Chapitre 5 : Analyse des effets des politiques agricoles.
5.1.
La production de tomate.
Le tableau N°16 qui suit, présente le Coefficient
de Protection Effective (CPE) des douze (12) systèmes de production de
tomate sous les scénarii étudiés. Le Coefficient de
Protection Nominal (CPN) n'a pas été présenté,
parce qu'il est égale à l'unité (1) pour tous les
systèmes sous tous les scénarii. En effet, au niveau de tous les
scénarii, les transferts de revenus sont nuls (prix économique de
la tomate égal au prix financier reçu par le producteur).
Généralement, la cession de la tomate par les producteurs
s'effectue sur l'exploitation et la commercialisation de la tomate vers les
grands centres urbains n'est pas taxée.
Tableau N°16 : Coefficient
de Protection Effective des systèmes de production de tomate.
|
Systèmes de Production
|
Coefficient de Protection Effective
|
N°
|
Technologies
|
Scénario
(0)
|
Scénario
(1)
|
Scénario
(2)
|
Scénario
(3)
|
1
|
Variété améliorée +
Chimique non Recommandé + Motopompe & Tuyau flexible
|
1,03
|
1,01
|
1,02
|
1,11
|
2
|
Variété améliorée +
Chimique Rec + Motopompe & Tuyau flexible
|
1,03
|
1,01
|
1,02
|
1,20
|
3
|
Variété améliorée +
ext.aq. de neem + Motopompe & Tuyau flexible
|
1,04
|
1,02
|
1,03
|
1,19
|
4
|
Variété améliorée. + Chimique non
Rec + motopompe& bassin & arrosoir
|
0,95
|
0,94
|
0,90
|
0,72
|
5
|
Variété améliorée. + Chimique Rec
+ motopompe& bassin & arrosoir
|
0,93
|
0,90
|
0,83
|
0,38
|
6
|
Variété améliorée. + ext.aq. de
neem + motopompe& bassin & arrosoir
|
0,95
|
0,93
|
0,89
|
0,68
|
7
|
Variété améliorée. + Chimique non
Rec + arrosoir
|
0,97
|
0,95
|
0,92
|
0,81
|
8
|
Variété améliorée + Chimique Rec
+ arrosoir
|
0,96
|
0,94
|
0,90
|
0,77
|
9
|
Variété améliorée. + extrait
.aqueux. de neem + arrosoir
|
0,97
|
0,94
|
0,90
|
0,74
|
10
|
Variété locale. + aucun traitement + pluvial
|
1,00
|
1,00
|
1,00
|
1,00
|
11
|
Variété locale. + Chimique non Rec + pluvial
|
0,99
|
0,99
|
0,99
|
0,94
|
12
|
Variété locale+ ext.aq. de neem + pluvial
|
1,00
|
1,00
|
1,00
|
1,00
|
Source : Données
enquêtes Juillet - Septembre 2008
Le CPE est supérieur à l'unité (1) pour
tous les systèmes de production à irrigation motorisée.
Ceci montre que les effets nets sont largement positifs pour les producteurs
appartenant à ces systèmes. Ces producteurs sont donc
subventionnés de façon globale. Ce résultat est contraire
aux attentes, puisque ces producteurs font recours à l'utilisation
d'engrais, de pesticides et de matériels d'irrigation importés
qui sont fortement taxés au Bénin. Mais une analyse
détaillée des coûts de production montre que le carburant
qui, dans ces systèmes, devient un intrant d'une importance capitale a
un coût financier inférieur au coût économique. Ceci
est dû à la contrebande de l'essence frelatée depuis le
Nigéria pays voisin. Ce fait subventionne en effet le producteur ;
le prix financier est alors inférieur au prix économique du
produit, si le producteur devrait l'importer par le marché
international.
Il est par contre égal à l'unité (1)
pour les systèmes N°10 et N°12 sous les quatre scénarii
étudiés. Les producteurs de ces systèmes ne sont donc, ni
favorisés ni défavorisés. Deux raisons expliquent ce
résultat : les producteurs utilisant les extraits de neem
(système de production N°12) et n'appliquant aucun traitement
phytosanitaire (système de production N°10) en zone de bas-fonds
n'ont pas recours à des intrants importés pour réaliser
leurs productions ; et les prix financiers et économiques des
intrants locaux sont égaux dans le cadre de notre étude.
