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Mise en Ĺ“uvre des systèmes de vulgarisation:formation,visite et conseil à  l'exploitation agricole familiale au bénin : analyse comparée et perspectives d'intégration.

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par Youssef Yannick SARE
Université de Parakou ( Bénin ) - Ingénieur agroéconomiste 2008
  

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4.2. Choix des activités à mener au sein de l'exploitation

4.2.1. Choix des spéculations

L'un des éléments déterminants dans la vie des producteurs est le choix des spéculations à mettre en place. C'est une opération qui est très souvent conditionnée par bon nombre de facteurs externes à l'exploitation. Pour les enquêtés, ce sont les besoins de trésorerie et ceux alimentaires qui justifient en grande partie les choix opérés dans le cas de cette étude. Le tableau suivant montre la fréquence des rangs de chacune des spéculations dans chaque catégorie.

Tableau n°5 : Choix des spéculations.

Spéculations

Producteurs en CEF

1ère spéculation

2ème spéculation

3ème spéculation

4ème spéculation

Coton

80

10

0

0

Sorgho

8

16

56

34

Maïs

10

70

6

0

Riz

2

4

38

66

Total

100

100

100

100

Spéculations

Producteurs en T&V

1ère spéculation

2ème spéculation

3ème spéculation

4ème spéculation

Coton

75,7

24,3

0

0

Sorgho

Maïs

Riz

71

14,3

2,9

24,3

40

11,4

52,9

10

37,1

25,7

0

74,3

Total

100

100

100

100

Source  Données d'enquête Kandi 2008.

Plusieurs producteurs enquêtés choisissent le coton comme spéculation de base (80% producteurs CEF et 75,7% producteurs T&V). Pour les producteurs en formation et visite, cela pourrait paraître comme une spéculation forcée s'illustrant au dernier maillon du cycle d'endettement du producteur. Pour beaucoup parmi eux, le choix de cette culture permet d'obtenir des intrants qui peuvent être échangés en partie contre de l'argent liquide. Pour les producteurs en CEF, c'est un moyen de disposer de la trésorerie et aussi d'éponger certaines dettes, semble-t-il. Dans l'un ou l'autre des cas, le choix du coton reste et demeure une contrainte pour toutes les catégories de producteurs.

Quant au maïs, c'est la 2ème spéculation qui pour cette campagne, et ce probablement à cause de la crise alimentaire actuelle revêt la plus grande importance. Pour les premiers (T&V, 40%) elle est source de sécurisation alimentaire et pour les autres (CEF, 70%) en plus de la sécurisation alimentaire, est aussi source potentielle de revenu monétaire (trésorerie). Précisons que le maïs est une spéculation qui répond bien aux intrants.

La troisième spéculation la plus présente dans les systèmes de cultures dans la zone d'étude est le sorgho (56% CEF et 52,9% T&V). Celle-ci est tout aussi bien cultivée par les paysans en T&V que ceux en CEF chez qui elle est le plus souvent substituée par l'arachide, le soja, ou les cultures maraîchères. Cette spéculation apparaît dans les choix parfois comme sans logique en ce sens qu'elle donne un faible rendement, se vend très peu et à bas prix. Son seul grand atout et apparemment le plus important aux yeux des producteurs est qu'il leur assure une rente alimentaire (sert de base aux aliments) avec le minimum d'intrant et le maximum d'aléas et de risques.

La 4e spéculation (66% CEF et 74,3% T&V) qui est le riz est le plus souvent pratiquée par les femmes et bien que comportant des opérations harassantes, constitue aussi une source de revenus en période de soudure.

Il nous a été malheureusement impossible d'identifier les facteurs réels qui motivent le choix de telle ou telle autre spéculation, mais dans tous les cas ce choix n'a aucun lien avec les `'encadreurs'' ou les `'conseillers''.

4.2.2. Définition des surfaces céréalières

La définition des surfaces des différentes spéculations et surtout celles céréalières revêt une grande importance. En effet, les producteurs africains sont confrontés à beaucoup plus de contraintes que d'opportunités. C'est en réponse à ces différentes contraintes que les différentes soles sont définies.

Le tableau suivant nous permet de voir les facteurs évoqués qui entrent en jeu dans la définition des surfaces céréalières.

