1.3. La Liberté de l'écrivain
Le choix suppose la liberté. Or l'écriture est
« le choix de l'aire sociale au sein de laquelle l'écrivain
décide de situer la nature de son langage »20. Elle
est le lieu par
excellence où l'écrivain exerce sa
liberté par un choix : l'engagement de sa forme. Parce que
l'écrivain ne peut rien changer à l'Histoire, aux données
objectives de la consommation littéraire, par son écriture, il
choisit de repenser la Littérature, en menaçant la langue pour
aboutir à la définition d'une responsabilité, sa
responsabilité d'écrivain. Même si l'écriture est
18 Ibid. Le degré zéro de
l'écriture, p. 45.
19 Ibid., op. cit., p. 21.
20 Ibid., op. cit., p. 19.
19
donnée à l'écrivain par l'Histoire, elle
est avant tout un acte de choix donc de liberté, puis d'une
responsabilité socialement significative qui n'est déjà
plus qu'un moment remarquable de l'Histoire mieux de l'Histoire
littéraire.
Dans l'Histoire littéraire,
« L'écriture est précisément ce
compromis entre une liberté et un souvenir, elle est cette
liberté souvenante qui n'est liberté que dans le geste du choix,
mais déjà plus dans sa durée »21.
En définitive, pour Roland Barthes, l'écrivain
exprime sa liberté à travers son écriture qui reste
à tout point de vue le lieu de prédilection de l'affirmation de
sa responsabilité d'écrivain, de son engament. L'écriture,
c'est la Liberté de l'écrivain, la libération de
l'Histoire par un choix de conscience politique.
1.4. L'essence politique de l'écriture
Toute écriture est foncièrement politique,
c'est-à-dire naturellement liée à la
société, reflétant la réalité organique
même de cette dernière, un peu comme son esprit ; d'ailleurs, il
est facile de lire l'Histoire de la société dans l'histoire des
Signes de la Littérature. Barthes ne dit pas autre chose à ce
propos : « il n'est pas nécessaire de recourir à un
déterminisme direct pour sentir l'Histoire présente dans un
destin des écritures ».22 Il nous est donné
en fin de compte de comprendre qu'il existe une politicité de
l'écriture, les liens naturels entre littérature et
société, entre écriture et politique. Naturellement,
l'écriture est un acte politique, elle est éminemment politique
au sens premier du terme. Ce qui concerne l'homme et la cité. Bref si la
littérature est la peinture de la société, toute
écriture présente absolument une description imagée de la
pensée des hommes, acteurs politiques de la société, et
est perçue
21 Ibid., op. cit., p. 20.
22 Roland BARTHES, op. cit., p. 9-10.
20
comme la propriété d'un univers
sociolectal.23 Même si l'écriture peut se voir
conférer une certaine idéologie, il est à admettre qu'elle
est elle-même, avant tout, l'idéologie par essence.
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