B) Des coûts et des rétributions
féminins du militantisme Gaxie et la théorie des coûts et
rétributions
En France, Gaxie a été l'un des premiers a
apporté cette théorie des coûts et des rétributions
du militantisme86. Il est parti lui-même des théories
des mobilisations sociales, et notamment celle de Weber, qui n'apportaient pas
d'explications de l'engagement bénévole du militant de base.
Weber fournissait en revanche une explication à l'engagement des
militants bénéficiant d'une rémunération. Les
analyses de Gaxie publiées en 1977 sur les coûts et
rétributions auraient essuyées de nombreuses critiques. Selon lui
la définition même de rétribution en tant que «
plaisirs, joie, bonheurs, profits, bénéfices, gratifications,
incitations, ou récompenses du militantisme (pas nécessairement
recherchées comme telles et la plupart du temps non monétaires)
» ne seraient pas au goût des milieux militants, ni de certains
chercheurs, car non officielles ou vues comme « scandaleuses ».
87Les rétributions telles quelles sont décrites chez
Gaxie seraient contraires aux valeurs de l'engagement qualifié comme
« estimable, noble, généreux, courageux, civique ».
Paradoxalement encore, il semble que ces rétributions, « joie,
bonheur, et autres » qui sont reniés dans les milieux militants et
dans les travaux des chercheurs jusque là, soient au contraire assumer
et défendues ouvertement dans les mobilisations sociales de femmes. Il
semblerait donc que masquer, renier ces rétributions au profit du seul
attachement a la noble cause corresponde a une logique masculine de
l'engagement. Bien sûr chez les militantes femmes interviewées,
l'attachement a la cause féministe, ou LBT est importante, mais elle est
loin de masquer les rétributions qui comme nous allons le voir sont
ouvertement exprimées.
Les coûts du militantisme féminin en
Turquie
Selon Gaxie l'engagement militant « génère
des rétributions qui le stimulent en retour », mais il «
peut aussi être couteux (en temps, énergie, disponibilité,
pénibilité, style de vie...) ~, pour lui les causes de
l'engagement seraient égales a la somme des
86 Daniel GAXIE, «Rétributions du
militantisme et paradoxes de l'action collective», Swiss Political
Science Revue, Vol 11, N°1, (2005), p157-188
87 Daniel GAXIE, Ibid.
couts et des rétributions, car les efforts fournis les
sacrifices, le don de soi, les risques généreraient des «
sensations d'apaisement, de sérénité, de satisfaction
morale ».88 Nous allons voir dans un premier temps
qu'effectivement le militantisme des femmes à Istanbul peut être
très couteux.
D'une part l'activisme en général est vu en
Turquie par l'opinion publique comme du « terrorisme ». La
société civile ayant émergée après le coup
militaire de 1980, l'activisme a gardé pour l'opinion publique une
connotation péjorative synonyme d'anarchie, et de remise en cause de
l'ordre social. Ainsi militer, faire partie d'une association c'est aussi se
confronter au regard pas toujours bienveillant, voire souvent négatif de
la majorité, et souvent de sa propre famille. Ce qui peut dans le cas de
jeunes filles (Eceme par exemple) être coûteux psychologiquement.
Pendant les manifestations, il y a évidemment les insultes et autres
harcèlement verbaux, ou certains dangers « minimes » comme les
gaz lacrymaux. Les manifestations ayant lieu toujours à Taksim, à
Istiklal Cadesi, dans cette longue rue commerçante et
occidentalisée, cela représente donc un risque limité, en
revanche les militants que ce soit pour les causes féministes, LGBt ou
tout autre domaine, ne se risquent pas à manifester ailleurs que dans ce
périmètre « sécurisé ». A partir de
là, nous pouvons penser que l'activisme en Turquie est bel et bien
risqué. Certaines militantes disent que la police les mette sur
écoute, d'autres disent que tant qu'elles n'ont rien à voir avec
les kurdes, on les laisse tranquilles. Quoi qu'il en soit la peur est bien
présente. Il était souvent dit « tout le monde nous met des
limites, la famille met des limites, l'Etat met des limites, la police met des
limites, mais nous passons au dessus ». 89 Elles ne
s'empêchaient donc pas de mener leurs actions, tout en restant prenant
garde de rester dans une « certaine limite ». Hilal (d'Amargi) disait
« je ressens tout le temps le danger autour, mais toujours se concentrer
sur le danger te rends malade ». 90Nous pouvons ici
brièvement évoquer l'histoire de Pinar Seleck, l'une des
fondatrices d'Amargi, également rédactrice au magazine Amargi,
chercheuse en sociologie, et activiste féministe, anti-militariste,
pacifiste, pro kurde et internationalement connue. Il y a quelques
années maintenant, elle a été accusée a tort
d'être l'instigatrice d'un attentat à la bombe dans le bazar aux
épices d'Istanbul. Elle passa deux ans et demi en prison et onze
années devant les tribunaux. Acquittée trois fois, en 2006, en
2008, puis le 9 février 2011, elle vient d'être reconvoquée
par la Cour d'assise en juin 2011. Cet exemple souligne le fait qu'il existe
encore certaines lacunes en matière de Droit de l'Homme et de la Femme
en Turquie, et notamment dans le droit d'expression, ainsi les libertés
d'expressions sont limitées surtout lorsque l'on défend la cause
kurde.
