I- CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE
1.1. Cadre théorique
1.1.1. Problématique
La décentralisation des systèmes de santé
nationaux dans les pays en voie de développement a conduit à
l'avènement du système de santé de district.
Ce dernier est généralement composé de
deux niveaux opérationnels : le premier niveau comprenant les
formations sanitaires à l'échelon de la communauté, (les
dispensaires, les centres de santé intégrés, les cabinets
privés) et le niveau secondaire, avec un ou plusieurs hôpitaux.
Ces deux niveaux doivent fonctionner de manière
interdépendante afin que le système soit efficace et puisse
assurer la continuité des soins entre ses différents
échelons.
Au Niger, et particulièrement dans le district
sanitaire de Tahoua, zone d'intervention du projet Alafia- GTZ (Promotion de la
santé de la mère et de l'enfant), les responsables du dit Projet
ont observé que cette continuité des soins n'était pas du
tout satisfaisante. En effet, en dépit de l'équipement des
centres de santé ruraux d'un système de radiophonie qui les
relie à l'hôpital de district, d'une ambulance qui facilite les
évacuations des patients en cas d'urgence d'une part, et de multiples
formations données aux infirmiers sur les SPT d'autre part, trop peu de
patients sont référés du premier vers le deuxième
échelon (hôpital) : environ 0,98% des nouveaux consultants
(plan annuel de développement sanitaire de Tahoua).
Comparativement à d'autres régions d'Afrique
(Zambie, Zimbabwe) où le taux de références sanitaires est
d'environ 2% en milieu rural et 5% en milieu urbain, ce taux est assez
faible.
Cette situation de faible référence,
observée dans le district cité plus haut, ne va pas sans poser de
problème : celui de la sous- utilisation de l'hôpital de
district.
Face à ce problème, quelques questions,
auxquelles des tentatives de réponses seront apportées,
méritent d'être posées.
Comment les acteurs de la référence (les
prestataires de soins, les populations et/ou les patients)
appréhendent-ils le problème ? Ont-ils une part de
responsabilité par rapport au phénomène ?
Quels peuvent être les obstacles pour les populations
et/ou les patients à l'adhésion à la décision de
référence faite par les infirmiers dans les CSI ?
Au regard de cette série de questions, quelques
hypothèses peuvent être formulées en guise de
réponses provisoires.
1.1.2. Hypothèses
La défaillance de la relation des infirmiers avec les
patients (la qualité de la communication n'est pas bonne) les
empêche de les convaincre pour accepter une référence. Ils
craignent de perdre la face en référant des patients et/ou
espèrent augmenter leur prestige vis à vis de la population
à travers les hospitalisations dans les CSI, acte ne relevant pas de
leur compétence.
Les populations préfèrent recourir beaucoup plus
aux guérisseurs traditionnels qu'aux formations sanitaires de leur
niveau. Elles ne comprennent généralement pas les enjeux d'une
référence et affichent leur préférence pour les
hospitalisations dans les CSI.
Certains patients, du fait de leur perception de
l'hôpital comme centre supérieur préfèrent
s'auto-référer. D'autres, pour des raisons diverses,
n'adhèrent pas à la proposition de référence faite
par les infirmiers.
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