4.1.2. Résultats de l'analyse financière des
systèmes de production de chou.
Dans cette section, le tableau récapitulatif de
l'analyse financière est montré. Le tableau N°12
présente les budgets financiers des systèmes de production de
chou sous les différents scénarii étudiés. Les
données de ces colonnes sont estimées en FCFA/ m2 dans
le but de faciliter l'analyse.
Sous le scénario (0), tous les systèmes de
production de chou sont financièrement rentables. Le système de
production le plus rentable est le système N°3 utilisant la
motopompe et le tuyau flexible comme mode d'irrigation et les extraits de neem
comme mode de traitement phytosanitaire. Ces résultats sont conformes
à ceux de l'IITA (2002b). Il avait obtenu en utilisant la MAP, que le
système de production de chou le plus rentable au Bénin est celui
qui utilise la motopompe pour l'irrigation et assure les traitements
phytosanitaires par un biopesticide (Dipel ou biotit). Mais il faut noter que
les producteurs utilisant les extraits de neem, l'associent
généralement avec deux fongicides (Manèbe et Topsin.M).
Suivant le mode d'irrigation, les systèmes de
production N°1 (Variété améliorée +
Pesticides chimiques non recommandés +Motopompe et tuyau
flexible) ; N°2(Variété
améliorée + Pesticides chimiques recommandés + Motopompe
et tuyau flexible) et N°3(Variété
améliorée + extrait aqueux de neem + Motopompe et tuyau
flexible), sont financièrement plus rentables que les
systèmes N°4(Variété améliorée +
Pesticides chimiques non recommandés +Arrosoir) et
N°5(Variété améliorée + Pesticides
chimiques recommandés +Arrosoir ), qui font recours à
l'irrigation manuelle. En effet, les pertes de récolte sont plus
élevées au sein des systèmes de production utilisant
l'arrosoir (23% en moyenne). Au niveau de ceux utilisant la motopompe, 9% de la
récolte est perdue en moyenne. En effet le stade le plus critique au
cours du cycle de culture du chou est le stade de pommaison, où
l'alimentation en eau et le suivi phytosanitaire sont les plus importants.
Apparemment, les producteurs utilisant l'arrosoir, n'arrivent pas à
concilier ces deux exigences mieux que ceux qui utilisent le mode d'irrigation
motorisée. D'après le Mémento de l'Agronome (2002), les
besoins en eau doivent être essentiellement satisfaits au cours de cette
période. Nous pourrions supposer que ces pertes en cultures sont
liées en partie à la non maîtrise de l'irrigation au sein
des systèmes N°4 et N°5.
Tableau N°12: Résultat
de l'analyse financière des systèmes de production de chou au
Sud-Bénin
|
|
BUDGETS FINANCIERS
|
|
Systèmes de Production
|
Scénario (0)
|
Scénario (1)
|
Scénario (2)
|
Scénario (3)
|
N°
|
Technologies
|
Rev
|
CFE
|
CFD
|
PFN
|
CFE
|
CFD
|
PFN
|
CFE
|
CFD
|
PFN
|
Rev
|
CFE
|
CFD
|
PFN
|
1
|
Variété améliorée +
Chimique non rec + Motopompe & Tuyau flexible
|
852
|
164
|
143
|
545
|
169
|
143
|
539
|
254
|
215
|
383
|
374
|
254
|
215
|
-95
|
2
|
Variété améliorée +
Chimique rec + Motopompe & Tuyau flexible
|
850
|
168
|
143
|
540
|
172
|
142
|
535
|
258
|
213
|
378
|
372
|
258
|
213
|
-100
|
3
|
Variété améliorée +
Extrait de neem + Motopompe & Tuyau flexible
|
849
|
150
|
146
|
555
|
155
|
142
|
551
|
232
|
213
|
402
|
371
|
232
|
213
|
-75
|
4
|
Variété améliorée +
Chimique non rec + Arrosoir
|
722
|
64
|
185
|
472
|
69
|
186
|
466
|
104
|
280
|
338
|
361
|
104
|
280
|
-23
|
5
|
Variété améliorée +
Chimique rec + Arrosoir
|
720
|
68
|
186
|
466
|
77
|
186
|
457
|
115
|
279
|
326
|
315
|
115
|
279
|
-79
|
Source : Données de
l'enquête, juillet- septembre 2008
