6. EFFETS DES DEUX
APPROCHES SUR LES PRODUCTEURS
Les chapitres précédents nous ont permis de
connaitre les processus de prise de décision des producteurs dans leurs
exploitations en relation avec les approches d'appui. Nous avons pu situer la
place et le rôle de chaque catégorie de producteurs au sein des
différentes approches. Nous avons aussi présenté les
actions menées par les différentes approches ainsi que les
conditions dans lesquelles celles-ci ont été effectuées
à travers les relations entre les différents acteurs sur le
terrain particulièrement entre les producteurs et les conseillers. On
peut donc dire que les producteurs en CEF sont considérés comme
des partenaires au sein de leur structure d'appui par leur conseiller alors
qu'ils sont considérés comme des consommateurs passifs dans le
T&V.
Compte tenu des différentes réalisations
effectuées par les deux approches et des conclusions que nous avons
tirées des deux premiers chapitres de résultats, ce chapitre a
pour but de montrer les différents effets de ces réalisations sur
différents niveaux de la vie de l'exploitation. Les effets
abordés seront relatifs à trois niveaux dans l'exploitation
du producteur, dans son ménage et enfin au niveau organisationnel. C'est
aussi dans ce chapitre que nous allons apprécier la durabilité de
ces différents effets.
6.1. Dans
l'exploitation
6.1.1.
Regroupement des parcelles
L'analyse de la tendance des producteurs à regrouper
leurs parcelles en fonction de leurs réalisations s'est faite par
rapport à la comparaison dans notre échantillon, des proportions
qui ont tendance à regrouper leurs parcelles ou non. Voir graphique
n°1.
Figure n°2 : Position des parcelles
dans les champs des producteurs
Source Données d'enquête Kandi
2008.
Il ressort de ce graphique que 40% des producteurs en CEF
auraient tendance à regrouper leurs parcelles, ceci pour un meilleur
suivi contre seulement 10% dans le groupe des producteurs T&V. Cette
différence est due au fait que pour un meilleur suivi des
paramètres de l'exploitation comme la main-d'oeuvre et les assolements,
(notés par les producteurs en CEF), ceux qui avaient la
possibilité de regrouper leurs parcelles dans un même domaine
l'ont fait. Certains producteurs ont tout simplement hérité de
domaine en bloc.
6.1.2. Changement dans les
techniques de production
Tous les producteurs, toutes catégories confondues, ont
une bonne connaissance des techniques de production. Néanmoins on
constate que les producteurs en T&V appliquent très peu les
connaissances acquises sur ces techniques ; environ 9% seulement
appliquent les consignes relatives aux techniques de production contre à
peu près 60% chez les producteurs CEF. Cette différence ne se
situe pas au niveau des encadreurs ou des conseillers mais trouve son
explication dans le rôle joué par ceux-ci à
différents niveaux de la chaine de production.
1. Choix des spéculations pour les
producteurs T&V il n'y a pas un changement sensible au niveau du choix des
spéculations. Tel qu'on l'a constaté chez ces producteurs, le
choix des spéculations est fonction du prix du coton au cours de la
campagne actuelle, de la manière dont les fonds coton de la campagne
précédente ont été perçus, et de la crise
alimentaire de la saison passée. Chez les producteurs adhérents
au CEF il y a eu une modification dans le choix des spéculations en ce
sens qu'ils intègrent, en plus des données externes à eux
comme les prix des intrants, du coton et du maïs, leurs besoins
alimentaires et l'analyse technico-économique faite au niveau des
spéculations pour évaluer leur rentabilité. Les
producteurs CEF affirment que le choix des spéculations est fait en
tenant surtout compte de la rentabilité économique et de la
maitrise qu'ils ont des techniques de production relatives à la
spéculation.
2. La gestion des surfaces les producteurs CEF
disent qu'avec les conseils, ils ont tendance dans leur majorité (60%),
à regrouper leurs parcelles. Ceci s'explique principalement par trois
raisons
mettre et suivre correctement en oeuvre les règles de
l'assolement et de la rotation des cultures,
suivre les données relatives à l'utilisation
de la main d'oeuvre et des intrants,
pouvoir mieux suivre les différentes soles pour ne pas
avoir à parcourir des kilomètres afin de suivre les
paramètres cités plus haut.