Tableau n°6 : Facteurs influençant la définition des surfaces céréalières.

Facteurs en pourcentage

Catégories

Disponibilité des semences

Liquidité financière

Crise alimentaire passée

Objectifs du plan de campagne

Besoins céréaliers

Producteurs en CEF

32

60

40

80

50

Producteurs en T&V

45,7

80

50

31,4

10

Source : Données d'enquête Kandi 2008.

4.2.2.1. Chez les producteurs en T&V

La disponibilité des semences en coton surtout durant cette campagne ci est un facteur important cité comme intervenant dans la définition des surfaces céréalières. En effet, durant cette campagne, les producteurs ne disposaient pas suffisamment de semences au point où les semences de coton qui devraient être gratuites sont devenues l'objet de spéculations et sont devenues objet de vente. Le manque de liquidité (dans 80% des cas) pour certains travaux comme le labour en début de campagne est le facteur le plus important qui détermine les surfaces allouées aux céréales. Une augmentation de la taille de la famille et une mauvaise estimation des nouveaux besoins alimentaires peuvent expliquer la définition des surfaces. Mais en face des besoins de trésorerie, pour atteindre des objectifs tels la réfection de l'habitat, le remboursement de certaines dettes, l'organisation de mariage, de baptême et de payement de scolarité des enfants les cultures de rentes constituent le dernier recours, notamment le coton.

« Rien qu'avec la culture du coton que je suis arrivé à avoir 550000 FCFA cash la campagne passée, cela m'a permis d'éponger les dettes des manoeuvres que j'ai engagés, de réfectionner la chambre de mon fils ainé puis d'acheter une nouvelle moto »

Ne perdons pas de vue que derrière ce compromis permanent entre les cultures céréalières et celles de rente se cachent quelque fois des contraintes foncières.

Mais à tout cela s'ajoute parfois le recul causé par les événements subits tels que la crise alimentaire de la campagne passée (évoquée par 50% des producteurs) où le prix du sac de mais est allé au-delà de 30.000 FCFA et celui de sorgho de 25.000 FCFA. Toujours pour respecter les compromis sus-cités, le prix du coton graine, spéculation de rente est lui aussi passé cette campagne ci, de 160 FCFA /Kg à 190 FCFA /Kg.

C'est donc cet ensemble de facteurs qui ont conduit à la définition des surfaces tant pour les cultures de rentes que celles céréalières. Malheureusement il n'est pas de raisonnement type ayant conduit à cette définition pour les producteurs T&V. Là encore les encadreurs ne jouent pas un grand rôle et il est difficile de voir l'aide qu'ils apportent au producteur.

4.2.2.2. Chez les producteurs en CEF

La seule et grande différence au niveau des producteurs en CEF est que ces derniers arrivent à estimer correctement les besoins céréaliers (évoqués par 80% des producteurs CEF comme facteur intervenant dans la définition des surfaces céréalières) de leur famille grâce à un certain nombre d'outils qui leur sont proposés par les conseillers comme le cahier de stock. Ce cahier permet au producteur d'avoir la quantité totale de produits vivriers consommée au cours de l'année et de savoir avec des majorations faites, le quota de surfaces à allouer aux céréales pour assurer la sécurité alimentaire de sa famille. Le reste des surfaces sert aux cultures de rente et à la culture du riz. Pour la réalisation des objectifs cités, les producteurs sont confrontés à des contraintes financières et/ou foncières. Ils sont alors aidés par le conseiller qui trouve les surfaces optimales leur permettant de réduire les risques de pénurie alimentaire tout en obtenant un peu de trésorerie. A cela peuvent répondre plusieurs scénarios parmi lesquels les producteurs choisissent parfois de se lancer dans la culture de rente plus que ne leur permettent leurs calculs. La raison est qu'ils ont des dettes à éponger, une cérémonie à organiser leur créant un besoin de trésorerie supplémentaire.

Deux grandes différences sont alors à noter ici 

· Le producteur identifie les besoins et décide des quotas de surface à répartir

· Le conseiller intervient dans l'identification des besoins à travers le suivi des cahiers de stock sans être celui qui décide.

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