C- Les enjeux de la Nouvelle Économie
Comme nous venons de l'écrire, l'innovation est
étroitement liée à l'histoire du capitalisme de
marché. Cette histoire cyclique, est ponctuée d'importantes
révolutions industrielles. Il en ressort que les innovations et le
progrès technique sont parmi les principaux moteurs de ces cycles de
croissances économiques. Ce processus est mis en évidence par
Schumpeter (1942), sous l'appellation de « destruction
créatrice », expression rendue célèbre dans
son ouvrage référence "Capitalisme, socialisme et
démocratie" publié en 1942.
L'expression désigne le processus de disparition de
secteurs d'activité conjointement à la création de
nouvelles activités économiques. Dans les économies
capitalistes, toute innovation technologique importante entraîne un
processus de destruction créatrice.15(*)
Les entreprises bénéficiant d'un monopole sont
donc susceptibles d'être menacées par l'apparition d'une
innovation radicale.
Ainsi, une innovation radicale peut entraîner dans son
sillage, une révolution industrielle de grande ampleur impulsant un
nouvel élan à l'économie et des transformations
structurelles qui sont à la fois quantitatives (quantités
produites et nombre d'emplois) et qualitatives (types d'activités et
d'emplois).
La dernière en date, débute à partir des
années 1970 avec l'invention d'Internet16(*), du microprocesseur17(*) et de l'ordinateur de bureau. Elle est la
troisième révolution industrielle, plus connue sous le nom de
« révolution virtuelle » (Bardini, 2000).
Elle se caractérise essentiellement par :
- une robotisation progressive des usines de production et une
augmentation de la productivité
- une accentuation de la mondialisation (construction de
réseaux internationaux, levée des obstacles à une libre
circulation du capital, déréglementation du secteur
financier).
- une diminution des coûts de collecte et de diffusion
de l'information (grâce aux TIC).
Figure 3 : Indice Composite du NASDAQ
(Le monde, 11 mars 2000)
Cette troisième révolution industrielle est
à l'origine de la Nouvelle Économie, terme
symbolisant la hausse de la croissance générée à
partir de la fin des années 1990 par l'explosion NTIC. Les
États-Unis ont alors jouit d'une croissance exponentielle comme
l'illustre la figure ci-contre.
Ce progrès technologique s'est accompagné d'un
abaissement de la durée du cycle de vie des produits (loi de Moore
prédisant que la puissance des microprocesseurs doublera tous les 18
mois).
Le phénomène trouve son origine dans une rapide
évolution des besoins des consommateurs, exigeant plus de
nouveautés (individualisation de l'offre) et s'explique aussi par un
accroissement de la concurrence internationale qui conduisit à une forme
d'hyper-compétition sur certains marchés.
Figure 4 : Accroissement des brevets
octroyés depuis 1990 (Bomsel & Le Blanc, 2003).
Ce constat renforce l'importance de l'innovation comme
condition impérative de succès pour les entreprises. L'Union
européenne, pour sa part, s'est fixée en Mars 2000, au Conseil
européen de Lisbonne, l'objectif stratégique ambitieux de
«devenir l'économie de la connaissance la plus
compétitive et la plus dynamique du monde»18(*).
De fait, les nouvelles idées constituent la richesse la
plus précieuse de la Nouvelle Économie. Pourtant, leur production
ne doit pas être considérée comme un processus incertain et
mystérieux.
La vision emphatique du génie solitaire qui invente
à partir de rien, est le fruit d'une imagination romantique et
naïve. En réalité, l'innovation est un processus long et
coûteux qui implique souvent de lourds investissements en Recherche &
Développement (R&D), conception, ingénierie et marketing.
Cela doit être un pilier de la stratégie de l'entreprise. C'est
pourquoi elle doit être systématisée et permanente. Nous
parlons alors d'innovation totale19(*).
* 15 Source de la
définition : Banque de Ressources Interactives en Sciences
Économiques et Sociales (brises.org)
* 16 Inventé en 1969 par
le département de la Défense américaine sous l'appellation
Arpanet.
* 17 Inventé par la
société américaine Intel en 1971.
* 18 Source de la
citation: Le portail de l'Union Européenne (europa.eu).
* 19 En référence
à l'ouvrage intitulé :"Les maitres de l'innovation totale" de
Jean-Philippe Deschamps et Ranganath Nayak, publié en 1998.
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