1.2.2-Les compétences requises des tuteurs à
distance
De façon générale, les compétences
habituellement associées aux fonctions tutorales sont : les
compétences pédagogiques et relationnelles, les
compétences techniques et les compétences disciplinaires. De
nombreux auteurs mettent en avant l'importance des compétences de
réflexion et de formation de soi (Salam et Valmas, 2009), ainsi que la
capacité d'adaptation et d'innovation. Pour Linard (2003) le tuteur doit
également être « capable d'affronter des situations
imprévues, embrouillés et instables, et de définir
lui-même les tâches si nécessaire ». Ben Sallah
(2010) regrette, de son côté, « l'improvisation du
traitement de la question tutorale qui prévaut dans le choix de nombreux
dispositifs ».
Pour circonscrire dans ce travail les compétences
nécessaires à la fonction de tuteur, j'ai tenu compte du «
Référentiel de compétences de la certification au tutorat
à distance » (notamment des rubriques I à VI) de l'Agence
Universitaire de la Francophonie, qui recense « les rôles,
compétences requises et tâches des tuteurs à distance
». Toutes les compétences décrites relèvent de
connaissances transversales, et d'une perspective de centration sur
l'apprenant.
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Connaissances Correspondance entre
|
connaissances et compétences
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I
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Les caractéristiques de la situation d'apprenant
à distance
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Connaissances transversales, mais particulièrement
liées aux compétences de type psychologique et
psychosociologique et aux compétences de
type pédagogique
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II
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Les différentes fonctions du tuteur
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Connaissances transversales
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III
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Quelques notions courantes (par exemple :
réactivité/proactivité; communication en
mode synchrone/asynchrone; autonomie...)
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Connaissances transversales
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IV
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Les moyens de communication à distance et leurs
caractéristiques et usages pédagogiques
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Connaissances transversales, mais liées aux
compétences de type communicationnel et
aux compétences de type technique
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V
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Les techniques d'animation d'un groupe
d'apprenants à distance
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Connaissances particulièrement liées aux
compétences de type relationnel et communicationnel
|
VI
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Les modes de mise en oeuvre d'un soutien
individualisé
|
Connaissances transversales
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Figure 1-2: Compétences nécessaires
à la fonction du tuteur 1.2.3-Les modalités d'intervention
tutorales à distance
Comme nous l'avons déjà vu, le rôle du
tuteur est indissociable du dispositif de formation mis en place dans lequel il
exerce sa pratique, car il engendre des contraintes pour les apprenants mais
aussi pour les tuteurs. Les pratiques tutorales mises en place tout au long
d'une formation à distance évolueront en fonction du comportement
des différentes composantes du dispositif de formation.
Une première différenciation à faire
entre les modalités d'accompagnement tutoral serait par rapport à
la temporalité, à savoir au décalage temporel existant ou
non entre la « présence » du tuteur sur l'environnement
17
Gestion des interactions dans un dispositif hybride
: rôles et stratégies des tuteurs. Le cas du présentiel
réduit de l'Alliance française de La Havane.
numérique (c'est-à-dire ses interventions), et
la « présence » des apprenants, à savoir leurs
contributions ou leurs sollicitations. On peut alors parler d'un tutorat
«synchrone» (les échanges peuvent se faire à plusieurs
heures, voire jours, d'intervalle) ou «asynchrone»9. Ces
critères sont fortement liés aux canaux de communication
utilisés par les acteurs participant à une formation à
distance: mail, forum, blogs, wikis (asynchrone) ; téléphone,
chat, visioconférence (synchrone). Cependant, dans une situation
d'enseignement-apprentissage à distance, même si les
possibilités de configuration de la participation des acteurs et les
moyens qui viabilisent les interactions peuvent être variés, les
moments d'échanges synchrones sont plutôt rares ou moins nombreux.
Dans le cas de la FOAD que j'analyse, le tutorat préconisé par
l'institution et les concepteurs du dispositif est asynchrone, à cause
des conditions techniques et une connectivité défavorable, ce qui
n'empêche pas les tuteurs d'avoir d'autres initiatives. Le suivi
asynchrone permet aux tuteurs de disposer de plus de temps pour déceler
les erreurs, pour mieux élaborer des réponses, pour personnaliser
davantage leurs interventions.
Ensuite, la plupart des études sur les types
d'interventions tutorales distinguent fondamentalement deux postures tutorales
ou modèles d'exercice de la pratique de tuteur : le tutorat «
réactif » et le tutorat « proactif ». Voyons les deux
modèles proposés par Glickman (2002) :
A- « Les tuteurs (plutôt) réactifs sont
ceux qui se contentent de répondre aux demandes explicites des
apprenants sans anticiper ces demandes et sans chercher au-delà
». Dans cette modalité, la plus courante, les tuteurs
attendent d'être sollicités par les apprenants pour intervenir. Le
tuteur ne fait que réagir a une demande, message, travail qui a
été posté ou que lui a été envoyé par
l'apprenant.
B- « Les tuteurs (plutôt) proactifs sont ceux
qui répondent aux demandes explicites des apprenants, mais qui prennent
l'initiative de proposer une aide et s'appliquent à faire émerger
des demandes ». Le tuteur n'attend pas que les apprenants formulent
une demande mais essaie de l'impliquer, de le faire participer/contribuer,
socialiser.
Dans ce sens, Glickman (2002 :9) propose un schéma pour
comprendre les particularités des quatre catégories de tuteurs,
et afin d'expliquer les facteurs qui sont à l'origine des
différences observables entre les tuteurs (culture, formation,
motivation). Ces facteurs seraient : « [...] l'idéologie
pédagogique des dispositifs institutionnels dans lesquels exercent les
tuteurs », « la formation première des tuteurs et leur
expérience professionnelle », leur satisfaction par rapport
à l'emploi qu'ils occupent et à l'exercice d'une fonction
tutorale [...] ainsi que la manière dont leurs enjeux professionnels ou
leurs options idéologiques les conduisent à investir dans cette
fonction ».
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