Les systèmes de production de tomate à
irrigations semi-motorisée et manuelle en zone côtière et
le système de production utilisant les insecticides coton en zone de
bas-fonds ont un CPE inférieur à l'unité (1) sous les
quatre scénarii étudiés. Ils sont donc taxés.
Même si l'engrais et les pesticides sont subventionnés par
l'état béninois, elle n'est pas ressentie au niveau des
systèmes de production maraîchers. Ceci est dû au fait que
le dispositif fiscal béninois exonère de droit et taxe l'engrais
et certains pesticides destinés uniquement à la culture de coton.
Les intrants destinés aux maraîchers sont taxés, ou s'ils
viennent de la filière coton, beaucoup plus chers.
Supposons un instant, que les producteurs utilisant la
motopompe et les tuyaux flexibles s'approvisionnent en carburant et huile
à moteur auprès des structures agréées par l'Etat
béninois. Dans le budget financier, le prix moyen de l'essence
frelatée qui était de 405 FCFA/L est remplacé par le prix
moyen officiel à la pompe qui est de 476 FCFA/L, subvention de l'Etat
comprise. Le prix moyen de l'huile à moteur qui est de 800 FCFA/L est
également remplacé par celui pratiqué par les stations qui
est de 1200 FCFA le litre. Le Coefficient de Protection Effective des
systèmes utilisant l'essence comme intrant sous le premier
scénario se présente dans le Tableau N°17.
Tableau N°17 : Indicateurs
des effets de politiques agricoles pour le scénario (0).
|
Systèmes de production
|
CPE
|
N°
|
Technologies
|
Scénario (0)
|
1
|
Variété améliorée. + Chimique non
Recommandé + Motopompe & Tuyau flexible
|
0,996
|
2
|
Variété améliorée. + Chimique
Recommandé + Motopompe & Tuyau flexible
|
0,993
|
3
|
Variété améliorée. + extrait.
aqueux. de neem + Motopompe & Tuyau flexible
|
0,999
|
4
|
Variété améliorée + Chimique non
Recommandé + motopompe& bassin & arrosoir
|
0,934
|
5
|
Variété améliorée. + Chimique
Recommandé + motopompe& bassin & arrosoir
|
0,895
|
6
|
Variété améliorée. + extrait.
aqueux de neem + motopompe& bassin & arrosoir
|
0,927
|
Source : Données enquêtes Juillet -
Septembre 2008
Il ressort de ce tableau que tous les trois systèmes
qui étaient subventionnés au départ, sous ce
scénario, présentent un CPE <1. Les subventions et
exonérations de droit et taxe que l'Etat béninois applique sur
l'engrais, les pesticides et l'essence ordinaire ne se répercutent donc
effectivement pas sur la rentabilité des systèmes de production
de tomate. Autrement dit l'effet global des taxes appliquées sur
certains facteurs de production (les semences, les pesticides
spécifiques au maraîchage, le matériel d'irrigation et
l'huile à moteur) l'emporte sur l'effet global des subventions de
l'état. Les producteurs des systèmes N°1, 2, et 3
bénéficient en réalité d'une subvention qui n'est
pas due à la politique de l'Etat. Elle est plutôt liée au
marché informel des produits pétroliers due à la
proximité du Nigéria et à la perméabilité de
nos frontières.
En résumé, les producteurs exerçant
l'activité de production de tomate en zone de bas-fonds et en zone
côtière du Sud-Bénin sont taxés. Les subventions
observées au niveau des systèmes de production utilisant la
motopompe et les tuyaux flexibles comme mode d'irrigation ne sont pas dues
à la politique de l'Etat béninois. Elles résident
plutôt à l'approvisionnement des maraîchers sur le
marché noir en produit pétrolier. Ceci est donc une subvention
conjoncturelle qui pourrait disparaître dès que la contrebande
d'essence frelatée s'arrêtera au Bénin. Le producteur de
tomate ne bénéficie donc d'aucune protection de la part de l'Etat
sur le marché des intrants commercialisables tant en zone
côtière qu'en zone de bas-fonds. Il est globalement taxé.
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