88 Daniel GAxie, Ibid.
89 Tirée des entretiens réalisés
en anglais avec 5 militantes (trois à Lambda, deux à Amargi),
âgées de 21 à 35ans, entretiens effectués à
Istanbul en Turquie
90 Tirée des entretiens , Ibid.
D'autres coûts existent comme la difficulté de
gérer toutes les sphères de la vie personnelle. Les militantes
à Lambda et à Amargi sont toutes bénévoles, la
plupart sont étudiantes, mais les autres travaillent. Comment
gérer vie professionnelle, vie de famille, vie de couple, moments
à soi et activisme tout à la fois ? Certaines évoquent la
difficulté à lier vie professionnelle et activisme, par exemple,
Hilal (35 ans) « Au début je travaillais de 9h à 18h, voire
plus, et je travaillais sur la rive asiatique (à environ 1h/2h de route)
(...) c'est très difficile d'être un(e) activiste en Turquie,
ça prend beaucoup de temps, si tu veux faire quelque chose, tu dois
chercher des fonds, ce qui prend du temps, et les conditions de travail sont
dures, tu travailles 8, 10,12h par jour, donc tu ne peux pas faire n'importe
quelle profession si tu es activiste, par exemple pour la classe
ouvrière c'est beaucoup plus difficile ».91 Ce
témoignage peut donner une bribe d'explication concernant le fait que la
composition des militantes soit aussi peut brassée au niveau des classes
sociales. Hilal a changé de travail et est devenue graphiste free lance
pour se laisser la liberté et la possibilité d'être
activiste. Anne, elle aussi a un fait un choix, elle a décidé de
n'avoir aucune profession, et de consacrer tout son temps a l'activisme (et de
ne travailler qu'en cas de force majeur). Carrière professionnelle et
carrière militante sembleraient donc difficilement conciliables. Vie
familiale? aucune n'a d'enfant. Vie conjugale? aucune n'est mariée. Pour
les plus âgées (la trentaine), militer est donc devenu un choix de
vie, avec lequel, en fonction duquel, et autour duquel elles organisent leur
vie. L'activisme semble tellement apporter que le reste ne semble plus si
important. Pour les étudiantes, la prise de temps que demande
l'engagement militant semble aussi parfois difficile a concilier avec les
études et la vie étudiante. Ozge (Lambda) parle «
d'auto-exclusion du militantisme pendant un certain temps, pour avoir du temps
pour soi, pour son job, et pour ses études ».92 Gizem
témoigne de la fluctuation de son engagement « Maintenant que j'ai
terminé mes études, je vais être plus disponible(...) mon
engagement dans l'association change tout le temps(...) ça demande
beaucoup de temps et ce n'est pas facile, c'est vraiment dur pour moi
mentalement d'être responsable de quelque chose dans sa totalité,
d'avoir certains délais a tenir...~. Effectivement l'investissement
militant semble prendre beaucoup d'énergie et « d'espace mental
», pas toujours facile à gérer en parallèle de sa vie
de jeune adulte et de ses études. Mais grâce à la
flexibilité des organisations, il semble facile pour ces jeunes
militantes de s'éloigner quelque temps, de prendre ses distances, de
« mettre des limites avec sa vie privée » (Eceme) et revenir
ensuite au militantisme.
Si nous revenons a ce que disait Gaxie, les causes de
l'engagement qui correspondrait à la somme des coûts et des
rétributions, et non pas les rétributions moins les coûts.
Il semble ici qu'effectivement, travailler dur, sacrifier de son temps
personnel à la
91 Tirée des entretiens réalisés
en anglais avec 5 militantes (trois à Lambda, deux à Amargi),
âgées de 21 à 35ans, entretiens effectués à
Istanbul en Turquie
92 Tirée des entretiens, Ibid.
réalisation d'un projet, participe grandement a
l'amplification des gratifications lorsque que ce projet ou
évènement est enfin réalisé. Ainsi Hilal dit «
j'adore travailler si dur pour qu'Amargi survive )).
