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Mise en Ĺ“uvre des systèmes de vulgarisation:formation,visite et conseil à  l'exploitation agricole familiale au bénin : analyse comparée et perspectives d'intégration.

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par Youssef Yannick SARE
Université de Parakou ( Bénin ) - Ingénieur agroéconomiste 2008
  

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4. DÉCISIONS DES PRODUCTEURS DANS CHACUNE DES APPROCHES D'ACCOMPAGNEMENT

Dans ce chapitre, nous montrons la place et le rôle du producteur afin de savoir si celui-ci est au centre des décisions dans son exploitation ou non dans l'une ou l'autre des deux approches. Le fil conducteur de ce chapitre sera donc les différentes activités menées par les producteurs dans leurs exploitations. Cela va du choix des activités à mener jusqu'à la commercialisation. Il s'agira alors de voir depuis la formulation des objectifs, le choix des activités, leur mise en exécution, le suivi, la récolte, le stockage et la commercialisation l'implication des conseillers dans les décisions prises et les causes de ces décisions.

Dans le souci d'éviter la confusion entre les appellations des conseillers, nous appelons conseiller le conseiller CEF et encadreur le conseiller en production végétale (CPV) dans le système T&V. Nous utilisons ainsi les appellations des producteurs afin de les différencier car comme nous le rappelle NOUATIN (2003), le terme encadrement qui signifie action d'entourer et d'orner d'un cadre limite, permet de se rendre compte de la compréhension que les acteurs ont de la fonction de vulgarisation. De même, Selon TOSSOU (1996, 33 cité par NOUATIN 2003), « les agents de base qui étaient connus sous l'appellation d'encadreurs ou de chef centre avec les sociétés d'intervention sont devenus Agents de Vulgarisation Agricole (AVA) avec la création des CARDER. Par la suite avec le Projet de Restructuration des Services Agricoles (PRSA) au Bénin, on utilise actuellement l'appellation d'Agent Polyvalent de Vulgarisation (APV) ». Mais avec la nouvelle réforme opérée en mai 2004 par Décret n°2004-301 transformant les CARDER en Centres Régionaux pour la Promotion Agricole (CeRPA) avec pour niveau opérationnel, les Centres Communaux de Promotion Agricole (CeCPA), les APV sont devenus des conseillers avec des nouvelles feuilles de route. Toujours est-il que les changements officiels de terminologie n'ont pas cours au niveau des agriculteurs, pour qui, les agents de vulgarisation au service de l'Etat sont toujours des encadreurs. J'en veux pour preuve l'inexistence d'un mot dans les langues locales désignant le terme encadreur et le fait que tous les producteurs enquêtés l'appellent ainsi. De même les producteurs en CEF aussi appellent les CPV « encadreurs » mais ils appellent tous le conseiller CEF « conseiller ».

4.1. Formulation des objectifs

Pour tous les producteurs enquêtés, c'est l'activité agricole qui doit permettre de satisfaire la couverture des besoins alimentaires et monétaires. Les objectifs qu'ils se fixent sont  la réfection ou la construction de leur habitat, l'achat d'une charrue ou d'une bête, couvrir les frais des cérémonies (mariage, baptême, etc.), l'acquisition d'un moyen de déplacement (moto, vélo, etc.). Le tableau n°4 montre le pourcentage de producteurs ayant évoqué chacun des objectifs énumérés.

Tableau n°4 : Pourcentage de producteurs suivant chaque objectif.

objectifs

Réfection ou construction d'habitat

Achat d'une charrue ou d'une bête

Acquisition d'une moto ou d'un vélo

Cérémonies

Sécurité alimentaire

Producteurs CEF

44

80

24

50

90

Producteurs T&V

85,7

35,7

71,4

60

10

Source  Enquête Kandi 2008.

La formulation des objectifs est faite différemment selon qu'on soit producteur en CEF ou en T&V. Pour les producteurs en T&V, la formulation d'objectifs pour la plupart d'entre eux n'est pas utile en raison de l'incertitude qu'il y a quant à la production agricole. On entend souvent « ce n'est que lorsque j'aurai récolté ou que j'aurai vendu mes produits que je verrai ce que je ferai de l'argent ; pour le moment, il y a d'autres problèmes à résoudre ». Avec beaucoup plus d'insistance, on finit par dégager les objectifs et la formulation de ceux-ci. Malheureusement aucun des producteurs en T&V ne consulte l'encadreur pour formuler ses objectifs d'autant plus qu'ils improvisent. Néanmoins la tendance générale est la satisfaction des besoins relatifs à leur habitat 85,7% ou à celui de leurs enfants, vient en deuxième position l'acquisition d'une moto 71,4% ou la réalisation d'une cérémonie 60% puis enfin l'achat d'un équipement agricole ou d'une paire de bêtes 35%. L'objectif d'assurer la sécurité alimentaire du ménage est rarement exposé 10% ; ceci parce que les paysans disent que s'ils cultivent c'est avant tout pour nourrir leurs familles et bien qu'ils disent qu'ils sont pour la plupart en rupture d'aliments, tous les ans, ils ne le classent pas parmi les objectifs prioritaires. On note alors dans ce groupe, des difficultés d'établir des prévisions et par conséquent la non formulation d'objectifs clairs concernant leur avenir et celui de leur exploitation. Bien évidemment comme facteur important dans la difficulté de la formulation des objectifs entre en ligne de compte l'incertitude quant à la consommation  situation imposée par la précarité reposant sur une solidarité mutuelle.

En ce qui concerne les producteurs en CEF, la formulation des objectifs est le point de départ et la base de toutes les activités de l'exploitation. Ils sont pour la plupart du temps clairement énoncés dans leur plan de campagne et présentés au conseiller. Pour ce qui est de la méthode choisie par cette catégorie de producteur, l'un des premiers objectifs cités est d'assurer la sécurité alimentaire de la famille (90%). Cela passe d'abord par l'identification des besoins alimentaires qui est faite grâce à l'analyse des cahiers de stock des années précédentes. Nous reviendrons plus en détail sur cet outil. Le second objectif le plus fréquemment présenté est l'achat d'un équipement agricole (80%), soit une nouvelle charrue, soit une nouvelle paire de boeufs. Viennent en dernière position l'organisation d'un mariage (50%), la réfection de son habitat (44%) et l'achat d'une moto (24%).

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci