5.2. La production de chou
Le tableau ci-dessous présente le CPE des cinq
systèmes de production de chou sous les scénarii
étudiés. Le CPN n'a pas été présenté
parcequ'il est égal à l'unité (revenu financier
égale à revenu économique) pour tous les systèmes,
sous tous les scénarii. En effet, les producteurs des zones urbaine et
intra-urbaine produisent le chou sur de petites superficies. Les
quantités produites sont vendues à de petites
commerçantes, qui généralement transportent le chou par
taxi-moto du périmètre au marché. Elles sont
également vendues directement aux consommateurs. Beaucoup de producteurs
ont confié avoir un contrat avec les maquis, les restaurants et les
hôtels. Entre le champ et le marché ou le maquis, le produit ne
subit aucune taxation étatique. C'est la raison pour laquelle, il a
été supposé dans ce travail, que le prix financier bord
champ obtenu par le producteur est le même que le prix économique.
Il ressort donc de cette analyse que le revenu financier au niveau de chaque
système de production et chaque scénario est égal au
revenu économique. Les transferts de revenus sont donc nuls.
Tableau N°18: Coefficient de
Protection Effective des systèmes de production de chou.
|
Systèmes de Production
|
Coefficient de Protection Effective
|
N°
|
Technologies
|
Scénario
(0)
|
Scénario
(1)
|
Scénario
(2)
|
Scénario
(3)
|
1
|
Variété améliorée +
Chimique non recommandé + Motopompe & Tuyau
flexible
|
1,06
|
1,053
|
1,095
|
1,428
|
2
|
Variété améliorée +
Chimique recommandé + Motopompe & Tuyau flexible
|
1,05
|
1,045
|
1,081
|
1,639
|
3
|
Variété améliorée +
Extrait de neem + Motopompe & Tuyau flexible
|
1,06
|
1,054
|
1,095
|
1,631
|
4
|
Variété améliorée + Chimique non
recommandé + Arrosoir
|
0,97
|
0,963
|
0,942
|
0,871
|
5
|
Variété améliorée + Chimique
recommandé + Arrosoir
|
0,96
|
0,949
|
0,921
|
0,794
|
Source :
Données enquête, juillet- septembre 2008
Le CPE est supérieur à l'unité (1) pour
les systèmes de production N°1, N°2 et N°3 qui font
recours à l'irrigation motorisée. Ces producteurs sont donc
subventionnés de façon globale. Il est par contre
inférieur à l'unité (1) pour les systèmes de
production N°4 et N°5 sous les scénarii
étudiés. Les producteurs de ces systèmes qui font recours
à l'irrigation manuelle sont globalement taxés. (Voir tableau
N° 19 ci-dessus).
Supposons, que les producteurs utilisant la motopompe et les
tuyaux flexibles s'approvisionnent en carburant et huile à moteur
auprès des structures agréées par l'Etat béninois.
Il a été remplacé dans le budget financier, le prix moyen
de l'essence frelatée qui était de 325 FCFA/L par le prix moyen
officiel à la pompe 476 FCFA/L, subvention de l'Etat comprise ; et
le prix moyen de l'huile à moteur qui est de 800 FCFA/L par celui
pratiqué par les stations qui est de 1200 FCFA/L. Le CPE des
systèmes faisant recours à l'essence sous le scénario (0)
se présente de la manière suivante:
Tableau N°19 : Indicateurs
des effets de politiques agricoles pour le scénario (0)
|
Systèmes de production
|
Coefficient de Protection Effective
|
N°
|
Technologies
|
Scénario (0)
|
1
|
Variété améliorée + Chimique non
recommandé + Motopompe & Tuyau flexible
|
0,994
|
2
|
Variété améliorée + Chimique
recommandé + Motopompe & Tuyau flexible
|
0,985
|
3
|
Variété améliorée + Extrait de neem
+ Motopompe & Tuyau flexible
|
0,994
|
Source : Données
enquête, juillet- septembre 2008
Tous les systèmes de production sous ce scénario
présentent un CPE <1. La contrebande des produits frelatés qui
est aujourd'hui un fait de société que l'Etat béninois
désire formaliser favoriserait donc les exploitations utilisant la
technique d'irrigation la plus innovante. Une fois que l'approvisionnement en
produit pétrolier sera régularisé, les producteurs
appartenant aux systèmes N°1, N°2 et N°3 seront
taxés.
Les subventions et exonérations de droits et taxes, que
l'Etat béninois appliquent sur l'engrais, les pesticides et l'essence
ordinaire ne se répercutent donc pas de façon globale sur la
rentabilité des systèmes de production de chou. Si l'Etat
béninois malgré ses multiples efforts à travers les lois
de finances allant de 2005 à 2008 exonère de droit et taxe les
intrants et matériels destinés à l'agriculture, force est
de constater que ces mesures n'ont aucun effet sur la production.
Adégbidi et al., (2002) notifiaient que la plupart des
techniciens du Ministère des Finances ne sont pas favorables au
régime des exonérations parce qu'ils créeraient beaucoup
de distorsions sur le marché et en plus, c'est un régime
très difficile à gérer qui donne lieu à des
malversations, surtout dans le contexte institutionnel complètement
délabré du Bénin. Les partisans des exonérations
l'exigent au nom de l'équité sociale, mais les opposants estiment
que les exonérations ne profitent presque jamais aux couches
ciblées. Ce propos trouve donc sa justification à travers nos
résultats.
En résumé, les producteurs exerçant
l'activité de production de chou en zones urbaine et péri-urbaine
du Sud-Bénin à l'instar des producteurs de tomate sont
également taxés. Les subventions observées au niveau des
systèmes de production utilisant la motopompe et les tuyaux flexibles
comme mode d'irrigation ne sont pas dues à la politique de subvention de
l'Etat béninois. Elles sont plutôt dues à
l'approvisionnement des maraîchers sur le marché informel en
produits pétroliers. C'est donc une subvention conjoncturelle qui
disparaîtra dès que la contrebande d'essence frelatée
s'arrêtera au Bénin. Le producteur de chou ne
bénéficie donc d'aucune protection de la part de l'Etat sur le
marché des intrants commercialisables.
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