La problématique de la répression du crime d'agression par la Cour Pénale Internationale( Télécharger le fichier original )par Théophile NTAWIHA Université libre de Kigali Rwanda - Grade de licencié en droit 2011 |
III.5.1.4. Les chambres extraordinaires chargées de juger les Khmers rouges.Ces chambres dont la création est projetées, correspondent à des structures hybrides. A la fois nationale et internationale, majoritairement composées de juges locaux.142(*) Sous le régime des Khmers rouges, de 1975 à 1979, entre 1,7 et 2 millions de cambodgiens ont été exécuté, sont morts de faim ou ont succombés à la maladie. Pourtant, il n'y a eu à ce jour ni procès, ni commission de la vérité, ni reconnaissance officielle de l'un des crimes les plus monstrueux de l'histoire de l'humanité. Mais les choses vont peut être changé. Le 21 juin 1997, Le Cambodge avait demandé l'assistance de l'ONU et de la communauté internationale afin de traduire en justice les personnes responsables du génocide et des crimes contre l'humanité perpétrés pendant l'administration Khmers rouges.143(*) L'idée d'un nouveau tribunal ad hoc fut tout d'abord évoquée puis abandonnée. Le 10 août 2001, les autorités cambodgiennes, privilégiant la formule d'un jugement national avec assistance internationale, adoptèrent une loi portant création de formations extraordinaires au sein des tribunaux du Cambodge pour le jugement de ces crimes.144(*) Le 13 mai 2003 le projet d'accord entre l'ONU et le Cambodge fut approuvé par l'Assemblée Générale des Nations Unies dans une résolution (A/RES/57/228 B) qui avait été présentée par la France et le Japon. Après six ans de négociations, une rupture et maintes controverses, Phnom Pen et l'ONU ont signé le 6 juin 2003 un accord pour la création de ces chambres extraordinaires. Le 4 octobre 2004 le Parlement cambodgien ratifia l'accord entre l'ONU et le Cambodge. Les Chambres devaient commencer à être mise en place au 2 ème semestre 2005.145(*) III.5.1.4.1. Statut juridique et composition. - Tribunal basé sur le droit cambodgien qui prévoit la participation minoritaire de juges étrangers. L'accord prévoit deux chambres extraordinaires: une chambre de première instance et une chambre d'appel de la Cour Supême.146(*) - La Chambre de première instance: se compose de 3 juges cambodgiens et de deux juges étrangers - La Chambre de la Cour suprême, qui tient lieu de chambre d'appel définitive, est constituée de quatre juges cambodgiens et de trois représentants internationaux. - Le Secrétaire général des Nations Unies préparera une liste de sept juges internationaux de laquelle seront retenus les cinq juges qui siègeront dans les deux instances et qui seront désignés par le Conseil suprême de la magistrature cambodgien. - Deux juges d'instruction: cambodgien et étranger. - Deux procureurs : cambodgien et étranger. - Une chambre préliminaire à cinq membres composés dans les mêmes conditions que la chambre d'appel. Moyens envisagés: budget de 55 millions de $ sur 3 ans, majoritairement payé par la communauté internationale. Donne lieu à discussions et à rétiscences marquées. III.5.1.4.2. Compétence et procédure. Le tribunal de Cambodge a une compétence et la procédure .Mais sa compétence est résumée comme suit : 1. Ratione matériae : Crimes et graves violations du droit pénal cambodgien, du droit et de la coutume humanitaire internationale et des conventions internationales reconnues par le Cambodge. Mais à l'exception du crime d'agression. Tribunal pour juger les khmers rouges est compétent pour les crimes suivants : Crime de Génocide; Crimes contre l'Humanité; Crimes de guerre; Destruction de propriété culturelle; Crimes contre des personnes bénéficiant d'une protection internationale. 2. Ratione temporis Pendant l'administration Khmers rouges du 17 avril 1975 au 6 janvier 1979 (date de l'arrivée des troupes vietnamiennes).147(*) 3. Ratione personae. Dirigeants supérieurs du Kamputchéa démocratique et ceux qui portent les plus grandes responsabilités. Le procès des Khmers rouges ne sera pas parfait. Pol Pot, leur dirigeant historique est mort en 1998, mais ses principaux lieutenants, Nuon Chea, e « frère numéro 2 «, et Khieu Sampan, l'ancien président du Kamputchéa démocratique, vivent en toute liberté au Cambodge. Compte tenu du manque de temps et d'argent, il est peu probable que l'on juge plus d'une dizaine d'accusés. 4. Ratione loci Territoire du Cambodge.148(*) III.5.1.4.3. Procédure du tribunal La procédure est principalement définie par le droit cambodgien. Les principes fondamentaux définis par le Droit international pourront servir de guide. Pas de possibilité d'amnistie ou de grâce. Pas de peine de mort. La peine la plus lourde sera la réclusion criminelle à perpétuité.149(*)
Les décisions de la Chambre préliminaires sont définitives et nécessitent l'approbation de quatre juges. ï La prise de décision devant la Chambre de première instance et la chambre d'appel doit en principe se faire à l'unanimité. Si cela n'est pas possible, un jugement ne pourra être rendu en première instance que si quatre juges sont d'accord, et en appel si au moins cinq juges le décident.153(*) Cette manière de procéder garantit aux juges internationaux une sorte de droit de veto. Aucun jugement ne pourra être rendu sans l'accord au moins d'un juge international.154(*) * 142 Rapport du Groupe d'Experts, Doc. N.U. A/53/850 - S/1999/231, 16 mars 1999, Annexe. * 143 http://blog.multipol.org/post/2007/11/20/ANALYSE-%3A-Le-tribunal-special-charge-de-juger-les-crimes-des-Khmers-rouges-ouvre-ses-travaux 02/10/2011 * 144Shabas W., Violations des droits de l'homme au Cambodge : Justice et lutte contre l'impunité, FIDH, Rapport No. 284, décembre 1999. * 145 Ibidem * 146 L'article 122 de la Constitution prévoit un contrôle constitutionnel a postiori par renvoi des tribunaux. * 147 Delmas-Marty M. "Du droit international au droit national : l'exemple du génocide", in Les processus d'internationalisation, Editions de la Maison des Sciences de l'Homme, Paris, Vol. VII, 2001, pp. 216-218. * 148 Rapport du Secrétaire général sur la constitution d'un tribunal pour l'ex-Yougoslavie, Doc. N.U. S/25704, 3 mai 1993. * 149 Idem * 150 Assemblée Nationale du Royaume de Cambodge, Procès verbal des débats du 2 janvier 2001 sur l'article 24; traduction anglaise fournie par le Documentation Center of Cambodia. * 151 Ibidem * 152 Ibidem * 153 Boyle D., "Quelle justice pour les Khmers rouges ?", Revue Trimestrielle des Droits de l'Homme, Bruylant, Bruxelles, No. 40, octobre 1999, pp. 818-820. * 154 Ibidem |
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