3.1.2- L'acceptabilité d'une
référence
Avec `acceptabilité d'une référence', on
veut indiquer ici seulement le fait que oui ou non, le patient accepte que
l'infirmier du CSI lui communique une référence. Accepter une
référence, dans l'esprit du patient, ne signifie donc
guère que la référence sera réalisée dans le
sens que le patient se présentera effectivement au deuxième
niveau des soins.
La population indique unanimement que chaque proposition de
référence par l'infirmier en principe est acceptée.
L'infirmier a pleinement le droit et il n'y a que peu de personnes qui
mentionnent que l'infirmier pourrait être de mauvaise volonté.
Cette acceptabilité est étroitement liée avec un sens de
relation hiérarchique entre le patient et l'agent de santé.
Refuser serait vu comme un manque de respect pour « l'autorité
dans la matière » qu'est l'infirmier du CSI. Les discussions
n'ont pas pu révéler jusqu'à quelle hauteur l'infirmier
est vu comme un représentant autoritaire de l'Etat et/ou un reliquat
d'un ancien système de colonisation, comme le font ressortir certaines
études anthropologiques. L'impression est néanmoins que
l'infirmier en général est bien accepté pour ses
compétences mais la population réalise en même temps
qu'elles sont nécessairement limitées. L'autorité de
l'infirmier se trouve illustrée dans l'expression « qu'il
faut obéir », mentionnée plusieurs fois.
Accepter la référence ne signifie pas que la
référence soit respectée. Dès que l'infirmier
propose une référence, la personne en question se réalise
les conséquences liées à cette référence.
Ceci explique les raisons pour lesquelles « la
référence n'est jamais refusée », le patient
peut facilement argumenter avec l'infirmier pour insister qu'il tente d'abord
encore un autre traitement. Dans la plupart des focus groups, une discussion
avec l'agent de santé sur l'option de rester au niveau du CSI est
considérée comme toute naturelle.
Accepter une référence n'est pas contraire non
plus à consulter d'abord le guérisseur traditionnel avant de
consulter à l'hôpital de référence. Puisqu'une
référence est la conséquence d'un échec et n'a rien
à voir avec la continuité des soins ou la notion d'une
hiérarchie, il n'existe pas de raison dans l'esprit du patient pour
qu'il favorise un système de santé sur l'autre. Il a donc
tendance à `consommer les services de santé' selon ses croyances
mais aussi en suivant la voie avec la moindre résistance. Si le
guérisseur se trouve à côté, il tentera sa chance
d'abord avec lui, avant de se jeter dans une grande aventure, telle qu'un
voyage de 50 jusqu'à 150 km dans un endroit souvent peu ou pas connu.
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