Pour les 40% des adhérents CEF n'ayant pas
changé la gestion de leurs surfaces, ils affirment que cela est dû
au fait que les terres dont ils disposent sont héritées et qu'ils
n'ont pas d'autre option que de continuer à les exploiter quoique tenant
compte des règles liées à l'assolement. Pour les autres
producteurs, la dispersion des parcelles est importante en ce sens que cela
permet d'octroyer une certaine indépendance aux cadets encore membres
des Unités Domestiques de Production (UDP).
3. Les travaux mécaniques par rapport
aux travaux mécaniques, il est constaté que les producteurs en
CEF ont tendance à se regrouper pour utiliser les mêmes
équipements agricoles. Par exemple la majorité des producteurs en
CEF sans traction animale l'empruntent chez d'autres producteurs CEF. De
même, la seule Coopérative d'Utilisation du Matériel
Agricole (CUMA) rencontrée dans la zone d'étude n'est
constituée que de producteurs en CEF. Dans le cas où le
producteur en CEF ne possède ni bête ni charrue, il sait combien
il aura à dépenser pour la main d'oeuvre équivalente.
Ceci est dû au fait qu'ils ont de bonnes capacités dans la gestion
de leur temps parce qu'ils font des prévisions. Quant aux producteurs en
T&V ils ne font pas cas d'une amélioration dans les travaux
mécaniques dans la mesure où la majorité affirme avoir des
difficultés pour entretenir les bêtes qu'ils vendent en
période de soudure.
4. Maitrise des dates de semis et mise en oeuvre des
techniques culturales
Figure n°3 : Connaissance des
dates de semis et des itinéraires techniques
Source Données d'enquête Kandi
2008
Il ressort de la lecture de ce graphique que les producteurs
CEF connaissent mieux les dates de semis que ceux en T&V (CEF 90% contre
T&V 30%). Quant à la maitrise des itinéraires techniques,
elle est sensiblement la même au niveau des deux groupes. La raison
principale de cette différence est que les producteurs CEF notent dans
leurs cahiers les différentes dates auxquelles ils ont eu à
exécuter différentes opérations culturales, ils peuvent
donc à tout moment consulter leur cahier pour avoir une idée sur
les dates d'exécution des différentes opérations
culturales. Quant aux producteurs T&V, ils sont dépendants des dates
que viendra leur communiquer l'encadreur. Les 30% des producteurs T&V qui
ont une bonne connaissance des dates des opérations culturales et des
itinéraires techniques sont dans en majorité dans les villages
où est mis en place le CEF. Cette maitrise serait peut-être due
à l'interaction qu'ils ont avec les producteurs en CEF qui peuvent leur
communiquer les dates même si l'encadreur ne l'a pas encore fait.
5. Techniques de labour le tableau suivant nous
permet de comparer l'application des différentes techniques de labour
que sont le billonnage direct, le côrô et le labour
à plat suivi d'un semis au cordon.
Figure n°4 : Différentes
techniques de labour utilisées.
Source Données d'enquête Kandi
2008.
De la lecture de ce graphique, il y a presque autant (54%
contre 62,9%) de producteurs CEF que de producteurs T&V mettant en oeuvre
la technique du côrô. Cette technique a été
présentée dans le chapitre précédent. Par contre
s'agissant du labour à plat, on constate nettement qu'il y a une plus
grande proportion de producteurs CEF la mettant en pratique que de producteurs
T&V (34% contre 12,9%). Cette différence s'explique par le fait que
la seule CUMA dans la zone d'étude est constituée uniquement de
producteurs en CEF, ils ont plus accès au tracteur pour leur faire ce
labour très vite. En plus, il y a les contraintes liées à
l'application de cette technique déjà évoquées dans
le chapitre 5. En effet, elle nécessite d'avoir une très bonne
organisation, d'être capable de prévoir et de planifier. Quant au
billonnage direct il reste pratiqué en proportion très faible
quelle que soit la catégorie de producteur mais légèrement
moins pratiquée chez les producteurs en CEF (10 vs 20%) de notre
échantillon.
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