Des rétributions du militantisme
féminin ouvertement exprimées et assumées
Quelles sont donc les rétributions de l'activisme
féministe et LBT ? Même si les militantes femmes parlent peut
être plus ouvertement de certaines rétributions, il n'est pas si
aisée de toutes les percevoir, d'autant plus que certaines sont non
conscientes chez les militantes. La rétribution (non monétaire et
autre que la cause) la plus visible est l'intégration des militantes
dans un réseau social partageant une identité collective commune
par le biais des organisations Amargi et Lambda. Ainsi Hilal dit « nous
sommes comme une famille (...) la plupart des gens s'aime a Amargi )), Gizem :
« Amargi m'a fait connaître des gens formidables et vraiment
géniaux )), Anne : « mes amis sont ici (...) ça créer
des liens supers forts entre les gens qui fréquentent ce lieu )), Eceme
; « A Lambda j'ai trouvé beaucoup d'amis, de bons amis, et de
petites amies )).93 Ainsi Amargi et Lambda sont des lieux de
rencontres, de tissage de relations amoureuses ou amicales, et permettent aussi
le développement du sentiment rassurant d'appartenir a une
communauté, « une famille ~, d'être soutenu et compris
quoiqu'il arrive. Pour certaines ces associations remplacent leur propres
famille, en effet certaines LBT par exemple ont subit des rejets ou des
exclusions de part leur famille n'acceptant par exemple leurs orientations
sexuelles. Lambda fait donc office de refuge. Et se sentir à nouveau
intégrer une communauté peut aider à panser les blessures
vécues. Gaxie parle « d'espace d'intégration, de loisirs, de
convivialité, de fraternité et de vie amoureuse
)).94
Une autre rétribution qui apparaît assez
facilement est l'augmentation de l'estime de soi des militantes. Bien que
l'engagement dans ce type d'associations provoque pour la plupart un rejet de
la famille, mais aussi souvent un rejet du milieu extérieur
professionnel ou autre, car être militante féministe ou LBT c'est
s'exposer aux insultes, ou a l'incompréhension, le fait de se retrouver
dans ce que nous pouvons appeler « une communauté )) et de se
sentir soutenues, aidées, et comprises augmente la confiance en elles
des militantes. Hilal témoigne « en entrant a Amargi, j'ai
commencé à faire confiance aux autres, et on m'a accordé
de la confiance, j'ai réalisé que je m'étais
libérée... ~. D'autres militantes témoignent du fait de se
sentir de plus en plus fortes grâce au militantisme, Eceme dit «
Lambda donne de la force et de l'espoir aux
93 Tirée des entretiens réalisés
en anglais avec 5 militantes (trois à Lambda, deux à Amargi),
âgées de 21 à 35ans, entretiens effectués à
Istanbul en Turquie
94 Daniel GAXIE, «Rétributions du
militantisme et paradoxes de l'action collective», Swiss Political
Science Revue, Vol 11, N°1, (2005), p157-188
LGBTs ». Le fait d'être en « communauté
», soutenues, et comprises, ne serait pas le seul élément
permettant d'augmenter l'estime de soi de ces militantes, ile fait d'arriver
peu a peu a affirmer son identité en tant que différent de la
norme peut jouer aussi beaucoup. Ozge s'est affirmé en tant que Trans a
Lambda, par exemple. Mais aussi l'enrichissement intellectuel, le fait d'avoir
accès a autant de lectures, ainsi qu' à des discussions, des
débats philosophiques, sociologiques, de rencontrer d'autres
étudiants, ou personnes érudites, fait qu'il y a une sorte
d'émulation intellectuelle, et que les militantes se sentent plus «
riches )) qu'avant. Certaines ont ainsi le sentiment de commencer à
comprendre le monde qui les entourent, ainsi Anne nous livre dans son entretien
« Il y a beaucoup de gens qui réfléchissent là-dessus
(à propos des normes de genre) que tu rencontre, et puis tout d'un coup
tu es pris dans le truc, et puis c'est comme une pelote, tu tires dessus, et il
y a tout un amas de trucs qui apparaissent et qui deviennent clair dans ta
tête, c'est comme si tout devenait limpide ~. Et puis il y a
l'apprentissage pratique a s'émanciper des normes sociales et a
l'appliquer au quotidien, dans les workshops par exemple sur le corps ou la
sexualité. Toutes les militantes témoignent de l'aide qu'ont
apporté ces organisations dans leur émancipation personnelles. Le
militantisme féminin permet aussi l'amélioration des
savoirs-faires, ou de certaines compétences pratiques comme organiser
des évènements, ou mettre en oeuvre des projets, passer des coups
de téléphones, prendre la parole en public... Tout ceci contribue
au sentiment d'amélioration de la confiance en soi. Le sentiment d'agir
