5.8. Discussions des
résultats et conclusion partielle
Les différents résultats obtenus nous permettent
d'apprécier le type de relations existantes entre le producteur et son
conseiller ou encadreur.
Dans un premier cas, nous avons pu voir le complexe de
supériorité existant entre l'encadreur et ses producteurs, ce qui
est contraire aux règles du partenariat. Nous avons pu constater la
méconnaissance qu'ont les encadreurs des besoins et problèmes
réels des producteurs. Nous avons pu souligner aussi que cette
méconnaissance n'est pas due seulement à l'encadreur mais aux
outils qui sont mis à sa disposition et le temps qu'il a pour les
utiliser. Une des conséquences est qu'en termes de renforcement des
capacités, on continue à renforcer les mêmes
capacités. Il s'agit d'une action répétitive sans analyse
préalable concernant le passé. il apparait donc une très
faible participation des producteurs. On pourrait à la limite parler de
participation passive. Pour Enter (1995) le concept de participation à
la mise au point et à la vulgarisation des innovations repose sur le
dialogue, l'expérimentation par les cultivateurs et le renforcement des
capacités des communautés rurales à s'organiser. Ainsi On
les considère comme conservateurs, réticents au changement et
ignorants de la dégradation massive de leur environnement. De ce fait,
on ne leur demande pas de contribuer à l'identification ou à
l'analyse des problèmes, ni à la recherche de solutions.
Il est aussi indispensable qu'on rappelle le manque de
responsabilisation tant au niveau des producteurs qu'au niveau des encadreurs
peut-être dû à cette relation d'assistant à
assisté et au complexe soulevé plus haut. Il est tout de
même important de rappeler que les aides reçues sous forme de
formation sont d'ordre technique et pas organisationnelles et il n'y a pas
d'outil permettant au producteur de faire son autodiagnostic afin de solliciter
des formations sur mesure. La conclusion d'Agoua (1987) à laquelle nous
aboutissons est que dans le système Formation et Visite, la
responsabilisation des ruraux, leur préparation à assumer toutes
les tâches de développement économique, social et culturel,
ne semble pas entamé.
Quand l'encadreur commence à s'écarter de sa
fonction principale pour devenir un représentant des structures et donc
un agent qui résout principalement les différends entre
agriculteur et éleveur des questions se posent concernant sa place et
son rôle. Compte tenu de ces différents éléments
nous pouvons conclure que le producteur dans l'approche Formation et Visite est
considéré comme un bénéficiaire, et ceci en nous
référant à la définition que nous avons du mot
bénéficiaire ; le bénéficiaire est tout
exploitant qui reçoit une aide technique, organisationnelle dont parfois
il ne fait pas la demande et qui n'est pas associé à la
définition des objectifs poursuivis.
Dans un second temps où nous nous sommes
intéressés à la relation entre le producteur CEF et son
conseiller, nous avons pu constater à partir des résultats du
chapitre 4 que c'est le producteur même qui définit ses objectifs
et les soumet à l'avis du conseiller. Dans ce chapitre, il nous est
aisé de voir que des outils sont mis à la disposition du
producteur pour qu'il puisse définir lui-même ses besoins et
ensuite solliciter le conseiller sur des sujets de formation ou pour l'aider
à lever les contraintes qu'il a pu identifier. Donc les capacités
sont renforcées là où le besoin est identifié.
L'aide reçue dans ce cas alors sur demande responsabilise les
producteurs qui doivent remplir des documents qui sont à la base du
conseil. Il y a aussi beaucoup de contraintes liées au remplissage de
ces cahiers ce qui pose des questions sur la fiabilité des
données enregistrées par le producteur. Le conseiller aussi doit
faire un compte rendu à ses producteurs soit de façon
individuelle ou en salle. Il y a donc suppression de la notion d'assistant
à assisté d'Elisabeth TOE qui laisse place à celle du
partenariat défini dans notre travail comme étant un accord
écrit, verbal ou une entente morale entre le vulgarisateur ou le
conseiller avec l'exploitant par rapport au développement de
l'activité de conseil et ou de vulgarisation sur un sujet
négocié. Nous pouvons donc dire que le producteur est
considéré comme un partenaire au sein de l'approche CEF.
Somme toute, nous sommes en mesure de confirmer la
vérification de l'hypothèse 2 selon laquelle les producteurs sont
considérés comme des partenaires plutôt que comme des
consommateurs passifs dans l'approche CEF.
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