4.2. Choix des
activités à mener au sein de l'exploitation
4.2.1.
Choix des spéculations
L'un des éléments déterminants dans la
vie des producteurs est le choix des spéculations à mettre en
place. C'est une opération qui est très souvent
conditionnée par bon nombre de facteurs externes à
l'exploitation. Pour les enquêtés, ce sont les besoins de
trésorerie et ceux alimentaires qui justifient en grande partie les
choix opérés dans le cas de cette étude. Le tableau
suivant montre la fréquence des rangs de chacune des spéculations
dans chaque catégorie.
Tableau n°5 : Choix des
spéculations.
Spéculations
|
Producteurs en CEF
|
1ère spéculation
|
2ème spéculation
|
3ème spéculation
|
4ème spéculation
|
Coton
|
80
|
10
|
0
|
0
|
Sorgho
|
8
|
16
|
56
|
34
|
Maïs
|
10
|
70
|
6
|
0
|
Riz
|
2
|
4
|
38
|
66
|
Total
|
100
|
100
|
100
|
100
|
Spéculations
|
Producteurs en T&V
|
1ère spéculation
|
2ème spéculation
|
3ème spéculation
|
4ème spéculation
|
Coton
|
75,7
|
24,3
|
0
|
0
|
Sorgho
Maïs
Riz
|
71
14,3
2,9
|
24,3
40
11,4
|
52,9
10
37,1
|
25,7
0
74,3
|
Total
|
100
|
100
|
100
|
100
|
Source Données d'enquête Kandi
2008.
Plusieurs producteurs enquêtés choisissent le
coton comme spéculation de base (80% producteurs CEF et 75,7%
producteurs T&V). Pour les producteurs en formation et visite, cela
pourrait paraître comme une spéculation forcée s'illustrant
au dernier maillon du cycle d'endettement du producteur. Pour beaucoup parmi
eux, le choix de cette culture permet d'obtenir des intrants qui peuvent
être échangés en partie contre de l'argent liquide. Pour
les producteurs en CEF, c'est un moyen de disposer de la trésorerie et
aussi d'éponger certaines dettes, semble-t-il. Dans l'un ou l'autre des
cas, le choix du coton reste et demeure une contrainte pour toutes les
catégories de producteurs.
Quant au maïs, c'est la 2ème
spéculation qui pour cette campagne, et ce probablement à cause
de la crise alimentaire actuelle revêt la plus grande importance. Pour
les premiers (T&V, 40%) elle est source de sécurisation alimentaire
et pour les autres (CEF, 70%) en plus de la sécurisation alimentaire,
est aussi source potentielle de revenu monétaire (trésorerie).
Précisons que le maïs est une spéculation qui répond
bien aux intrants.
La troisième spéculation la plus présente
dans les systèmes de cultures dans la zone d'étude est le sorgho
(56% CEF et 52,9% T&V). Celle-ci est tout aussi bien cultivée par
les paysans en T&V que ceux en CEF chez qui elle est le plus souvent
substituée par l'arachide, le soja, ou les cultures
maraîchères. Cette spéculation apparaît dans les
choix parfois comme sans logique en ce sens qu'elle donne un faible rendement,
se vend très peu et à bas prix. Son seul grand atout et
apparemment le plus important aux yeux des producteurs est qu'il leur assure
une rente alimentaire (sert de base aux aliments) avec le minimum d'intrant et
le maximum d'aléas et de risques.
La 4e spéculation (66% CEF et 74,3% T&V)
qui est le riz est le plus souvent pratiquée par les femmes et bien que
comportant des opérations harassantes, constitue aussi une source de
revenus en période de soudure.
Il nous a été malheureusement impossible
d'identifier les facteurs réels qui motivent le choix de telle ou telle
autre spéculation, mais dans tous les cas ce choix n'a aucun lien avec
les `'encadreurs'' ou les `'conseillers''.
4.2.2. Définition des
surfaces céréalières
La définition des surfaces des différentes
spéculations et surtout celles céréalières
revêt une grande importance. En effet, les producteurs africains sont
confrontés à beaucoup plus de contraintes que
d'opportunités. C'est en réponse à ces différentes
contraintes que les différentes soles sont définies.
Le tableau suivant nous permet de voir les facteurs
évoqués qui entrent en jeu dans la définition des surfaces
céréalières.
