Mise en Ĺ“uvre des systèmes de vulgarisation:formation,visite et conseil à l'exploitation agricole familiale au bénin : analyse comparée et perspectives d'intégration.( Télécharger le fichier original )par Youssef Yannick SARE Université de Parakou ( Bénin ) - Ingénieur agroéconomiste 2008 |
4.4. Conduite des activités de l'exploitation4.4.1. Exécution des tâches de l'exploitationC'est à ce stade qu'on peut évaluer le niveau d'applicabilité par les producteurs des nouvelles techniques qui leur sont proposées. L'exécution des tâches de l'exploitation relève de la responsabilité du chef d'exploitation qui, en tant qu'entrepreneur, mobilise les moyens humains (main d'oeuvre familiale ou salariée) et matériels (charrue, charrette, etc.) nécessaires. 4.4.1.1. Exécution des tâches de l'exploitation chez les producteurs en T&VToute la famille du producteur est impliquée dans cette exécution. La réussite dans l'espace et dans le temps dépend de comment le chef de famille ou d'exploitation déploie sa main-d'oeuvre familiale et/ou salariée. Certaines tâches sont exclusivement réalisées par les membres de la famille comme par exemple, le semis, l'amendement organique / fumure minérale, les traitements phytosanitaires, la récolte des céréales. Quant au sarclage, pour être exécuté à bonne date, il nécessite souvent une main-d'oeuvre salariée comme pour la récolte du coton. La situation familiale (présentée dans le tableau n°7) revêt donc une importance capitale ici en ce sens que si l'on exclut certains éléments intrinsèques liés au chef d'exploitation c'est elle qui sous-tend la cohérence des actes des producteurs dans le choix d'itinéraires techniques (combinaison logique et ordonnée de techniques qui permettent de contrôler le milieu et d'en tirer une production ordonnée)14(*). La situation familiale étant toujours différente d'une famille à l'autre il devrait leur être proposé différents itinéraires techniques par les encadreurs. Mais le message technique est le même ; on préconise toujours le labour à plat, suivi du semis au cordeau (en ligne), l'enfouissement de l'engrais dans le sol et le respect des dates de traitement, etc. Tableau n°7 : Présentation de la situation de famille.
Source Données d'enquête Kandi 2008. La situation familiale généralement caractérisée par l'insuffisance de main-d'oeuvre (67,1% des producteurs en T&V) ou de ressources financières (77,1%) fait que les producteurs sont incapables d'appliquer les recettes de l'encadreur bien que celui-ci soit convaincu parfois que c'est le mieux pour son exploitation. A cette situation s'ajoutent également les incertitudes liées aux aléas climatiques et le fait que les objectifs du producteur ici ne sont pas centrés sur le profit maximum. Il en résulte chez le producteur l'opération de choix uniquement tactiques au moment de la réalisation des opérations culturales prévues, choix qui découlent de l'analyse immédiate de la situation. Par exemple voici le raisonnement d'un producteur « Je ne peux pas prévoir les dates de semis et de sarclage puisque c'est la nature qui décide, si je me réveille le matin et je constate qu'il y a eu une pluie je saurai quoi faire durant cette journée ». Cette évolution dynamique de choix tactiques résultant de l'analyse immédiate de la situation échappe aux encadreurs. Ceux-ci pensent que la situation s'impose au producteur parce qu'il ne veut pas appliquer leurs « messages miracles ». Soulignons ici que les « messages miracles » sont bien théoriquement pour l'exploitation mais pas pour l'exploitation familiale. Les encadreurs ont donc tendance à ne pas considérer les contraintes familiales dans l'administration de leur « potion magique ». A ce niveau, tout porte à croire que les encadreurs auraient voulu que le rôle de l'exploitant se réduise à celui d'agent d'exécution ; il n'est donc pas considéré comme étant celui qui doit, en fonction de sa situation de famille, faire des choix raisonnés parfois contradictoires à la logique du maximum de profit, mais toujours cohérent avec le souci permanent de diminuer les risques. * 14 Définition de Sébillotte M., 1968 |
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