NB : Chimique rec = pesticides
chimiques recommandés, Chimique non rec = pesticides chimiques non
recommandés (Insecticides coton), CFE = Coût des Facteurs
Echangeables, CFD = Coût des Facteurs Domestiques, PFN =
Profitabilité Privée Nette.En passant du mode d'irrigation au
mode de traitement phytosanitaire, les systèmes de production utilisant
les extraits de neem sont plus rentables que ceux utilisant les pesticides
chimiques. Cette efficacité financière du système de
production N°3(Variété améliorée +
extrait aqueux de neem + Motopompe et tuyau flexible) est
essentiellement liée à son coût de production relativement
faible. En effet, en analysant la colonne des revenus du scénario (0) on
constate au sein du groupe des systèmes de production à
irrigation motorisée (N°1, N°2, N°3), que le
système N°3 dégage le plus petit revenu.
D'autre part, les systèmes de production utilisant les
pesticides chimiques recommandés (système N°2 et N°5)
sont financièrement moins rentables que ceux qui utilisent les
insecticides coton (système N°1 et N°4). De l'analyse des
budgets financiers, deux raisons expliquent ce résultat. La
première se remarque au niveau des coûts de production. En effet,
le traitement phytosanitaire à l'insecticide coton est relativement
moins couteux. La seconde se remarque au niveau des revenus. Les
systèmes utilisant les insecticides recommandés ont des revenus
inférieurs par rapport à ceux utilisant les insecticides coton.
Les rendements seraient donc meilleurs au sein des exploitations utilisant les
insecticides coton. Notifions que Adorgloh (2006) a remarqué
l'inexistence des pesticides chimiques recommandés efficaces de lutte
contre les ravageurs surtout pour le chou dont la production a constamment
baissé. Ce fait a été constaté au cours de nos
enquêtes et constitue une véritable contrainte de production.
Sous le scénario (1) où les subventions ont
été supprimées sur l'engrais et les pesticides chimiques,
il a été constaté une baisse relative du Profit Financier
Net au niveau de tous les systèmes de culture. Mais cela n'a eu aucune
influence sur l'ordre de rentabilité financière constaté
au niveau du scénario (1). Tous les systèmes sont aussi
financièrement rentables.
L'analyse financière sous le scénario (2),
montre que tous les systèmes de production sont financièrement
rentables (PFN>0). Cela suppose qu'en prenant en compte le coût
d'opportunité du capital (Augmentation du coût de production de
50%), la production du chou reste rentable en zones urbaine et intra urbaine.
Même si le PFN s'est réduite (ce qui est normal), le
système de production N°3 demeure dans ce contexte le plus
rentable.
Sous le scénario (3) où un bas prix au
producteur a été appliqué (3500 FCFA a été
le prix le plus bas de la planche enregistré au cours de notre
enquête), aucun système n'est financièrement rentable
(PFN<0). En effet, le coût de production du chou en zone urbaine et
péri-urbaine est élevé. Le producteur ne doit donc pas
vendre à ce prix. L'information sur les marchés, l'assistance
technique aux producteurs et l'accessibilité au crédit sont donc
importants pour améliorer le revenu des producteurs. Néanmoins,
le système de production qui enregistre le moins de perte dans le
contexte du scénario (3) est celui utilisant les insecticides coton et
l'arrosoir comme mode d'irrigation. En effet, il présente le plus petit
coût de production. L'adoption des innovations technologiques, surtout au
niveau du mode d'irrigation est conditionné par un prix au producteur
élevé et stable.
|