Tableau n°6 : Facteurs
influençant la définition des surfaces
céréalières.
Facteurs en pourcentage
|
Catégories
|
Disponibilité des semences
|
Liquidité financière
|
Crise alimentaire passée
|
Objectifs du plan de campagne
|
Besoins céréaliers
|
Producteurs en CEF
|
32
|
60
|
40
|
80
|
50
|
Producteurs en T&V
|
45,7
|
80
|
50
|
31,4
|
10
|
Source : Données d'enquête Kandi
2008.
4.2.2.1. Chez les producteurs en T&V
La disponibilité des semences en coton surtout durant
cette campagne ci est un facteur important cité comme intervenant dans
la définition des surfaces céréalières. En effet,
durant cette campagne, les producteurs ne disposaient pas suffisamment de
semences au point où les semences de coton qui devraient être
gratuites sont devenues l'objet de spéculations et sont devenues objet
de vente. Le manque de liquidité (dans 80% des cas) pour certains
travaux comme le labour en début de campagne est le facteur le plus
important qui détermine les surfaces allouées aux
céréales. Une augmentation de la taille de la famille et une
mauvaise estimation des nouveaux besoins alimentaires peuvent expliquer la
définition des surfaces. Mais en face des besoins de trésorerie,
pour atteindre des objectifs tels la réfection de l'habitat, le
remboursement de certaines dettes, l'organisation de mariage,
de baptême et de payement de scolarité des enfants les
cultures de rentes constituent le dernier recours, notamment le coton.
« Rien qu'avec la culture du coton que je suis
arrivé à avoir 550000 FCFA cash la campagne passée, cela
m'a permis d'éponger les dettes des manoeuvres que j'ai engagés,
de réfectionner la chambre de mon fils ainé puis d'acheter une
nouvelle moto »
Ne perdons pas de vue que derrière ce compromis
permanent entre les cultures céréalières et celles de
rente se cachent quelque fois des contraintes foncières.
Mais à tout cela s'ajoute parfois le recul causé
par les événements subits tels que la crise alimentaire de la
campagne passée (évoquée par 50% des producteurs)
où le prix du sac de mais est allé au-delà de 30.000 FCFA
et celui de sorgho de 25.000 FCFA. Toujours pour respecter les compromis
sus-cités, le prix du coton graine, spéculation de rente est lui
aussi passé cette campagne ci, de 160 FCFA /Kg à 190 FCFA /Kg.
C'est donc cet ensemble de facteurs qui ont conduit à
la définition des surfaces tant pour les cultures de rentes que celles
céréalières. Malheureusement il n'est pas de raisonnement
type ayant conduit à cette définition pour les producteurs
T&V. Là encore les encadreurs ne jouent pas un grand rôle et
il est difficile de voir l'aide qu'ils apportent au producteur.
4.2.2.2. Chez les producteurs en CEF
La seule et grande différence au niveau des producteurs
en CEF est que ces derniers arrivent à estimer correctement les besoins
céréaliers (évoqués par 80% des producteurs CEF
comme facteur intervenant dans la définition des surfaces
céréalières) de leur famille grâce à un
certain nombre d'outils qui leur sont proposés par les conseillers comme
le cahier de stock. Ce cahier permet au producteur d'avoir la quantité
totale de produits vivriers consommée au cours de l'année et de
savoir avec des majorations faites, le quota de surfaces à allouer aux
céréales pour assurer la sécurité alimentaire de sa
famille. Le reste des surfaces sert aux cultures de rente et à la
culture du riz. Pour la réalisation des objectifs cités, les
producteurs sont confrontés à des contraintes financières
et/ou foncières. Ils sont alors aidés par le conseiller qui
trouve les surfaces optimales leur permettant de réduire les risques de
pénurie alimentaire tout en obtenant un peu de trésorerie. A cela
peuvent répondre plusieurs scénarios parmi lesquels les
producteurs choisissent parfois de se lancer dans la culture de rente plus que
ne leur permettent leurs calculs. La raison est qu'ils ont des dettes à
éponger, une cérémonie à organiser leur
créant un besoin de trésorerie supplémentaire.
Deux grandes différences sont alors à noter
ici
· Le producteur identifie les besoins et décide
des quotas de surface à répartir
· Le conseiller intervient dans l'identification des
besoins à travers le suivi des cahiers de stock sans être
celui qui décide.
|