3.2.2.
Techniques culturales
3.2.2.1. Mode de préparation du sol
Outre le défrichement de la parcelle qui reste commun
à toutes les exploitations au Sud-Bénin, diverses pratiques sont
utilisées pour préparer le sol par les producteurs. Ainsi si en
zone de bas-fonds, les producteurs de tomate ont recours au labour à
plat, en zone côtière et intra urbaine la tomate et le chou sont
essentiellement produits sur des planches.
Les planches sont de dimensions variables. En zone
intra-urbaine (Cotonou et Porto Novo) où la pression foncière est
très forte du fait de l'urbanisation et du poids démographique,
et où les exploitations présentent les plus faibles superficies
(superficie moyenne inférieure à 1000 m²), les planches sont
de superficie très petite (3,5 et 7,2 m²). Elles sont largement
plus grandes sur la côte 9,6 à 45 m², où la pression
foncière est relativement moindre, et où les exploitations sont
plus grandes en termes de superficie exploitée.
3.2.2.2. Mode d'irrigation des cultures.
L'irrigation représente un facteur important
d'intensification de la production maraîchère. Si en zone de
bas-fonds la pratique de l'irrigation est rare, divers modes sont par contre
utilisés sur les exploitations maraîchères
côtières et urbaines. Ces modes impliquent des niveaux
d'équipement de plus en plus élevés. En combinant les
différents types de techniques d'exhaure avec les techniques
d'irrigation pratiquées, on a pu inférer quatre principaux modes
d'irrigation :
- Mode 1 : c'est le mode le plus
archaïque. La technique d'exhaure est manuelle (Utilisation de bassine).
La technique d'irrigation l'est aussi (Bassine plus boîte trouée).
Il est le plus pratiqué en zone de bas-fonds, et se limite
généralement à la pépinière de tomate. 21%
des enquêtés y ont recours. Les cultures sont donc
considérées comme pluviales en zone de bas-fonds.
- Mode 2 : la technique d'exhaure est
manuelle (utilisation d'arrosoirs ou de seaux plus corde) et la technique
d'irrigation est aussi manuelle (utilisation d'arrosoirs). C'est le
système le plus répandu en zone intra-urbaine. Il est
pratiqué par 23% des maraîchers enquêtés.
- Mode 3 : La technique d'exhaure est
motorisée (utilisation de motopompe) et la technique d'irrigation est
manuelle (utilisation d'arrosoirs).En général, l'eau est
stockée dans un bassin. Ce système est pratiqué par 3 %
des maraîchers enquêtés. Il a été surtout
observé en zone côtière pour la production de la tomate.
- Mode 4 : la technique d'exhaure est
motorisée (motopompe ou pompe électrique) et la technique
d'irrigation est `modernisée' (utilisation de tuyauterie flexible plus
pomme d'arrosage). Ce mode est pratiqué par 43% des
enquêtés et se rencontre surtout en zone côtière et
quelque peu en zone intra-urbaine.
La figure N°4, présente la répartition des
exploitations maraîchères suivant les modes d'irrigation, dans les
différentes zones de production.
Figure N°4:
Répartition des exploitations suivant les modes
d'irrigation
Source : Données de
l'enquête, Juillet - Septembre 2008
D'après Atidégla (2006) le système
d'irrigation basé sur la mécanisation est une bonne pratique en
APU car elle économe en temps et en énergie. Le mode 4 (Photo
N°3) est donc considéré comme le plus efficient
rencontré au sein des exploitations.
Photo N°3 : Irrigation
motorisée à Grand-Popo
Source : Données
de l'enquête, Juillet - Septembre 2008
Son faible niveau d'adoption en zone intra-urbaine semble
confirmer les résultats de Gandonou et al (2007). En effet, ce dernier a
rapporté qu'une minorité de maraîchers en zone urbaine et
intra-urbaine, utilisent l'irrigation mécanisée, qui constitue
pourtant un important moyen pour protéger les ressources en eau. Il a
démontré que c'est probablement parce que l'effet sur les revenus
des paysans ou la rentabilité financière de cette pratique est
faible. Nous sommes alors quelque peu surpris de la
généralisation de cette pratique en zone côtière.
La faiblesse des investissements dans les systèmes
d'irrigation plus performants sur les périmètres d'irrigation de
la zone urbaine est liée à deux raisons fondamentales qui sont
étroitement corrélées :
- La taille réduite des superficies
cultivées : il est difficile, voire impossible d'amortir un
système avec motopompe et accessoires sur des surfaces d'à peine
1/10 ha ;
- La précarité du foncier : les
maraîchers, bien qu'exploitant des surfaces publiques pour la plupart
n'ont pas le sentiment d'être en sécurité foncière
et ne peuvent donc investir dans des équipements durables sur des
parcelles qu'ils seront condamnés à abandonner à plus ou
moins court terme ;
A Sèmé-Kpodji, ce système est
généralisé. En effet, le statut foncier de la terre
sécurise les producteurs, et la superficie par actif maraîcher
permet de rentabiliser les investissements d'irrigation (il faut 600.000 FCFA
pour installer un tel système sur 0,5 ha). C'est également le cas
à Grand-Popo en dépit du statut des terres (essentiellement
exploitées en location) et de l'avenir incertain du maraîchage
dans la zone bordant la route Inter-Etat Cotonou (Bénin) - Lomé
(Togo). Les maraîchers ont confié qu'ils ne pouvaient faire
autrement, vu la taille de leurs exploitations. Selon eux, seuls les bassins ne
sont plus réalisés sur des sites non sécurisés car
impossible à déplacer en cas de délocalisation. Il devient
alors très important de faire une étude, permettant de trancher
effectivement sur les déterminants des Bonnes Pratiques d'Irrigation
dans le maraîchage au Sud-Bénin.
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