peux rien, si tu refuses, ça fait ton problème, dans tous les cas, c'est ta santé. »

Exemple 4

Cas d'une femme ayant eu un problème d'accouchement.

Admise avec saignement, dans un centre de santé un lundi vers 21 H, son problème persistait jusqu'au lendemain matin jour de notre passage dans le dit centre de santé. Après plusieurs tentatives et la complication de la situation, l'infirmier décida de référer la patiente et ses parents vers l'hôpital en leur disant : « Moi j'ai fait de mon mieux. Toutefois, il n y a pas eu de succès. Maintenant je vais vous envoyer à l'hôpital, il ne faut pas hésiter à aller, dans votre intérêt. Je n'ai pas le temps de vous négocier car, j'ai d'autres choses à faire. Si vous refusez de partir, ça fait votre problème... »

11H,jour de notre passage dans le CSI. L'infirmier ayant fait de son mieux, en vain, proposa de manière expéditive à cette femme et à ces parents la référence vers l'hôpital, en ces termes : « Moi, j'ai essayé, ça n'a pas marché. Préparez-vous à aller à l'hôpital, autrement, et toi et le bébé vous allez périr car, vous avez de l'argent vous ne voulez pas dépenser, en tout cas la balle est dans votre camp, je n'ai pas le temps de vous négocier, j'ai d'autres choses à faire... » 

Exemple 5

C'est aussi l'exemple d'une femme qui a fait 48h de travail dont 24h au village situé à une dizaine de kilomètres du CSI et 24h au CSI situé à 99km de l'hôpital de référence. Lorsque l'infirmier avait reçu et observé cette femme, il n'avait pas fait cas à ses parents et son mari de son incapacité à résoudre leur problème et s'est contenté seulement de leur proposer d'aller à Tahoua en ces termes : « Apparemment, ça n'évolue pas beaucoup vous allez essayer de partir à Tahoua voir ce qui va se passer ... ». Etant à son neuvième accouchement, cette femme et ses parents avaient du mal à comprendre pourquoi cette référence, alors même qu'elle a toujours accouché au village ou au CSI. C'est l'équipe de recherche

qui a finalement pu les convaincre à accepter de se rendre à Tahoua. Admise à la maternité, vers 3h du matin, la femme a subi une césarienne pour une grossesse gémellaire dont un bébé déjà mort.

Ce n'est que dans la question guidée qu'ils confirment qu'ils expliquent aux patients les raisons de la référence, qu'ils impliquent la famille et qu'ils parlent des aspects financiers ou des procédures au niveau de l'hôpital. Seulement 3 agents essayent de rassurer le patient lors d'une urgence et 6 pendant une référence à froid.

Dix-sept agents déclarent « essayer de convaincre le patient » en cas de refus de la référence. Un dit qu'il « oblige le patient », un répond  qu'il « donne le bulletin de référence et le reste est son (le patient) problème ». Sept sur 21 affirment qu'ils font signer un certificat de décharge, parmi eux un déclare qu'il exige le papier seulement après avoir tenté de convaincre le patient.

Pour convaincre le patient d'accepter une référence, 14 évoquent le risque avec le patient, 6 agents disent faire peur aux patients, 6 autres déclarent qu'ils essayent de rassurer le patient (« L'hôpital ne tue pas »). Personne n'a cherché à comprendre le refus. Un agent dit « essayer de convaincre » le patient à travers la famille en ajoutant que « c'est souvent la famille qui fait obstacle ». Un autre agent affirme qu'il dit en cas de référence à froid au patient « qu'il ne faut pas attendre jusqu'à ce que ça se complique parce que la prise en charge sera beaucoup plus chère à ce moment ».

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore