3.3. Nkoutigui ou le communisme tyrannique
Nkoutigui Fondio est tout le contraire de Tiékoroni,
idéologiquement bien entendu ! Car, il est aussi criminel et sanguinaire
qu'on ne le croie. Téméraire et audacieux, il est l'unique chef
d'Etat de l'Afrique francophone à dire Non à la Communauté
française proposée par De Gaulle. En cela, il est d'abord apparu
comme un sauveur. « Il préféra pour la République
des Monts la pauvreté dans la liberté à l'opulence dans la
soumission » (p.164). Quelle soumission rejetait-il puisque
lui-même réduira son peuple à l'esclavage de la dictature?
L'homme au totem lièvre comme on le nomme encore est un loup vêtu
de peau d'agneau pour se glisser imprévisiblement dans la bergerie. Chez
ce dictateur déguisé en bon démocrate, « la
vérité et le mensonge ne sont jamais loin l'un de l'autre et
rarement la vérité triomphe » (p. 169). Il s'est fait
entourer de marabouts-féticheurs qui lui appliquaient quotidiennement
des pratiques traditionnelles africaines notamment le maraboutage, les
sacrifices et les gris-gris. Criminel de la pire espèce, il «
fit fusiller les soixante et onze codétenus de Maclédio
», à qui il a infligé des séries de tortures
dans la « cabine technique » où les prisonniers
politiques subissent « la flagellation, la brûlure à
petit feu des plantes des pieds, les arrachements des ongles et autres
épreuves comme celle de l'eau et de l'électricité. Sans
faiblir...Sans parler... » (p.168). Machiavélique, Nkoutigui
Fondio courtise toujours les veuves de ses victimes pour s'attribuer les forces
vitales de ces dernières. Il incarne bien la dictature de «
l'impérialisme rouge », du communisme.
3.4. Tiékoroni dit "le vieux"
Il est le premier dictateur visité par Koyaga au cours
de son voyage initiatique. Dans « l'Afrique aux mille dictateurs
», il se fait appeler affectueusement « le vieux
». Maître de la
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République des Ébènes, il est totem
caïman. Auprès de lui, le novice dictateur, Koyaga, a beaucoup
appris sur « la périlleuse science de la dictature »
(p.183). En effet, le dictateur au totem caïman, lui a
révélé les « méchantes bêtes
» qui menacent au sommet de l'Etat et en tête d'un parti
unique. Tiékoroni est un grand voleur de biens publics, un menteur
assermenté. Il conseille à Koyaga de ne jamais séparer la
caisse de l'Etat et sa caisse personnelle, de n'instituer aucune distinction
entre le mensonge et la vérité. Criminel et cruel, l'homme au
totem caïman est sans pitié envers ses adversaires politiques,
qu'il considère comme des ennemis à abattre à tout prix
(p.200). Il a volé, volé l'argent du peuple au point qu'à
la fin de sa vie, il a été pris de kleptomanie.
Tiékoroni, « le petit vieillard », a
paru devant les yeux de la communauté internationale comme « le
Sage de l'Afrique », un dictateur généreux car «
il adopta les enfants de tous les chefs d'Etat africains assassinés
ou renversés pris en charge leurs veuves et maîtresses.
» (p. 204).
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