Histoire communiquée par l'infirmier du CSI de
...
3.1.3.3- Les croyances sur certaines maladies comme
obstacle à la référence
Tous les groupes de discussion ont
énuméré des maladies `traditionnelles' pour lesquelles ils
ne consultent pas le système de santé moderne. La population a
mentionné : l'épilepsie, les conditions psychiatriques, les
jaunisses, les maladies des yeux, les maux de ventre, les
« hémorroïdes » internes et externes, les
dysenteries, « iskas » (génies) les maladies des
« côtes », etc.
Il serait imprudent de penser que ces maladies correspondent
aux catégories de maladies reconnues par la médecine moderne. Les
traductions donnent la fausse impression que la population et le patient
parlent le même langage. Les hémorroïdes `traditionnelles'
couvrent certains cas d'hémorroïdes `modernes', mais sûrement
aussi des cas d'amibiases et d'autres maux de ventre comme par exemple des
grossesses extra-utérines. La population faisait aussi allusion à
l'utilisation de « décoctions » utilisées
comme remède de maison.
« Ici, si un membre de la collectivité
tombe malade, nous nous adressons d'abord au marabout du village ou toute
personne censée avoir une qualification dans le traitement
traditionnel car, vous même, vous savez que certaines maladies sont
liées aux forces surnaturelles, la médecine moderne ne peut rien
».
« L'infirmier a l'habitude de
référer des malades à l'hôpital, mais on revient
à la maison pour faire le traitement traditionnel ; chose que nous
avons héritée de nos ancêtres et ça marche
très bien ».
« Le recours au guérisseur traditionnel,
même demain on le fera car c'est aussi efficace. »
Ces croyances ne devraient pas être perçues comme
des obstacles absolus. Certaines maladies ne peuvent objectivement pas
être prises en charge par la médecine moderne telle que
l'hépatite B. Mais tous les cas de jaunisse ne sont pas les mêmes
et la population risque de consulter pour une jaunisse suite à un
paludisme compliqué, le même guérisseur.
Régulièrement, il existe aussi des `trous' dans les soins offerts
par le système moderne comme ce cas observé dans le CSI de Kalfou
dans le district sanitaire de Tahoua.
Exemple N°3
Pour la troisième fois en quelques semaines,
une patiente était amenée par la famille au CSI. Elle se trouvait
chaque fois dans un état épileptique.
La troisième fois, l'infirmier insistait
auprès de la famille de ne plus revenir avec cette patiente, parce qu'il
ne pouvait rien lui offrir de toute façon...
Observation directe dans le CSI de
K..
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