2.5.5.2. Influence des facteurs d'environnement
Les différences de concentration
constatées entre et au sein des différents ethnies ne
s'expliquent pas totalement par les différences de fréquence des
allèles d'apo(a).
Les populations et les individus vivent aussi dans des
environnements très différents.
Exercice physique
La sédentarité constitue un facteur de
risque bien connu de maladies cardio-vasculaires. Inversement l'activité
physique régulière, (sports d'endurance plus que sports de
puissance), a un effet favorable sur le métabolisme lipidique
(concentration moindre de cholestérol LDL et augmentation du
cholestérol des HDL). Par contre les concentrations de Lp(a) ne semblent
pas influencée par l'exercice physique : des concentrations similaires
sont trouvées chez 87 sédentaires, 105 sportifs d'endurance et 57
pratiquants d'un sport de puissance 229.
Lobo étudie longitudinalement pendant 6 mois,
69 femmes ménopausées réparties en 4 groupes de traitement
: témoins, groupe soumis à un exercice physique, groupe recevant
une oestrogénothérapie, groupe soumis à l'exercice
physique et recevant une oestrogénothérapie. Les trois
traitements entraînent une diminution non significative des
concentrations de Lp(a). L'exercice physique seul diminue les concentrations de
Lp(a) de 2,5 p.cent. Les plus fortes diminutions concernent les patientes
à taux de base faibles alors que celles dont le taux est
supérieur à 0,10 g/I n'ont qu'une très faible diminution
230
A l'inverse l'entraînement physique progressif
et intensif (course 3 à 4 fois par semaine jusqu'à courir un demi
marathon au bout de 9 mois) de sujets préalablement sédentaires
est associé à un quasi doublement des concentrations de Lp(a)
231. Un résultat similaire est
observé dans une autre étude impliquant 219 sujets d'âge
moyen, sédentaires et présentant un risque vasculaire
modéré 232.
Dans les études montrant une augmentation de
concentration par l'effort physique, l'entraînement est nettement plus
intensif que dans les études négatives. Une hypothèse pour
expliquer cet effet est un "stress" musculaire avec des lésions
tissulaires apparentées à l'inflammation, or la Lp(a) a des
caractéristiques de protéine de l'inflammation. Un rôle
dans la cicatrisation des lésions tissulaires a été
évoqué pour la Lp(a) qui pourrait stabiliser la fibrine in situ
et favoriser la synthèse des membranes cellulaires grâce à
un apport de cholestérol.
Il y a toutefois une contradiction entre
l'hypothèse de l'action antifibrinolytique de la Lp(a), et
l'augmentation de l'activité fibrinolytique (temps de lyse des
euglobulines) constatée après exercice physique intense
232.
Consommation d'alcool
Thèse Docteur Pharmacie La lipoprotéine Lp(a) :
son intérêt dans l'interprétation du bilan lipidique Dr
GUIMONT MC 117/271 Lipides, Lipoprotéine (a),
Hyperlipoprotéinémie, Athérosclérose, Lipids,
Lipoprotein, Lpa, Hyperlipoproteinemia, Atherosclerosis
Les résultats des études sont assez
contradictoires.
Marth montre une diminution des concentrations de
Lp(a) chez les gros buveurs (plus de 200 g d'alcool par jour) que les fonctions
hépatiques soient ou non altérées
188.
Parra compare 90 buveurs excessifs (160 g/j) à
90 buveurs modérés (20 g/j) et ne montre pas de différence
significative 233. Dans un groupe de 723 sujets
sains où les 2 sexes sont également représentés, la
consommation régulière de plus de 44 g. d'alcool par jour chez
les hommes et de plus de 22 g. par jour chez les femmes, est accompagnée
d'une diminution non significative de la Lp(a) 234
La Framingham Offspring Study
ne montre pas davantage d'influence de l'alcool sur la
concentration de Lp(a) dans une population de 1284 hommes et 1394 femmes
235
Delarue montre une augmentation de 40 p.cent des
concentrations de Lp(a) de 24
alcooliques chroniques indemnes de cirrhose,
dès le Sème jour de sevrage et cette augmentation
persiste 3 semaines 236
Tabagisme
Sickmeier trouve des concentrations plus faibles de
Lp(a) chez les fumeurs que chez les non fumeurs mais il n'y a pas d'appariement
sur le phénotype d'apo(a) et le nombre de sujets étudiés
est faible (68 au total) 237. Rodriguez, dans une
population de 423 hommes, montre aussi une concentration plus faible chez les
fumeurs 23e.
Dans la population étudiée par
Steinmetz, il n'y a pas de différence significative entre fumeurs et non
fumeurs, bien que 14,3 p.cent des femmes fumant régulièrement
aient une Lp(a) supérieure à 0,30 g/I, contre 20,5 p.cent des
témoins 234. De même l'effet du tabac
n'est pas retrouvé dans la Framingham Offspring Study 235.
Régime alimentaire et variations de
poids
Albers soumet 2 individus à un régime
fortement enrichi en cholestérol (5g par jour = 20 jaunes d'oeufs par
jour pendant 28 jours) et mesure avant, pendant et après
(2 fois par semaine pendant une durée totale de
8 semaines), les concentrations d'apoB et de Lp(a). Les concentrations d'apoB
augmentent nettement (+ 75 p.cent) alors que celles de la Lp(a) restent
constantes 113.
L'effet du régime végétarien
comparé au régime omnivore est également sans influence
sur les concentrations de Lp(a) alors qu'il entraîne une diminution du
contenu en cholestérol des
LDL 239.
Certaines études épidémiologiques
ont montré que la consommation régulière de poisson est
associée à un moindre risque de maladie coronarienne. Le
bénéfice a été attribué aux
acides gras polyinsaturés de la série
cw3, principalement aux acides docosa-hexaénoïque et
eicosa-pentaénoïque qui, en plus de leur effet sur le
métabolisme lipidique (diminution de la
synthèse hépatique des VLDL), semblent
exercer des effets bénéfiques sur la pression artérielle,
les fonctions plaquettaires et la viscosité sanguine. Dans une
étude incluant des
volontaires sains la supplémentation en huiles
de poisson (4 g par jour d'acides gras cw3) a
été sans effet sur les concentrations de
Lp(a) au bout de 6 semaines. Par contre après 9 mois de
supplémentation, 7 sujets sains ayant un taux de base supérieur
à 0,20 g/I voient leurs concentrations diminuer de 15 p.cent. Ceci
suggère un possible effet en cas d'apport au long cours 240
Dans la population de Steinmetz, il n'apparaît
pas de différence statistique de la distribution des concentrations de
Lp(a) entre les sujets ayant une surcharge pondérale supérieure
à 20 p.cent et ceux qui ont un poids normal 234.
L'amaigrissement n'est pas associé à une
modification significative des concentrations de Lp(a) surtout quand la
concentration de base est inférieure à 0,30 g/I.
Lorsque les concentrations sont supérieures
à 0,30 g/I une perte de poids de 10 kg est associée à une
diminution de la Lp(a) 241.
L'absence d'effet net et reproductible des facteurs
alimentaires sur la Lp(a) rend actuellement impossible toute recommandation
diététique spécifique.
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