Chapitre 2
GESTION DES RISQUES
1- LA GESTION PREVENTIVE
La gestion préventive du risque dans la banque
nécessite un travail minutieux et un plan opérationnel dont le
suivi et le contrôle et la bonne application ressort de la
responsabilité de la banque.
Il appartient aux dirigeants de la banque d'arrêter le
choix de la gestion stratégique et de déterminer les moyens et
les méthodes nécessaires pour réaliser les objectifs
généraux préalablement définis. Ces moyens et
méthodes constituent la gestion opérationnelle des risques.
Dans la gestion préventive du risque, nous mettrons
l'accent sur la gestion stratégique du risque à travers le
respect des règles prudentielles, en suite, nous focaliserons notre
étude sur le système de classifications et provisionnement des
créances risquées. Nous consacrerons la dernière partie du
développement de la gestion préventive à la gestion du
taux d'intérêt qui peut être une composante néfaste
pour les banques qui octroient des crédits à long terme, s'il
n'est pas bien contrôlé.
1.1- LA REGLEMENTATION PRUDENTIELLE
La réglementation prudentielle est l'ensemble des
contraintes imposées aux établissements de crédit pour une
bonne maîtrise des risques. Le premier souci des autorités
bancaires est de limiter au maximum la propagation des défaillances
pouvant entraîner de graves perturbations pour le reste des agents
économique (risque systémique).
Au début des années quatre vingt (80) les pays
industrialisés du groupe des G 7 rencontraient des difficultés en
matière de risque. C'est pourquoi ils ont décidé de mettre
en place un accord sur les critères de convergence des fonds propres des
banques. En 1988, la Banque des Règlements Internationaux (BRI), sise
à Bâle, qui assure le secrétariat du comité du G7
sur le contrôle bancaire, a élaboré un ratio de
solvabilité qui couvre les risques de crédit. En 1996 ce ratio
communément appelé « Ratio Cooke », a été
élargi aux risques de marché.
En Algérie, avec l'avènement de la 90-10 relative
à la monnaie et au crédit, il a été mis en place un
dispositif de contrôle de l'activité des banques basées sur
le respect des règles prudentielles. La commission bancaire est
chargée d'assurer le contrôle et l'application des dispositions
législatives et réglementaire par les différentes
institutions financières et bancaires.
Les principales règles devant être respecté
sont :
É Le ratio de solvabilité (ratio Cooke) ; É
La règle de division des risques ; É Le coefficient de
liquidité.
1.1.1- Le ratio Cooke
Troisième partie La gestion des
risques
56
Ce ratio est appelé aussi ratio de solvabilité ou
encore ratio de couverture de risque. L'article 03 de l'instruction n°
74-94 du 29 Novembre 1994 relative à la fixation des règles
prudentielles de gestion des banques et établissement financier le
défini comme suit :
« Les banques et Etablissements financiers sont tenus
...de respecter en permanence un ratio de solvabilité, en tant que
rapport entre le montant de leur fonds propres nets et celui de l'ensemble des
risques de crédit qu'ils encourent du fait de leurs opérations,
au moins égale à 08% ».
les fonds propres nets
Ratio coocke = =
les actifs pondérés
8%
Fonds propres nets
Ils sont constitués des fonds propres de base et des fonds
propres complémentaires. Les fonds propres de base :
9 Le capital social ;
9 Les réserves (autres que les réserves de
réévaluation) ;
9 Le report à nouveau (lorsqu'il est créditeur)
;
9 Les provisions pour risques bancaires généraux
;
9 Les bénéfices réalisés.
Cependant, il faut déduire des fonds propres :
9 La part non libérée du capital social ;
9 Les actions propres (détenues directement ou
indirectement) ;
9 Le report à nouveau (lorsqu'il est débiteur) ;
9 Les actifs incorporels ainsi que les frais
d'établissement ;
9 Le résultat négatif ;
9 L'insuffisance de provision pour risque de crédit telle
qu'évaluée par la Banque
d'Algérie.
Les fonds propres complémentaires :
9 Les réserves de réévaluation ;
9 Les dotations prévues par la législation en
vigueur ;
9 Les fonds provenant de l'émission de titres ou
d'emprunts subordonnés ;
9 Certains éléments qui sont utilisés
librement et figurant dans le bilan de la banque.
Les actifs pondérés
Cette pondération concerne l'ensemble des engagements du
bilan et en hors bilan. Ils sont pondérés suivant le risque
attaché à chacun d'eux qui est en fonction des facteurs
découlant de :
É La nature de l'actif ;
É La nature de la contrepartie ;
É La situation géographique de cette
dernière ;
É Autres facteurs plus complexes, en particulier
concernant les activités liées à l'hors bilan.
L'instruction 74-94 du 29/11/1994 classe les actifs du bilan
pondéré comme suit :
Troisième partie La gestion des
risques
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ACTIFS
|
PONDERATION
|
Les crédits à la clientèle, les
crédits au personnel, les titre de participation et titres de placement
(autres que ceux des banques et établissements financiers) et aussi les
immobilisations
|
100%
|
Les concours des banques installées à
l'étranger : comptes ordinaires, titres de participations des
établissements de crédits installés à
l'étranger.
|
20%
|
Les concours des banques et établissements financiers
installés en Algérie : les comptes ordinaires, les placements,
les titres de participation des établissements de crédits
installés en Algérie.
|
5%
|
Les dépôts à la Banque d'Algérie et
les créances de l'Etat ou assimilés : obligations de l'Etat,
autres titres sur l'Etat,...
|
0%
|
Les engagements en hors bilan sont transformés en
équivalent de risque selon la classification suivante :
CLASSEMENT
|
PRIS EN COMPTE
|
Risque élevé
|
100%
|
Risque moyen
|
50%
|
Risque modéré
|
20%
|
Risque faible
|
Ne sont pas pris en compte
|
Le respect du ratio Cooke devrait conduire les banques
à agir dans deux directions pour satisfaire la norme minimale de 08% de
fonds propres sur les risques pondérés :
É La première action consiste à utiliser
différents moyens (émission de titres, capitalisation des
résultats) pour accroître le numérateur du ratio ;
É La deuxième série d'action, beaucoup plus
complexe à mettre en pratique, consiste à agir
parallèlement sur les marges de crédit et la sélection des
clients.
Le rendement d'un crédit doit assurer la
rémunération des fonds propres. Pour cela, les banques utilisent
des méthodes afin d'optimiser le couple rentabilité / risque
à partir d'une analyse fine de chaque actif et de classification des
risques. Ces méthodes permettent d'affecter un niveau de fond propre aux
risques, elles débouchent sur une « tarification » des
crédits (une prime de risque) variable en fonction, du niveau des fonds
propres recherchés et, d'autre part, des taux de risques par
catégories de clientèle.
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