On peut d'abord distinguer, grossièrement, les «
biométries physiologiques » des « biométries
comportementales »124 125. Tandis que
celles-là s'intéressent à la démarche
caractéristique d'un individu, à la façon idiosyncratique
dont il parle, ou par laquelle il signe, ou tape sur un clavier, celles-ci se
concentrent sur la physiologie de l'individu, et en particulier sur une partie
du corps de l'individu (l'iris, le doigt, la forme de l'oreille, ou l'ADN). Les
biométries comportementales sont considérées comme moins
sûres étant donné le caractère évolutif des
comportements. Le G29 distingue ainsi les « données stables »
des « données dynamiques sur le comportement » (voix,
démarche, tracé de signature, frappe sur un clavier
d'ordinateur...), tout en notant d'une part que « certaines techniques
peuvent reposer à la fois sur la physiologie et sur le comportement
». Certains chercheurs travaillent ainsi, en s'inspirant de la vision
humaine, sur la façon de combiner les traits physiologiques et les
caractéristiques comportementales dans la reconnaissance faciale, ce qui
permettrait en particulier des systèmes pouvant reconnaître de
façon plus fiable un visage au cours du temps126
D'autre part, le G29 note que de « nombreux
systèmes biométriques (...) fonctionnent en associant diverses
modalités biométriques de l'utilisateur avec d'autres
technologies d'identification ou d'authentification »127.
L'identification de la personne se fait alors à l'aide de trois
méthodes qui peuvent être couplées: elle se fait sur la
base de ce que quelqu'un sait (mot de passe, numéro personnel
d'identification); sur ce qu'il possède (jeton, carte à puce,
clé CAD) et sur la personne elle-même (biométrie
physiologique ou comportementale)128. On parle alors de «
biométrie multimodale » (les dispositifs envisagés pour le
contrôle aux frontières de
124 G29, « Document de travail sur la
biométrie », adopté le ter août 2003 (12168/02/FR)
125 Steve Ranger, article « Behavioural biometric »
dans The A to Z of biometrics, publié en-ligne le 20
juillet 2006 sur
http://www.silicon.com/silicon/publicsector/o,380001o4o3,39160551-3,00.htm
126 Tistarelli, Massimo; Bicego, Manuele; Grosso, Enrico, «
Dynamic face recognition: From human to machine vision », Image and
Vision Computing 27 (2009) 222-232 (en-ligne sur
http://www.sciencedirect.com
et librement accessible sur http://profs.sci.univr.it/--bicego/papers/2oo9
IVC.pdf ).
127 G29, « Document de travail sur la biométrie
», adopté le ler août 2003 (12168/02/FR)
128 G29, ibid.
Chapitre II:Le rêve biométrique confronté
aux défis technologiques p. 68
l'UE utiliseront ainsi des « systèmes multimodaux
fondés sur la reconnaissance du visage et des empreintes digitales
»~~9).
L'avenir technique de la biométrie semble donc reposer
sur une imbrication des techniques que nous présentons ci-dessous. Cela
n'est pas sans poser un certain nombre de problèmes, notamment dans
l'intégration progressive entre technologies distinctes telles que les
puces RFID, la vidéo-surveillance, et tel ou tel système
biométrique, ainsi que dans l'entrelacement entre utilisation des
caractéristiques physiologiques et comportementales. Evoquant le projet
européen Humabio, le CCNE s'alarmait ainsi des conséquences d'un
projet qui « a aussi pour ambition de vérifier par ces
paramètres physiologiques l'absence de prise d'alcool ou de drogue ou de
privation récente de sommeil chez des salariés devant effectuer
des tâches telles que transport de fond, pilotage d'avion, manipulation
de produits dangereux, tant au départ que pour suivre en permanence leur
état de vigilance », multipliant ainsi les risques d'intrusion dans
la vie personnelles°.
129 Résumé exécutif du rapport de
l'Institute for Prospective Technological Studies (IPTS), JRC Commission
européenne (2005), « Biometrics at the Frontiers: Assessing the
Impact on Society » (2005), EUR 21585 (p.5) :
http://cybersecurity
jrc.ec.europa.eu/docs/LIBE%2oBiometrics%2oMarch
%2005/Biometrics exec summ FR.pdf
13° CCNE (2007), avis n°98,
"Biométrie, données identifiantes et droits de l'homme", p.5