111.6 Profession du père et moyenne scolaire
Tableau 21 : la moyenne scolaire selon la profession du
pére ou le tuteur
Profession du père ou du tuteur
|
|
|
|
Performances scolaires (moyennes annuelles /
20)
|
|
|
|
Moins de 10
Nbre %
|
Nbre
|
10
%
|
Nbre
|
11
%
|
Nbre
|
12
%
|
Nbre
|
13
%
|
Nbre
|
14
%
|
Total
Nbre %
|
Agriculteurs
|
21
|
56.76
|
08
|
21.62
|
05
|
13.51
|
02
|
5.41
|
01
|
2.70
|
00
|
00.00
|
37
|
45.12
|
Ouvriers
|
05
|
71.43
|
02
|
28.57
|
00
|
00.00
|
00
|
00.00
|
00
|
00.00
|
00
|
00.00
|
07
|
08.54
|
Fonctionnaires
|
10
|
34.48
|
16
|
55.17
|
01
|
3.45
|
00
|
00.00
|
01
|
3.45
|
01
|
3.45
|
29
|
35.36
|
Professions libérales
|
02
|
40.0
|
01
|
20.00
|
00
|
00.00
|
02
|
40.00
|
00
|
00.00
|
00
|
00.00
|
05
|
6.10
|
Retraités
|
4
|
100.0
|
00
|
00.00
|
00
|
00.00
|
00
|
00.00
|
00
|
00.00
|
00
|
00.00
|
04
|
4.88
|
Total
|
42
|
51.22
|
27
|
32.92
|
06
|
7.32
|
04
|
4.88
|
02
|
2.44
|
01
|
1.22
|
82
|
100.0
|
Source : enquete de terrain Juin
2007
A travers le tableau 21, il est mis en relation les
performances scolaires des éléves calculées sur la base de
leurs moyennes annuelles et la profession du pére ou du tuteur qui est
un indicateur concret de leurs conditions socio-économiques. Ces
résultats montrent que la performance la moins élevée
(moins de 10 de moyenne) est celle d 'enfants de retraités (100%),
suivis de ceux d 'ouvriers (71.43%), d 'agriculteurs (56.76%), des professions
libérales (40%) et des fonctionnaires (34.48%). Ces statistiques, loin
de contredire les données du tableau 15 (appréciation fait des
enquêtés de l 'impact de leur niveau de vie sur les
résultats scolaire) méritent plutôt qu 'on leurs accorde
une attention particuliére. En effet, deux raisons fondamentales peuvent
rendre cette situation possible. Premiérement, la prise en compte d
'éléments d 'ordre personnel et scolaire. La motivation ou l
'absence de motivation, les groupes de pairs (effet d 'entrainement, les bonnes
ou mauvaises fréquentations, le mimétisme), le défit
personnel (Gilbert TSAFAK, 1980) et l 'environnement scolaire (Ivan ILLICH,
1971) sont autant de facteurs qui peuvent influencer les performances des
enquêtés
en dépit de leurs conditions de vie et du
même coup expliquer ces résultats. La seconde explication peut
venir du fait que lors de nos tirages, nous sommes tombés sur des
enfants de retraités, de fonctionnaires et de parents exercant une
profession libérale qui avaient une performance de moins de 10 de
moyenne. Par ailleurs, il est a noter que c 'est seulement chez les
fonctionnaires et les professions libérales que le pourcentage d
'enfants qui ont 10 ou plus de 10 de moyenne est supérieur a celui des
moins de 10 de moyenne respectivement 65.52% contre 34.48% et 60% contre 40%.
La situation est contraire chez les ouvriers et chez les agriculteurs qui est
respectivement de 28.57% contre 71.43% et 43.24% contre 56.76%. Il convient
cependant de bien comprendre le contexte de ces données a tendance
générale et de noter qu 'il s 'agit de performances moyennes
d'éléves par profession du pére ou du tuteur. Ces
statistiques ne veulent donc pas dire que pris individuellement, tel enfant
dont le pére exerce une profession donnée est performant que n
'importe quel autre enfant issu de pére d 'autres professions. La preuve
en est qu 'un éléve de parent agriculteur a eu 13 de moyenne
contrairement aux enfants dont le pére exerce une profession
libérale et que 5.41% d 'enfants d 'agriculteurs ont eu 12 de moyenne
contre 00% d 'enfants de fonctionnaires. Ces cas particuliers peuvent
résulter de la motivation et du dynamisme intrinséque de cette
catégorie d'éléves a réussir en dépit de
leurs conditions socio- économiques. En effet, la vision qu 'un
éléve se fait de la réussite sociale est un facteur
capable d 'influencer son parcours scolaire et particuliérement lorsque
ce dernier accorde une grande importance aux études en l 'envisageant
comme un générateur possible d 'ascension sociale (Gilbert
TSAFAK, 1980). C 'est ce que pense également un enseignent du CNZ lorsqu
'il affirme ceci: (( Un éléve peut etre un bon travailleur
malgré ses conditions de vie. Par contre, il y'a des
éléves dont ça va chez eux a la maison mais qui ne
travaillent pas bien en classe car les conditions de vie meilleures dans
lesquelles ils vivent rendent ces éléves indisciplinés et
moins studieux » (entretien avec Y. L, 20 juin 2007,
domicile).
A l 'exception de ces cas particulier, ces
données statistiques montrent qu 'il existe une relation causale entre
la profession des parents d'éléves et la performance scolaire de
leurs enfants. En effet, l 'argument en faveur de cette influence de la
profession du pére sur la performance de l 'enfant est que la profession
du pére détermine dans une certaine mesure les conditions de vie,
d 'étude et les moyens financiers mis a la disposition de
l'éléve lui permettant ainsi de justifier sa performance (Alain
GRAS 1974). Le constat que la probabilité d 'obtenir de bonnes
performances chez les enfants d 'agriculteurs et d 'ouvriers est faible, peut
donc s 'expliquer par le fait que leurs parents soient les plus incapables a
offrir a leurs enfants
de meilleures conditions de vie et d 'étude
faute de moyens contrairement aux fonctionnaires et mieux encore a ceux
exercant une profession libérale. Nos entretiens aupres des personnes
ressources ne font que confirmer ce constat.
Selon le proviseur du Lycée Rialé :
« le taux de succés relativement faible de l'établissement
s'explique par le fait que pres de 60% des éleves sont issus de parents
ou tuteurs qui vivent en deçci du seuil de pauvreté. En
témoigne l'affluence au sein de la cantine scolaire donc probleme de
restauration. A cela s'ajoute le probleme de logement,
d'électricité et de reglement des frais de scolarité...
» (entretien avec G.M, 11 juin 2007, LRT).
Les propos d 'un enseignant du College Naaba Zoungrana
confirment celui du proviseur. En effet pour lui : « le fait que la
majorité des éleves soit issue d'une famille pauvre a une
influence sur le niveau de performance général de la
localité. Le manque de matériels didactiques, de moyens de
déplacement, d'argent pour s'abonner a la bibliotheque et la cantine
contribue a l'échec des éleves » (entretien avec C.K.F,
14 juin 2007, CNZ).
Néanmoins, s 'il est indéniable que les
conditions de vie des éleves influencent leurs résultats
scolaires (Maxime COMPAORE, 1996), la possibilité d 'avoir 12 et 13 de
moyenne par certains enfants d 'agriculteurs laisse penser qu 'on peut
également rechercher ailleurs le facteur déterminant explicatif
de la réussite scolaire, notamment dans l 'engagement et la prise de
conscience de l'éleve a réussir en dépit des conditions
liées a son origine sociale (voir analyse tableau
21).
|