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Rentabilité financière et économique des systèmes de productions maraà®chères au Sud- Bénin. Cas de la tomate( Lycopersicum esculentum ) et du chou pommé ( Brassica oleracea )

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par Landry FANOU
Université d'Abomey- Calavi (Bénin ) - Ingénieur agronome 2008
  

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3.2.2.3. Gestion de la fertilité des sols

Si en zone de bas-fonds, les producteurs n'ont pas recours à la fumure (fertilité naturelle des sols), ce n'est pas le cas pour la conduite de leurs cultures en zone côtière et urbaine. Les fumures utilisées par les maraîchers sont de deux types : la fumure organique et la fumure minérale.

Les fientes de volaille (Photos N°4 et N°5) seraient la forme d'engrais organique la plus utilisée par les maraîchers de la zone urbaine (100%) et ceux de la zone côtière (56%). Elle est généralement appliquée en fumure d'entretien. Cette préférence pour les fientes de volaille s'expliquerait par le fort degré de minéralisation de la fiente, produisant ainsi sur les cultures, un « coup de fouet » rapide notamment pour le chou et la tomate (Tokanou et Quenum, 2007). Cependant, les multiples arrosages favorisent le lessivage accéléré des éléments minéraux en profondeur. L'apport en fientes de volaille est en moyenne de 16,91 t/ha (#177; 8,06 t/ha) pour la tomate en zone côtière et de 32, 39 t/ha (#177; 15,35 t/ha) en moyenne pour le chou. Le prix du sac de 50 kg de fientes de volaille varie de 1000 FCFA à 1200 FCFA.

L'apport de bouse de vache (matière organique à décomposition plus lente) en fumure de fond a certes une action plus tardive, mais a un effet plus durable. Elle se pratique uniquement à Grand-Popo (44% des maraîchers de la zone côtière). La dose est de 12,94 t/ha (#177;5,07 t/ha) pour les exploitations de tomates enquêtées. Elle coûte moins chère (500 FCFA le sac de 50 kg) et permet d'apporter des éléments minéraux progressivement assimilables par la plante, d'améliorer la structure du sol et d'augmenter la capacité de rétention en eau du sol, réduisant ainsi les pertes par infiltration et évaporation. Toutefois, les maraîchers lui reprochent d'être une source d'adventices (du fait des graines consommées par les bovins) et d'attirer certains insectes ravageurs de cultures (PADAP, 2003).

Photo N°4 : Fiente de volaille en vrac Photo N°5 : Fiente de volaille en sac de 50 kg

Source : Données de l'enquête, Juillet - Septembre 2008

La disponibilité de ces produits constitue une contrainte majeure. Cette contrainte se pose en terme d'accessibilité de ces produits (fermes situées à plusieurs dizaines de km) et de transport, ce qui augmente le coût de revient du produit. De plus, le prix étant régi par la loi de l'offre et la demande, les fermes pratiquent fréquemment de la surenchère face à la demande de plus en plus croissante des maraîchers. Certaines stratégies comme des commandes groupées ou l'achat par camion (ou un autre véhicule) sont utilisées par les maraîchers pour réduire le coût d'acquisition de ces engrais organiques.

La fumure minérale quant à elle, est uniquement pratiquée en zone côtière et urbaine. Deux formules sont essentiellement utilisées : l'Urée et le NPK de formulation variable (10 - 20 - 20 ou 15 - 15 - 15 ou 14 - 23 - 14). Ces formulations, plus utilisées par les maraîchers sont en fait destinées à la culture du coton. Parfois, les maraîchers utilisent des engrais dont ils ne maîtrisent pas la formulation. Il est fréquent que les sacs d'engrais ne portent aucune indication sur le type d'engrais minéral et la composition en éléments minéraux.

