1.2. Dénonciation du néocolonialisme
En décrivant comment les pays occidentaux ont
transformé le continent en un champ de bataille idéologique et
politique au cours de la guerre froide, et comment ils ont soutenu les
régimes dictatoriaux, Kourouma s'insurge en fait contre le
néocolonialisme, cette nouvelle façon de piller, de voler et
réduire au sous-développement les malheureux et misérables
peuples africains. L'Afrique doit restée méfiante de toutes
accointances politico-économiques serviles avec l'Europe.
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C'est pourquoi d'ailleurs René Dumont écrivait que
:
« L'unité africaine aiderait les pays du
continent à manifester un neutralisme économique vis-à-vis
du bloc européen, et qu'un rattachement trop étroit et trop
exclusif à ce bloc serait alors satellisation que pourrait
légitimement qualifier de néocolonialisme
»79.
Car « dès le premier jour, les
Européens ont plié à l'esclavage les Africains, justifiant
leurs actes par le droit du plus fort... pour y ouvrir des
débouchés à leur commerce »80. Il
n'est plus admissible que l'Afrique se laisse spolier de toutes ses richesses,
par la complicité de chefs d'Etat soudards, cons, salauds, et simples
d'esprit (p. 240) qui accèdent à la magistrature suprême
par les armes, par la violation des constitutions et d'autres manoeuvres
machiavéliques et antidémocratiques. Aussi Kourouma propose-t-il
l'alternance démocratique à travers l'altérité dans
l'oeuvre.
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