3.1.4- Les facteurs liés à l'hôpital de
référence et la qualité des soins
En dehors des freins financiers déjà
mentionnés, le mauvais accueil à l'hôpital et la corruption
étaient les plus fréquemment mentionnés comme des freins
pour utiliser l'hôpital et donc pour accepter la
référence.
« A l'hôpital l'accueil n'est pas comme au
CSI ; ici les infirmiers et les manoeuvres n'ont aucun respect à
l'égard des malades. Au CSI, les infirmiers se montrent très
ouverts envers nous. »
« A l'hôpital, pour être bien vu il
faut connaître quelqu'un et disposer de l'argent pour corrompre les
infirmiers, sinon même disposer d'un lit vous sera très
difficile. »
La qualité des soins n'était pas mise en
question explicitement par la population pendant les discussions. De l'autre
côté, en général, elle n'estimait sa performance pas
mieux qu'au niveau des CSI. Le gradient technique évoqué souvent
par la santé publique ne semble pas exister dans l'esprit des gens de
Tahoua.
« Hospitaliser un patient, c'est le droit de
l'infirmier car ça relève de sa compétence, il est un
agent de santé au même titre que ceux qui travaillent à
l'hôpital. C'est le manque de matériels et de médicaments
qui l'oblige à envoyer les patients à l'hôpital, si non ses
collègues de l'hôpital ne sont pas plus efficaces que lui. Nous
apprécions beaucoup ces hospitalisations. »
L'hébergement des accompagnants et la nourriture
étaient également mentionnés très souvent comme des
difficultés importantes. La « peur de l'inconnu » et
« l'angoisse » étaient évoquées par
presque la moitié des focus groups (voir aussi point 4).
« On ne veut pas aller à l'hôpital
de Tahoua, du fait du problème d'hébergement. En effet,
là-bas si tu n'as personne tu as toutes les difficultés à
y séjourner. Il y a également le problème de
nourriture. »
«Dés qu'on nous parle de l'hôpital,
c'est l'angoisse qui se lit sur nos visages car nous nous disons que le cas est
grave. Nous hésitons à y aller parce que nous ne sommes pas
habitués au milieu, on ne sait quel genre de personnes on va
rencontrer. »
3.1.5 - L'angoisse et la référence
Presque dans tous les focus groups, les femmes, un peu plus
que les hommes, ont décrit la référence comme un
événement émotionnel. « La
référence, c'est la mort ». Sur la question `Qu'est-ce
que vous sentez en cas d'une référence ?', l'angoisse
était le plus souvent mentionnée. L'émotion est donc un
facteur important lors d'une référence ce qui sera important
comme observation en discutant la qualité de la communication entre
l'infirmier et son client.
D'autres expriment le même sentiment un peu moins
extrême en indiquant « la peur pour
l'inconnu » et la mauvaise communication avec le personnel
de l'hôpital, dans le sens qu' « ils reçoivent peu
d'explications » et qu' « ils ne comprennent pas
les procédures » (avec le risque d'être
insulté).
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