II.C. L'ETHIQUE
II.C.1. CHANGEMENT DE COMPORTEMENTS DES
CADRES
D'après C. Prendergast, la rémunération
à la performance entraîne un changement de comportements des
cadres. Ils vont se focaliser sur les tâches récompensées
et délaisser d'autres obligations. En effet, les cadres effectuent de
nombreuses tâches et les mesures de performance ne peuvent pas prendre en
compte tous les aspects de leur métier. La bonne mesure de la
performance est primordiale pour que le système d'incentives soit
efficace. Sinon les cadres vont agir pour leur propre intérêt,
délaisser le travail d'équipe et ce comportement peut nuire
à l'entreprise à long terme.
II.C.2. MANIPULATION DE
L'INFORMATION
Les dirigeants produisent les résultats comptables et
financiers remis aux actionnaires qui servent de base à leur
évaluation dont dépend ensuite leur rémunération.
Or il s'agit d'un instrument de pouvoir mis entre leurs mains. C. Alcouffe
parle de « marge discrétionnaire des dirigeants ».
Les dirigeants ont connaissance des données exactes et pourrait les
dissimuler aux actionnaires afin de présenter par tous les moyens un
état favorable de leur performance au détriment de la
qualité de l'information. En d'autres termes, ils sont
évalués sur la base d'indicateurs qu'ils influencent ou
produisent eux-mêmes, ce qui n'est pas sain. Les actionnaires doivent
donc avoir un regard pertinent sur les informations fournies et les
connaissances nécessaires.
Le cas le plus emblématique est le scandale Enron qui a
fait faillite en 2001, suite à des pertes occasionnées par des
opérations spéculatives. Elles avaient étés
dissimulées par des manipulations comptables.
Ces défaillances soulèvent la
nécessité de contrôles réalisés par des
autorités indépendantes représentant un contrôle
fiable des données et qui n'auraient aucun intérêt à
influencer les résultats à produire. Dans l'affaire Enron,
l'auditeur des compteurs, l'entreprise Arthur Andersen a également fait
faillite n'ayant pas révélée ses manipulations.
Mais, comme l'explique Edith Ginglinger, dans
« L'actionnaire comme contrôleur », (Revue
française de gestion, pp39), « plus l'actionnariat
est dispersé moins le contrôle des dirigeants est
effectif » puisque les coûts de contrôle sont
élevés et supportés totalement par l'actionnaire qui le
met en oeuvre alors qu'il n'en bénéficiera qu'à la hauteur
de sa participation au capital. Au contraire, un actionnaire qui n'engage pas
d'efforts de contrôle ne supportera pas de coûts, et
bénéficiera des efforts des autres actionnaires. Ceci renvoie
à la théorie du passager clandestin.
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