2.2.3. L'esclavage
Kourouma a profité du temps de la dénonciation
de la dictature pour fustiger les pratiques esclavagistes chez les Touareg. En
effet, le thème de l'esclavage est traité par Kourouma pour
montrer comment les Noirs ont été toujours méprisés
et considérés comme une race subalterne. Ainsi, les Touareg
désignent par « esclaves » les Noirs car dans la
langue touareg, « le même vocable exprime Nègres et
esclaves » (p. 153).
81
Mais, on peut aussi retrouver le thème de l'esclavage
dans une dynamique d'exploitation des peuples. Dans toutes les
Républiques de « l'Afrique continentale », les
populations sont pillées et outrancièrement exploitées.
« Oui ! Les handicapés portaient et
transportaient sur leurs voiturettes les hommes valides. Les aveugles guidaient
les voyants, tamisaient la boue, scrutaient l'eau brune, montaient des
compartiments pour arrêter la pierre. Les lépreux avec les
moignons creusaient, taraudaient la terre pour des bien portants ayant des
mains et des doigts... » (p.256).
2.2.4. Le culte de la personnalité
Ce thème se dessine à travers les faux attentats
montés de toutes pièces pour accroitre le prestige de Koyaga.
Ainsi, par des séries d'attentats « montés » pour la
plupart (la veillée V), seul Koyaga est l'homme miraculé. Il
profite donc de ces occasions pour se faire parler de lui de par le monde
entier. Ce qui n'a cessé d'étonner les autres dictateurs qui,
à la suite de chaque attentat, envoient des émissaires pour
s'assurer de la réalité, de la vérité de
l'attentat. Car on connait bien « tout ce qu'un dictateur africain
sait monter pour escroquer » (p. 276). Chaque fois qu'il
échappe à un prétendu attentat, Koyaga est accueilli comme
un ressuscité, un miraculé pourquoi pas un immortel.
Le culte de la personnalité s'est fait sur fond de
propagande généralisée. La conséquence en est que
Koyaga bénéficiera de plusieurs distinctions honorifiques (p.
332). 2.2.5. Le régime policier
Sous les régimes dictatoriaux, les mouvements des
populations sont surveillés scrupuleusement. Il n'existe donc pas une
libre circulation des personnes et des biens.
« Il est difficile, sous la férule de Koyaga,
au citoyen de pousser un soupir, murmurer un demi-mot siffler un air en
privé, même chez soi, sans que le Président en soit
informé. Très difficile de sortir le soir, changer d'habit, boire
et manger avec des amis [...] Il y a la police, les services de renseignements
de l'armée, de la Présidence. Ils ont les moyens que leur
confèrent les dictateurs et opèrent avec la méthode
particulière dont ils usent chez tous les pères de la nation
africains. » (p. 302).
82
|