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Les déterminants du faible taux de référence des CSI (centre de santé intégré) ruraux vers le CHD (centre hospitalier départemental), dans le district sanitaire de Tahoua, zone d'intervention du projet ALAFIA/GTZ au Niger.

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par Idrissa CHEIFOU
Université Abdou Moumouni de Niamey Niger - Maà®trise en sociologie 2003
  

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III- LES RESULTATS DE L'ETUDE

3.1- focus group sur le systeme de reference

Une analyse des focus groups présente toujours quelques difficultés (voir chapitre sur la méthodologie). Un focus group est constitué d'individus qui peuvent avoir des opinions différentes, voire contradictoires entre eux. On parle donc de tendances qui existent dans une population plutôt que d'une opinion de la population qui par définition n'existe pas. Si les focus groups pouvaient révéler que la population ne voit pas une hiérarchie entre les échelons de soins, ceci ne veut pas dire qu'il n'existe pas d'individus de cette communauté qui comprennent très bien cette hiérarchie et que peut-être ils l'ont même bien exprimée pendant les focus groups. Dans le texte les phrases entre guillemets «   » indiquent des expressions littérales de la population.

Les exemples donnés dans le texte, soit après observation directe, soit à travers des interviews des infirmiers et des patients doivent renforcer l'analyse des focus groups.

Les focus groups ont toujours démarré avec quelques questions introductives, telle que la description des problèmes de santé auxquels la population est confrontée. L'environnement sanitaire des populations interviewées est caractérisé par les pathologies suivantes : la fièvre, les infections respiratoires aiguës, les diarrhées et les vomissements, la dysenterie, la conjonctivite, les maux de tête, des cas de méningite, de tuberculose et d'autres problèmes comme ceux de l'eau potable, d'accouchement et de médicament.

3.1.1- La compréhension du système de référence et de l'échelonnement du système sanitaire par la population

Plusieurs questions dans les focus groups faisaient allusion à la compréhension de la population par rapport au système de référence :

Ø Question 2.1 : Que pensez-vous de la référence ?

Ø Question 2.2 : Pourquoi l'infirmier réfère-t-il quelquefois un patient ?

Ø Question 2.3: Est-ce que l'infirmier de votre CSI hospitalise des patients à son niveau?

Ø Questions 2.4 et 2.5 Si oui, est ce que vous trouvez qu'il y a une différence avec une hospitalisation au niveau de l'hôpital ? Comment est ce que vous appréciez ces hospitalisations?

En général, la population comprenait très bien la réalité pour laquelle il était impossible de décentraliser les services hospitaliers au-delà d'un certain point.

Elle acceptait la différence entre un centre de santé et un hôpital et la nécessité de référer parfois un patient d'un niveau à l'autre, même si elle exprimait en même temps les nombreuses difficultés liées à une référence.

Ce constat assez évident fait par la population par rapport aux infrastructures sanitaires physiques, était au moins partiellement contrarié par leur attitude envers le personnel. Il était clair que pour une bonne partie de la population, les infirmiers étaient considérés comme « aussi compétents que les médecins » (ou le personnel en général) au niveau d'un hôpital. Cependant les infirmiers aux CSI ne disposaient pas de tous les moyens pour aider les patients. Le gradient intellectuel ou technique entre les infirmiers au CSI et les médecins au niveau de l'hôpital n'était pas ou peu reconnu.

« L'infirmier doit toujours tenter quelque chose avant de référer un patient ».

« L'infirmier (du CSI) est compétent, mais manque des médicaments »

En langue locale, le médecin et l'infirmier sont indiqués avec le même mot (« Likita ou lakotaro » en Hausa). Certaines personnes indiquent qu'il existe une différence entre les personnes en capacité de traiter certaines maladies. Mais apparemment, ceci n'est pas vécu comme une hiérarchie. Ils indiquent que parmi les guérisseurs aussi, il existe différentes spécialités et compétences et si un guérisseur ne trouve pas la solution, il peut demander de consulter un autre guérisseur.

«  Chacun a son niveau de connaissance, comme le dit le proverbe suivant : même le patron a son patron ».

La référence n'est donc pas vécue non plus par la population comme une continuité dans les soins. La contre-référence, bien que pas étudiée spécifiquement ici, ne rentre pas dans cette logique de différents `guérisseurs' l'un à côté de l'autre, sans différence hiérarchique et la référence est quand même vécue comme un échec, bien que la question de culpabilité ne se pose pas du tout. La référence rentre plutôt dans la logique que chaque être humain est limité et que chaque personne dispose de ses capacités spécifiques pour aider. Ceci pourrait avoir des conséquences sur la perception de la qualité de la communication lors d'une référence. S'il s'agit d'un simple échec, l'infirmier n'est peut-être pas sensé donner beaucoup d'explications. Le niveau de référence n'a qu'à essayer son propre bilan et traitement.

Ce manque de hiérarchie apparaît aussi quand la question sur les `lits d'hospitalisation' au niveau du CSI est abordée. La population ne voit pas clairement une différence entre des `lits d'hospitalisation' au niveau du CSI et du centre de référence ( ici le CHD). Les lits servent essentiellement à faciliter la vie du patient, donc à réduire les distances à parcourir pour accéder au traitement. Un lit correspond donc à la notion de donner un logement au patient. La mise en observation et les soins intensifs n'ont pas été mentionnés comme des raisons pour une `hospitalisation'.

« C'est pour éviter les déplacements que l'infirmier hospitalise des patients à son niveau »

La population n'a pas fait spontanément et explicitement une analyse des coûts et du coût-efficacité pour expliquer la raison d'être d'un système de référence. Bien qu'elle comprenne tout de suite qu'il n'y a pas assez de ressources financières pour construire des hôpitaux partout, une analyse sur les coûts récurrents n'est pas faite. Ceci ne veut pas dire que la population ne comprendrait pas qu'une césarienne coûte plus chère qu'un simple traitement de paludisme, mais elle n'implique pas automatiquement la logique des coûts dans sa compréhension du système de référence et ses raisons d'être.

«  L'infirmier du CSI envoie les patients à l'hôpital quand le cas est plus fort que lui ».

« Certains patients sont orientés à l'hôpital, pour qu'ils retrouvent leur santé ».

Presque dans tous les focus groups, la population a traduit le système de référence aussi en termes négatifs : la référence devient nécessaire quand le matériel ou les médicaments (sous entendu que ces équipages devraient être disponibles au niveau du CSI) manquent. La référence devient à ce moment un acte pour remédier au dysfonctionnement du système sanitaire. Le manque ou l'absence du personnel était évoqué dans le même sens comme raison de référence. Cette compréhension négative d'une référence semble être renforcée par les explications souvent sommaires données par l'infirmier lors d'une référence en disant « qu'il n'a pas le produit qu'il lui faut ».

«  C'est le manque du matériel ou des produits nécessaires qui pousse l'infirmer à envoyer certains patients à l'hôpital ».

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery