II.4. INTERPRETATION DU DISCOURS POLITIQUE
Pour comprendre la communication politique, dans ses
formes et dans ses stratégies, encore faut-il donner une théorie
et une méthode d'intervention de discours politique, qui articule trois
types de savoirs et de rationalité : sémiolitiques,
rhétorique et politiques, qui font ici l'objet d'un constant
entrecroisement. C'est que la communication politique a nécessairement
une signification complexe, qui tient à ce qu'elle se trouve toujours
à l'articulation de représentations (images, paroles ou
écrits), d'actions ou de décisions (qu'elle suscite ou
désavoue), d'imagination (les idéaux auxquels elle se
réfère).
II.4.1. Les deux dimensions de l'interprétation du
discours politique
Il s'agit, ici, de comprendre à la fois les
particularités de l'interprétation du discours politique, et les
conditions dans lesquelles tout discours devient un discours politique
dès lors qu'il fait l'objet d'une interprétation en termes
politiques et institutionnels.
52
Le discours politique a des formes
particulières, qui tiennent à ses conditions dénonciation,
et qui induisent des logiques particulières
d'interprétation.
Trois éléments particuliers, entrent en
ligne de compte :
Il s'agit d'abord, de la particularité des
circonstances dans lesquelles il est énoncé, en ce qu'elles
déterminent le rapport spécifique que ces discours entretiennent
au pouvoir. Interpréter le discours politique, c'est ainsi, en
connaître les enjeux (discours électoral, commémoratif,
discours de confrontation dans un conflit de parti, etc.). il s'agit, ensuite
de l'identification de ses destinataires, en ce qu'elle permet de comprendre la
nature de lien social et politique qu'il instaure dans l'espace
public.
C'est en effet, la situation institutionnelle des ses
destinataires qui permet de comprendre la sociabilité
particulière instaurée par le discours politique.
Ainsi, un discours à des adversaires ou un
discours à des partisans engagera des types d'interprétation
différents. Il s'agit, enfin de la rhétorique particulière
de ce discours et du type d'acte ou d'engagement pratique qu'il est
sensé susciter. Néanmoins, tandis que la communication, en
général, repose sur l'identification symbolique de
l'énonciateur à son interlocuteur, le discours politique repose,
en particulier, sur l'instauration de son destinataire en acteur.
Par ailleurs, penser politiquement
l'énonciation et la communication, c'est le considérer du point
de vue d'enjeux politiques : c'est élucider la représentation
particulière du pouvoir qu'elles engagent, car l'enjeu de la
communication politique, le réel dont elle se soutient, c'est toujours
le pouvoir. Enoncer un discours politique, c'est définir des pratiques
d'exercices du pouvoir (programmatique ou analytiques) et établir un
rapport particulier au pouvoir (qu'on y adhère). De la même
manière entendre ou lire un discours politique, c'est, en tant que
destinataire, reconnaître dans ce discours les logiques de pouvoir que
l'on partage, ou, au contraire, des formes de pouvoir que l'on
désapprouve. Penser la communication en termes politiques, c'est en
faire un des types d'événements et d'activités formateurs
des acteurs et des pratiques de l'espace politique ; les identités
politiques
53
s'articulant toujours a du faire. On peut, ainsi,
interpréter les discours de politique générale d'un
ministère devant l'Assemblée nationale sans le rapporter aux
circonstances réelles et à la façon dont il a gagné
le pouvoir et au réel de la façon dont il l'exerce.
Les deux dimensions de l'énonciation et de
l'interprétation du discours politique sont donc, ainsi,
l'élucidation des formes de sociabilité qu'il entend construire
(il s'agit de ses objectifs et de l'horizon par rapport auquel il s'oriente) et
des rapports qu'il instaure au pouvoir (il s'agit de la mise en évidence
des méthodes qu'il entend mettre en oeuvre dans l'exercice ou la
conquête du pouvoir). Interpréter les discours politique, c'est
donc construire sa signification autour de ses enjeux et de ses implications
dans le réel de la vie institutionnelle et de l'activité
politique. C'est, en particulier, rendre intelligible de profits des acteurs
qui entend instituer (ses destinataires comme le modèle qu'entend suivre
son énonciateur), en ce que le mécanisme d'identification
engagé par la communication politique est ainsi, à difficile
d'autres formes de communication, instituant : elle détermine
l'identité de ses acteurs.
Tandis que l'interprétation du discours
consiste à rendre intelligible le code dans lequel il est
énoncé et à comprendre la signification des formes dans
lesquelles il est énoncé et le réel dont il (se) soutient
(pouvoir, situation de la communication, statut particulier de celui qu'il
l'énonce). La spécificité de l'interprétation de
l'interprétation du discours politique est de toujours se
référer au réel dont il se soutient, sans lequel il
n'aurait pas de consistance.
|