Les doses moyennes apportées sont de 0,84 t/ha (#177; 0,53 t/ha) pour le NPK, 0,29 t/ha (#177;0,24 t/ha) pour l'urée et de 0,12 t/ha (#177; 0,06 t/ha) pour la potasse en culture de tomate. Elles sont par contre en moyenne de 0,53 t/ha (#177; 0,25 t/ha) de NPK et 0,65 t/ha (#177; 0,39 t/ha) d'urée en culture de chou.

Par ailleurs, il n'existerait pas d'engrais spécifiques maraîchers disponibles sur le marché. Une investigation auprès de la société SDI montre une volonté de mettre au point une formulation spécifique aux cultures maraîchères. Il s'agit de l'engrais NPK maraîcher 12N + 11P + 18K + 20 SO3 + 2,7 MgO + 0,015 B + 0,02 Zn + 0,2 Fe + 0,02 Mn conditionné en sac de 25 kg et vendu à 8.500 F CFA/sac. Cependant, l'absence de demande (contrat de commandes) des maraîchers en ce produit limite sa disponibilité sur le marché.

D'autre part, nous avons constaté que l'approvisionnement en engrais varie d'une zone à l'autre et même d'une commune à l'autre.

A Sèmé Kpodji, les producteurs s'approvisionnent souvent dans les magasins de Cotonou, ou de la société SDI, qui vend de l'engrais non exonéré de droits et taxes à 17 500 FCFA le sac de 50 kg de NPK et 16 000 FCFA le sac de 50 kg d'Urée. Le coût de revient bord champ est généralement prohibitif variant de 15000 à 21000 FCFA le sac. En effet, quelques maraîchers arrivent à avoir à travers le circuit informel de l'engrais destiné au coton dont le prix de cession aux producteurs de coton était fixé pour cette campagne à 11 500 FCFA le sac de 50kg.

A Grand-Popo, l'achat se fait généralement individuellement au Togo voisin et parfois au CeCPA et à l'UCP. La préférence pour le marché togolais s'expliquerait par la disponibilité en tout temps des intrants, même si le produit revient plus cher (entre 13.500 et 15.000 F CFA/sac de 50 kg).

A Cotonou et Porto-Novo, l'approvisionnement se fait essentiellement auprès des vendeurs ambulants, de façon individuelle et souvent en détail au prix de 350 F CFA par kg. Si les maraîchers arrivent à faire la distinction entre l'urée et le NPK conditionné en sachet de 1 kg, ils ne peuvent pas connaître la composition des engrais acquis. Toutefois, certaines coopératives maraîchères de Cotonou s'approvisionnent auprès des distributeurs d'intrants et les revendent à leurs membres afin de faciliter l'accès des membres de leur association à des engrais plus sûrs.

Les maraîchers s'approvisionnent donc là où ils peuvent sans trop s'attacher à la spécificité des produits qu'ils acquièrent. Il n'existe aucun circuit formel d'approvisionnement en engrais maraîchers. Ceci pose le problème de la qualité des intrants utilisés sur les cultures maraîchères et de l'impact de leur utilisation sur les sols et l'eau.

Par ailleurs, la plupart des maraîchers applique mal les engrais. Cette utilisation non raisonnée des engrais n'est pas seulement due au manque de connaissances de nombreux maraîchers sur les besoins des cultures pratiquées, mais également au manque de moyens financiers et aux fréquentes ruptures de stocks d'engrais auprès des sources d'approvisionnement. Cette non maîtrise de la qualité des engrais acquis essentiellement auprès des sources informelles conjuguée à une utilisation mal raisonnée des engrais minéraux (surdoses des apports) peut causer une dégradation des sols (acidification, salinisation, déstabilisation structurale), une pollution de la nappe phréatique, une intoxication des plantes et une perte de qualité des productions. Toutefois, les initiatives d'approvisionnement en engrais des UCP (Grand-Popo, Cotonou, Sèmé Kpodji) et des associations de maraîchers (UMALGA à Grand-Popo, UCOMAC à Cotonou) en collaboration avec les CeCPA des différentes communes sont encourageantes et sans aucun doute, à consolider. Elles pourraient faire davantage si leur autonomie financière était renforcée.

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