SECTION II : REVUE DE LA LITTERATURE
PARAGRAPHE I : Littératures sur l'offre et
la demande d'un bien
1. Déterminants de la demande des produits
alimentaires
Selon la théorie économique le prix, le revenu
et les préférences des consommateurs, sont les principaux
facteurs qui déterminent la demande d'un bien. Mais en
réalité, les facteurs démographiques conditionnent
également pour une grande part la demande de consommation au niveau du
ménage. C'est pourquoi de nombreuses études portant sur la
demande des biens alimentaires incorporent dans le modèle final les
facteurs socio-démographiques (Savadogo et al, 1988 ;
Savadogo, 1990, Koffi-Tessio, 2002, Chern et al, 2002).
Les variables démographiques souvent prises en compte
sont : éducation, composition du ménage par âge et par
sexe, état matrimonial, occupation.
Savadogo (1990) a montré que la composition par
âge et par sexe a un effet significatif sur la demande du riz en Sierra
Léone. Selon son étude, la présence de femmes
âgées de 35 à 64 ans dans les ménages
libériens a un rôle positif sur la consommation du riz local,
tandis que celle de femmes plus jeunes (13-34 ans) et d'enfants d'âge
moyen influe positivement sur la consommation du riz importé.
Savadogo et al (1988), montre également que le revenu,
l'éducation, la taille et la composition des ménages sont les
facteurs qui déterminent, la consommation des biens alimentaires et non
alimentaires des ménages au Burkina Faso.
Lançon et al (2002) dans leur étude sur la
qualité et compétitivité des riz locaux et importés
sur les marchés urbains ouest africains ont montré que la classe
de revenus n'est plus un déterminant de la consommation du riz. Selon
ces auteurs, le riz est devenu un bien ordinaire largement consommé par
presque toutes les couches de la population ouest africaine. Ils pensent que
cette rigidité croissante des comportements des consommateurs urbains
ouest africains par rapport à leur consommation de riz limite la
portée des politiques d'ajustement de l'offre à la demande
reposant uniquement sur des changements de prix relatifs. Ils estiment que
d'autres mécanismes d'ajustement sont à l'oeuvre sur le
marché et qui limite ces politiques. Les enquêtes faites au
Nigeria et en Côte d' Ivoire montrent que le prix n'est qu'un
déterminant parmi d'autres dans le choix des citadins entre riz
importé et riz local. À Bouaké, la capacité de
gonflement et la propreté sont apparues comme des facteurs
déterminants dans le choix de consommer des riz importés alors
que le prix n'est mentionné comme premier critère de choix que
par 30 % des personnes interrogées. Les auteurs précisent
que ces résultats ont été obtenus au moment où les
prix des riz importés étaient plutôt supérieurs
à ceux des riz locaux, même pour les riz importés de moins
bonne qualité. C'est dire que les consommateurs ivoiriens choisissent
entre les types de riz disponibles sur le marché en fonction d'une
série de critères autres que le prix ; selon cette
l'étude, ces critères peuvent être regroupés en
trois grandes catégories : (i) la qualité intrinsèque
du riz que sont les propriétés organoleptiques et physiques du
grain, particulières à chaque variété ; (ii)
les attributs de qualité acquis au cours du processus de transformation
et de commercialisation depuis le champ jusqu'à l'assiette du
consommateur comme la propreté, l'homogénéité, le
taux d'humidité qui est lié à la durée du
stockage ; et (iii) les attributs de marché que sont le prix et la
disponibilité. Par contre, au Nigeria, les propriétés
organoleptiques jouent un moindre rôle et les choix des consommateurs
sont essentiellement déterminés par les attributs de
marché (prix, disponibilité). Cette étude montre en fait
que la forte demande du riz importé n'est pas déterminée
par son faible prix relatif, mais par d'autres critères, notamment
sa relative qualité à la présentation.
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