3. LE SYSTEME DE MOUTURE DES GRAINS DANS LES
VILLAGES.
Cette présentation se base sur l'organisation que nous
avons trouvée dans les villages où nous avons mené nos
enquêtes : Toma, Koin, Nième, Sien, Sawa et Zouma (Cf. carte.
Annexe N°1). Mais, d'une manière générale le
système de mouture est le même dans tout le département de
Toma. Sont pris en compte ici les locaux, les heures de travail, l'ordre et le
rang, le rapport quantité-prix, et enfin l'organisation des mesures et
les stratégies des femmes.
a). Les locaux des moulins
Généralement, les locaux qui abritent les
moulins sont construits soit en banco avec des toits de terre battue ou
couverts de tôles, soit en semi-dur. Tandis que l'emplacement des moulins
des commerçants se situe dans leurs concessions, celui des moulins des
associations et GVF se trouve soit chez la responsable du groupement (comme
à Sawa et Zouma), soit dans une place publique choisie à dessein
(comme à Toma, Koin et Sien). Ces locaux sont généralement
de petites dimensions de 5,50 mètres sur 5,00 mètres (comme
à Koin). Un banc ou un hangar devant l'un ou l'autre moulin offre aux
femmes des commodités de conversation. Cependant, certains groupements
(comme à Sien et Nièmè) n'ont rien prévu dans ce
sens, laissant les femmes se débrouiller pour trouver ça et
là qui une pierre, qui un morceau de brique pour s'asseoir ; certaines
femmes s'assoient à même le sol, attendant leur tour de
mouture.
La question de l'emplacement du local d'un moulin
communautaire au village est souvent un véritable noeud de
vipères. Les nombreux problèmes que pose par exemple la
domiciliation chez la responsable de groupement finissent par aboutir à
un changement de lieu comme cela fut le cas à Sien. Ces
paramètres doivent être pris en compte dans l'analyse des
changements introduits par le moulin et de leur impact sur les femmes.
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Photo 7. Abri d'un moulin à
Nième avec citernes d'eau de refroidissement.
Photo Jn. P. KI. Nième, le 7/1/2000.
b). Les heures de travail
Notre enquête auprès des meuniers a
révélé que chez les commerçants, il n'y a pas
d'heure d'ouverture ni de fermeture des moulins. Tout se fait au gré du
meunier qui juge s'il y a une quantité suffisante de grains à
moudre pour ne pas tourner à perte. Certains ouvrent le matin et
d'autres l'après-midi ou même le soir selon leur emploi de temps,
lorsqu'il s'agit de l'hivernage. D'autres propriétaires, eux-mêmes
meuniers, n'ont pas de choix d'heure comme ce commerçant qui
déclare : « Chaque matin jusqu'au soir, tant qu'il y a de la
clientèle, mon moulin tourne ». Il faut signaler que ce manque
de fixation d'heures d'ouverture et de fermeture est tantôt à
l'avantage comme au désavantage des femmes. Dans les villages où
il n'y a qu'un seul moulin, les femmes doivent subir les caprices du
meunier.
Les GVF, quant à eux, essaient d'indiquer des heures
d'ouverture à leurs meuniers. A Toma, ces heures varient entre 8h et 10h
tandis que dans les villages environnants où la sollicitation est
moindre, c'est l'après-midi qui est indiqué (autour de 14h /
15h). Chez les GVF également il n'y a pas d'heure de fermeture. Le
moulin ferme après le dernier client de la journée. Il est clair
qu'un tel rythme de travail provoque la surchauffe du moteur dont la
durée de vie finit par en pâtir.
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