L'esprit d'un vers véhicule
impérativement un sens réel ou irrée(la
matière)dont il est impossible de se passer..car pour
Mallarmé .«Le hasard n'entame pas un vers,c'est la grande
chose .» et le vers ne sera vraiment pourvu de sens que
lorsqu'il est suffisamment nourri d'idées..Et pourtant pour
Valéry,disciple ardent et fils spirituel de
Mallarmé «Un très beau vers est un
élément très pur de poésie »C'est que
plus l 'élément matériel ,au niveau des idées
cela s'entend,est en quelque sorte aménuisé,anémique et
exsangue,plus l'expressivité du vers,au lieu de se révéler
par voie de conséquence foncièrement
insignifiante,apparaît au contraire dans sa pleine maturité et sa
force.«Je ne transcris pas,je construis..,déclara fermement Alain
Robe Grillet dans son principal ouvrage « Le Nouveau
Roman »C'était déjà la vieille ambition de
Flaubert :bâtir quelque chose à partir de rien,qui tienne
debout toiut seul sans avoir à s'appuyer sur quoi que ce soit
d'extérieur à l'oeuvre.C'est aujourd'hui l'ambition de tout
roman. »Et Mallarmé grâce alors à un génie
sensible et profond, est parvenu à réaliser tout un
chef-d'oeuvre monumental à partir non pas d'un rien ,mais à
partir du Néant,..faisant des remontrances à Des Essarts,il
écrivit en 1863 dans une lettre à Cazalis. « Il
confond trop l'Idéal avec le Réel.La sottise d'un poéte
moderne a été jusqu'à se désoler que l'action ne
fût pas la soeur du rêve !Emmanuel est de ceux qui regrettent
cela .Mon Dieu,s'il en est autrement,...Le rêve était aussi
défloré et abaissé ,oû donc nous
sauverons-nous ?Nous,nous autres malheureux,que la terre
dégoûte et qui n'avons pas le rêve pour refuge.Mon
Henri,abreuve-toi d'Idéal,Le bonheur ici-bas est ignoble ;il faut
avoir les mains bien calleuses pour le ramasser.Dire « Je
suis heureux »c'est-à-dire « je suis
lâche » et plus souvent « je suis
niais »car il ne faut pas voir au-dessus de ce plafond de couleur le
ciel de l'Idéal ou fermer les yeux exprès. »Pour
Mallarmé,comme pour la plupart des symbolistes,le rêve une
matière fugace er vaporeuse,est le thème principal d'une
poésie magnifique...
Par le rêve,comme par l'illusion dont on se trompe
expressément soi-même,pour nous faire croire qu'on vit un instant
de cette félicité paradisiaque,mais illusoire et
fugitive ;par le rêve enfin,on entretient en nous ce monde de
bonheur que mallarmé cherchait ,dans son esprit,à
matérialiser et à rendre réel et tangible,pour pouvoir le
vivre,le sentir plus intensément le plus longtemps
possible ; ;
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