d). Système de parenté chez les Sanan.
Lévi-Strauss, dans ses études sur la
parenté, avait identifié des systèmes
élémentaires et des systèmes complexes de parenté
désignant le sens de l'alliance ou la classe où prendre son
conjoint. F.Héritier (1981 : 74) a pu identifier des systèmes
semi-complexes de parenté parmi lesquels elle classe le système
de parenté des Sanan qu'elle a étudié. Ces systèmes
semi-complexes sont des "systèmes de parenté (filiation et
alliance) qui signalent, au moyen de prohibitions explicites, les groupes
sociaux définis par rapport à Ego ou les classes de consanguins
par rapport au même Ego ou à un parent tiers, à
l'intérieur desquels il n'est pas possible de choisir son conjoint
(...). Sachant qui ne pas épouser, tout individu est libre
d'épouser qui il veut ailleurs". Contrairement à certaines
sociétés où les interdits matrimoniaux se limitent
à un certain nombre de degrés en ligne directe ou en ligne
collatérale, chez les Sanan
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ces interdits demeurent (du côté paternel comme
du côté maternel) sur plusieurs générations
jusqu'à oubli complet de l'origine commune. Cette rigueur de l'exigence
connaît, de nos jours, beaucoup de difficultés à cause de
la mobilité des gens.
Le système san de parenté est un
système segmentaire à lignages. Et comme Héritier (1994 :
160) le fait remarquer, il n'existe pas de clan au sens d' « association
qui dépasserait le cadre villageois en unissant des lignages qui
auraient même origine et même nom ». Cependant, une branche de
lignage peut décider d'aller s'établir ailleurs. De
manière générale, chez les Sanan tous ceux qui
appartiennent au même lignage se regroupent et forment ainsi un quartier.
On trouvera par exemple à Parpa (de Parè piè : le
domicile des Parè) tous ceux qui ont Paré pour patronyme et ainsi
de suite pour les Ki (Ki n piè), les Sô
(Sôpiè), Toé (Tonen piè), etc.
Signalons enfin que la filiation est patrilinéaire ;
les enfants n'appartiennent jamais au lignage maternel. En outre, la
résidence pour les femmes est virilocale. C'est ce qui explique que la
femme n'a pas droit à l'héritage paternel.
Dans la perspective de notre problématique, une telle
présentation permet au lecteur d'avoir non seulement une idée de
la société dont nous parlons (son organisation, ses modes de
production et ses réseaux de relations) mais encore de comprendre la
situation des femmes, échantillon majeur dans notre recherche.
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