2.2. Les thèmes secondaires
Les thèmes secondaires sont les grandes idées
directement liées au thème central. Nous pouvons distinguer la
violence, la sorcellerie et la magie, l'esclavage, la corruption...
2.2.1. La violence
La violence apparaît, dans le roman, comme le
dénominateur commun des chefs d'Etat. Ces derniers sont des dictateurs
sanguinaires, violents et criminels. Nous pouvons
70 Tomachevski,
`'Thématique» in Théorie de la
littérature, Paris, Seuil, 1965, p. 263.
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appréhender le thème de la violence sous
plusieurs variables : la violence physique, la violence spirituelle et la
violence psychologique.
La violence physique est représentée par la
torture physique. Tous les chefs d'Etat sont de redoutables tortionnaires. Dans
chaque République de « l'Afrique continentale », il
existe une prison spécialement construite pour s'occuper des adversaires
politiques : le camp Kabako dans la République des Monts ; la prison
Saoubas dans la République des Ebènes ; la prison de Nagaragla
dans la République du Pays des Deux Fleuves.
La violence spirituelle est incarnée par la pratique de
l'émasculation sur les victimes par les dictateurs. Ce rituel
fondé sur la violence sert à martyriser l'âme et l'esprit
de la victime afin que sa force immanente ne venge pas le mort en s'attaquant
à son tueur. Nous avons l'exemple de l'assassinat de Fricassa Santos et
du nouveau général Ledjo. Ce dernier montre bien cette souffrance
transcendantale :
« Malgré les cris du nouveau
général, le maître chasseur l'émascula - un
incirconcis doit être émasculé vif- [...] Les tirailleurs,
à trois, écartèrent les mâchoires du
président du comité. Vous, Koyaga, l'ancien combattant, vous avez
enfoncé le pénis et les bourses ensanglantés dans la gorge
béante... » (p. 116).
L'émasculation est une oppression transcendantale
infligée aux peuples par les dictateurs.
La violence psychologique est une forme de torture qui n'est
pas pratiquée directement sur la victime, mais sur des membres de sa
famille, en vue de casser son moral. L'homme au totem caïman est
réputé dans ce domaine. « Il fut méchant au point
d'avoir inventé, comme méthode de torture, la livraison, la
soumission de la vieille maman septuagénaire d'un prévenu au viol
d'un hideux lépreux libidineux » (p. 205).
Ces formes de pratiques violentes caractérisent le
pouvoir politique dans l'Afrique postcoloniale.
80
2.2.2. La magie et la sorcellerie
Tous les dictateurs postcoloniaux fondent leur pouvoir sur le
maraboutage, le fétichisme, la sorcellerie et la magie.
Le pouvoir de Koyaga repose sur la superstition. C'est sur les
pouvoirs du marabout Bokano et de la sorcellerie de sa mère Nadjouma,
que se fonde le pouvoir de Koyaga, sur la possession de deux objets magiques :
un aérolithe et un vieux coran inventés par Bokano. A l'aide de
ces pouvoirs magiques, Koyaga est capable d'ingéniosités
zoomorphiques pour aller à bout des difficultés (pp. 69-76). Pour
arriver à tuer Fricassa Santos, qui est également un grand
initié, un puissant sorcier au totem boa, Koyaga et les siens sont
allé consultés un maître vodou.
Nkoutigui Fondio, par des procédés magiques,
s'est attribué les forces vitales des soixante et onze détenus,
qu'il a fait fusiller, en courtisant la même nuit les soixante et onze
veuves éplorées (p. 175).
L'homme au totem léopard a même
créé un poste ministériel chargé des Affaires
occultes. « Le dictateur ne se déplace jamais sans une valise
pleine de fétiches. Chaque marabout augmente la collection de ses
porte-bonheur » (p. 246).
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