3.2.1.2. Le travail
La main d'oeuvre familiale, la main d'oeuvre salariale
permanente et la main d'oeuvre salariale occasionnelle sont les trois types de
main d'oeuvre utilisés sur les exploitations enquêtées.
En zone de bas-fonds, la main d'oeuvre familiale (100%) et la
main d'oeuvre salariale occasionnelle (86%) sont les types les plus
exploités pour la production maraîchère.
Par contre, en zone côtière, les trois types de
main d'oeuvre ont été observés. La main d'oeuvre salariale
occasionnelle (9%) est surtout utilisée pour les travaux
pénibles, en l'occurrence le labour et le défrichage. La main
d'oeuvre familiale est utilisée par 38 % des maraîchers contre 87%
pour la main d'oeuvre salariale permanente.
En zone intra-urbaine, deux types de main d'oeuvre sont
utilisés par les exploitants, la main d'oeuvre salariale permanente (78
%) et la main d'oeuvre occasionnelle (30%).
3.2.1.3. Equipements de production
La production de tomate et de chou se fait au Sud-Bénin
avec une diversité de matériels qui part du petit outillage de
champ à des équipements d'irrigation et de traitement
phytosanitaire très performants.
Le petit outillage (houe, coupe-coupe) commun à tout
producteur agricole est recensé dans toutes les exploitations
visitées. Un autre lot de petit outillage spécifique au
maraîchage (binettes, râteaux, arrosoirs) a été
également rencontré.
Mais, il faut remarquer une évolution du niveau
d'équipement de bon nombre de systèmes de production, et
notamment en zone côtière et dans une moindre mesure en zone
intra-urbaine. Il s'agit bien évidemment des avancées dans le
système d'irrigation et de traitement phytosanitaire. 85 % des
maraîchers de la zone côtière enquêtés
possèdent au moins un pulvérisateur et 68 % disposent d'une
motopompe thermique (Photo N°1) et 7% de pompe électrique (Photo
N°2). Ce matériel d'exhaure est souvent accompagné d'un
système de canalisation qui permet l'arrosage sur tout le champ
grâce à la tuyauterie flexible où quelquefois
combiné avec des bassins pour un arrosage manuel.
En zone de bas-fonds, les exploitations
maraîchères disposent pour tout équipement, du petit
outillage manuel utilisé sur les exploitations agricoles
traditionnelles. Notons que le mode d'irrigation a été un
critère utilisé pour la typologie des systèmes de
production de tomate et de chou étudiés.
Photo N°1 : Motopompe
thermique
Photo N°2 : Motopompe
électrique
Source : Données de
l'enquête, Juillet - Septembre 2008
3.2.1.4. Capital financier
Les maraîchers ont un accès très
limité au crédit agricole pour l'extension et
l'amélioration du rendement de leur exploitation. Au sein de
l'échantillon, seulement 18% des producteurs de tomate et de chou ont
déclaré avoir obtenu du crédit auprès des
structures de micro-finance formelles (CLCAM, PADME, PAPME etc.) et d'une
banque (BRS) pour le financement des activités ; 11% ont recours
aux secteurs financiers informels (Usuriers, Commerçants) et 40 %
pratiquent la tontine qui constitue une sorte d'épargne traditionnelle
qui aide beaucoup les maraîchers surtout dans les moments où ils
ont des problèmes financiers. Plusieurs raisons évoquées
par les producteurs expliquent ces contraintes liées aux crédits.
Il s'agit : du taux d'intérêt élevé (13%
à 22% l'an), de la garantie personnelle trop contraignante (convention
d'achat de carrés, montant de la garantie supérieure au moins
à trois fois le montant du crédit), du faible crédit
octroyé (généralement 50.000 francs CFA en moyenne) et du
délai court de remboursement du crédit (deux mois à un
an).
Assogba (2007) notifiait que le taux d'intérêt
est le paramètre le plus contraignant de l'accès au crédit
agricole en production maraîchère. Pourtant, beaucoup
d'expériences d'octroi de crédits à taux réduits
ont été identifiées au cours de cette étude. Une
des plus importantes et remarquée aussi par Tokanou et al.,
(2007) est l'ouverture auprès de certaines IMF (UNACREP, ID.PECHE) d'une
ligne de crédit d'un montant global de 4 milliards par les projets
PADMOC et PADRO couvrant toutes leurs zones d'intervention (Mono-Couffo et
Ouémé-Plateau). Pour accéder à ces crédits,
le producteur formule un projet qu'il soumet aux IMF en partenariat avec les
projets. Après analyse et validation, ces IMF envoient le projet au
Cadre Général de Gestion des lignes de Crédits (CGGC) du
MMFEJF. En effet, le CGGC est une structure mise en place pour gérer les
fonds des projets de la BAD (PADMOC, PADRO,) qui impose deux conditions aux IMF
en partenariat : un taux d'intérêt de 10 % pour les
crédits à court terme (crédits de campagne) et 8,5 % pour
les crédits moyen et long terme (crédits d'investissement, de
création ou extension de ferme agricole) ; l'allègement des
garanties physiques (titre foncier) exigées par les structures
partenaires aux producteurs par l'acceptation de la possession d'Etat du
promoteur de projet.
Cependant, au vu des statistiques, le taux de consommation de
ces lignes de crédit ouvertes reste faible. Ceci s'expliquerait surtout
par l'incapacité des maraîchers à monter des dossiers
de faisabilité recevables. Mais, certaines autres garanties
exigées par ces IMF demeurent contraignantes. Notamment, la
maîtrise technique à travers la tenue des exploitations qui
inspirent confiance, la maîtrise des comptes d'exploitations
(Capacité de solvabilité) et la couverture de risques.
C'est ainsi que malgré ces multiples efforts de la part
de l'Etat, des ONG et des partenaires au développement, les producteurs
(11% de l'échantillon enquêté) ont recours au secteur
financier informel où les conditions d'accès sont moins
contraignantes et où d'après Rouighi (2007) les taux
d'intérêt sont prohibitifs. Les taux d'intérêt
révélés par les producteurs varient
généralement de 5% à 20% le mois et confirment donc les
propos de l'auteur. En définitive,
les principaux problèmes de crédits auxquels sont
confrontés les maraîchers peuvent se résumer comme
suit :
- Taux d'intérêt élevés ;
- Délais de remboursement insuffisants ;
- Dossiers de demande mal montés ;
- Conditions d'accès (garantie physique) trop rigides
(titre foncier par exemple) ;
- Modalités de remboursement
(périodicité, différé) non adaptées au
maraîchage.
A ce titre, les actions du programme Millenium Challenge
Account (MCA/Bénin), notamment dans le domaine de l'accès au
foncier et de l'accès au crédit sont à encourager.
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