4.2.2 Présentation de l'évaluation
économique des systèmes de production de chou.
Le tableau N°15 qui suit, présente
la synthèse des résultats de l'analyse économique faite
des trois scénarii et de la situation au moment de l'enquête.
Tableau N°15: Analyse de
l'Avantage Comparatif : Coût des Ressources Locales
(CRL) et Ratio Coût/Bénéfice (RCB)
Systèmes de Production
|
Scénario (0) & (1)
|
Scénario (2)
|
Scénario (3)
|
N°
|
Technologies
|
PEN
|
RCB
|
PEN
|
RCB
|
PEN
|
RCB
|
1
|
Variété améliorée + Chimique non
rec + Motopompe & Tuyau flexible
|
505
|
0,407
|
331
|
0,611
|
-146
|
1,221
|
2
|
Variété améliorée + Chimique rec
+ Motopompe & Tuyau flexible
|
506
|
0,405
|
334
|
0,607
|
-144
|
1,388
|
3
|
Variété améliorée +
Extrait de neem + Motopompe & Tuyau flexible
|
516
|
0,392
|
349
|
0,589
|
-128
|
1,346
|
4
|
Variété améliorée + Chimique non
rec + Arrosoir
|
491
|
0,319
|
376
|
0,478
|
16
|
0,957
|
5
|
Variété améliorée +
Chimique rec + Arrosoir
|
492
|
0,317
|
378
|
0,475
|
-27
|
1,086
|
Source : Données de
l'enquête, et juillet- septembre 2008.
Sous les scénarii (0) et (1), l'analyse de la
rentabilité économique de la production de chou montre que tous
les systèmes sont économiquement rentables. Leur Profit
Economique Net est positive (PEN>0). Dans l'ordre de meilleure
rentabilité économique, on a : le système N°3
(Variété améliorée + Extraits aqueux de neem +
motopompe et tuyau flexible), le système N°2
(Variété améliorée + pesticide chimique
recommandé + motopompe et tuyau flexible), le système
N°1 (Variété améliorée + pesticide
chimique non recommandé + motopompe et tuyau flexible) le
Système N°5 (Variété améliorée +
pesticide chimique recommandé + Arrosoir) et enfin le système
N°4 (Variété améliorée + pesticide
chimique non recommandé + Arrosoir). Deux importantes remarques
sont à faire :
La première remarque est que le système
utilisant les extraits aqueux de neem et la motopompe + tuyau flexible comme
système d'irrigation est économiquement le plus rentable de tous
les systèmes de production étudiés.
La deuxième remarque est que en fixant le mode
d'irrigation, les systèmes de production utilisant les pesticides
chimiques recommandés sont dans ce cas, économiquement plus
rentables que ceux utilisant les insecticides coton.
Les valeurs du Ratio Coût/Bénéfice (RCB)
sont tous inférieures à l'unité (1). Ceci confirme les
résultats présentés ci-dessus. Tous les systèmes de
production de chou sont économiquement rentables sous les
scénarii (0) et (1). Mais remarquons qu'à travers les valeurs du
RCB, le système de production N°5 est en tête (RCB=0,317),
puis suivent les systèmes de production N°4 (RCB =0,319), N°3
(RCB=0,392), N°2 (RCB=0,405) et N°1 (RCB=0,407). En effet, le RCB
mesure le rapport entre le coût de production et le revenu
évalué au prix économique. Les valeurs prises donc par le
RCB montrent qu'une unité monétaire (franc CFA) investie dans
les systèmes de production à irrigation manuelle rapporte plus
que dans les systèmes à irrigation motorisée. Autrement
dit, les systèmes à irrigation manuelle ont un meilleur taux
marginal de rentabilité.
Il est important de noter que l'efficacité
économique des systèmes de production N°1
(Variété améliorée + Chimique non
recommandé + Motopompe et tuyau flexible) et N° 4
(Variété améliorée + Chimique non
recommandé + Arrosoir), ne constitue pas un élément
stimulateur à l'utilisation des insecticides coton dans la production de
chou. Il suffirait d'incorporer les coûts environnementaux et sanitaires
liés à l'utilisation de ces produits prohibés, pour voir
une augmentation du coût de production et donc une augmentation du RCB.
Le bénéfice économique se réduit et rend donc ces
systèmes moins compétitifs.
Adegbola (2006), dans une étude sur l'évaluation
des perceptions des consommateurs sur les biopesticides à Cotonou et
Porto-Novo, a montré que la majorité des consommateurs
enquêtés attache une grande importance à la
disponibilité du légume et se préoccupe des résidus
de pesticides dans les légumes qui peuvent affecter leur
santé.
L'utilisation des insecticides coton dans la production de
chou est prohibée et ne doit être encouragée de quelque
manière que ce soit. Selon Herock et Krall, cités par
Aïtchédji (2001) les coûts économiques de la lutte
chimique (non directement évaluables en terme monétaire)
sont : dommages à l'environnement (destruction de la flore et
de la faune), destruction de la fertilité naturelle des sols et risques
ou danger pour la santé publique.
Sous le scénario (2), tous les systèmes de
production de chou sont également économiquement rentables. Sauf
qu'ils sont moins rentables que les systèmes de production sous les
scénarii (0) et (1). Ceci est normal, puisque l'augmentation du
coût de production de 50%, réduit le PEN. Il ressort de cette
analyse, que la rentabilité économique des systèmes de
production de chou est sensible au coût d'opportunité du capital
investi. Plus les coûts sont élevés, moins les
systèmes sont rentables. La stabilité de la rentabilité
économique des systèmes de production est donc mise en exergue.
Une autre remarque non moins importante, est que les systèmes de
production utilisant l'arrosoir comme mode d'irrigation, sont
économiquement plus rentables que ceux utilisant la motopompe et les
tuyaux flexibles. L'augmentation du coût d'opportunité du capital
favoriserait donc une technologie beaucoup plus archaïque (l'arrosoir).
Nous retrouvons ici, une confirmation des résultats liés aux
valeurs prises par le RCB au sein des scénarii (0) et (1).
Le scénario (3) vient conforter les résultats
présentés ci-dessus, car en appliquant un bas prix au producteur,
seul le système N°4 utilisant l'arrosoir reste
économiquement rentable. Il va de ce fait, que les nouvelles techniques
d'irrigation seraient comparativement moins avantageuses, si le niveau des prix
sur le marché baisse et si le producteur fait recours à un
capital dont le coût d'opportunité est de 50%. Ce résultat
peut expliquer un temps soit peu, le faible niveau d'adoption de ce
système d'irrigation beaucoup plus innovant en zone intra et
périurbaine. D'après Gandonou et al., (2007), pour
adopter une innovation technique, les producteurs, surtout les moins nantis, se
basent en premier lieu sur son impact sur l'augmentation de la
production ; il faut que l'innovation technique induise, par exemple, avec
certitude un revenu supérieur à celui obtenu habituellement
à partir des technologies conventionnelles. Ce résultat vient
soulever donc, un autre aspect de la problématique, lié à
l'adoption des Bonnes Pratiques d'Irrigation en zones urbaine et intra
urbaine.
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