sur sa vie d'abord, et sur le monde ensuite, et de ne plus être
simplement passive est aussi une gratification du militantisme. Ainsi Ozge dit
« je me sens plus forte parce que j'ai le sentiment d'agir sur la
politique et sur ma vie ». Anne explique « moi il y a trop de trucs
qui me mettent en colère pour que je puisse juste me lever et aller
travailler tous les matins ce n'est pas possible. Donc moi je peux pas faire
autrement que de m'organiser pour que ça change 95»,
finalement pour elle « agir » serait comme une
nécessité morale. Marion96 (militante à
Mix-Cité Rennes) affirme « je me dis qu'au moins je me laisse pas
faire, même si les mentalités ne changent pas, j'aurais fait tout
ce que j'ai pu, ça aide a se regarder dans la glace ». Ici on voit
bien que le fait d'avoir le sentiment d'agir aide a l'amélioration de
l'estime de soi, et pour certaines cela devient une nécessité
« morale », de prime abord mais peut être aussi parce que
reliés a l'estime de soi. Pour finir voici le témoignage de
Marion qui résume bien, toutes les rétributions que j'ai pu
observer dans les mobilisations de femme à Istanbul : « Je pense
que pour être militante sur la durée, il faut vraiment le faire
pour soi en fait. Parce que si tu le fais pour les autres tu seras
déçue d'investir autant d'énergie, ce serait essayer de
vider la mer avec une petite cuiller... Si tu le fais d'abord pour toi... Enfin
moi par exemple ça m'a appris plein de
95 Tirée des entretiens réalisés
en anglais avec 5 militantes (trois à Lambda, deux à Amargi),
âgées de 21 à 35ans, entretiens effectués à
Istanbul en Turquie
96 Pré entretien réalisé avec
Marion, militante rennaise à Mix Cité.
choses d'être militante. Déjà il y a eu
beaucoup de lectures qui m'ont fait du bien. Au niveau plus pratique, je fais
de la vidéo maintenant mais j'ai appris via le militantisme. Enfin des
choses toutes bêtes, faire un compte rendu, faire un tract, faire une
belle affiche, enfin tu vois ça m'a vachement apporté, et puis il
y a les rencontres aussi et j'ai rencontré des gens formidables. Donc je
suis contente de moi. Je suis contente de vivre ça. Après je ne
le fais pas que pour moi... C'est hyper gratifiant, tu vois il ya pleins de
choses qui m'énerve mais au moins je fais mon possible pour que
ça change. Donc ouais ça fait du bien quoi97».
Elle fait preuve d'une grande lucidité sur les motivations de son
engagement sur le long terme et de ses rétributions. Selon Gaxie a les
gratifications que génèrent l'engagement sont susceptibles
d'être concurrencées par d'autres obligations ou satisfactions
telle que la vie amoureuse, familiale, scolaires, professionnelle, ou encore
les loisirs ». Donc si ces militantes s'investissent sur le long terme, (9
ans pour Hilal, 3 ans pour Gizem, 4 ans pour Eceme, Marion 4 ans, Ozge 1 an et
demi) et alors que cet investissement comporte des coûts, et même
si les coûts sont parfois eux même synonymes de gratification,
force est de constaté que cet engagement apportent de nombreuses
rétributions aux femmes qui en font partie. Et que ces
rétributions en concurrence avec les autres sphères de la vie
personnelle de ces militantes, sont responsables des fluctuations de
l'investissement militant, et de leur besoins de se a déconnecter »
du militantisme de temps à autres, mais pour au final y revenir. Et pour
en revenir à ce que nous avons dit au début du paragraphe, il est
notable que les militantes femmes n'ont pas du tout honte, d'exprimer ces
gratifications (non monétaires), qu'elles en parlent même avec
fierté, car pour la plupart, ces rétributions sont le signe
même de leur évolution, et donc de leur émancipation. Au
final, c'est ici que se joue la différence avec d'autres mobilisations
sociales, dont les objectifs sont aux premiers abords d'ordre « politique
», ou a humanitaire » ou autre, et donc pour lesquelles il est
difficile d'avouer des rétributions autres que l'attachement a la cause.
Pour les mobilisations féministes et LBT, la manière d'agir est
autre, c'est d'abord « se changer soi pour changer le monde ~,
l'émancipation personnelle est donc ici primordial, il fait parti des
revendications, et des moyens d'action. « se changer soi » est
intrinsèquement lié aux théories féministes, mais
aussi LBT, et est surtout lié a un vécu d'oppression. Des hommes
utilisent aussi cette stratégie d'action (Gandhi), elle n'est donc pas
propre au féminin.
Synthèse
Nous avons vu dans cette partie que les militantes de Lambda
et d'Amargi étaient toutes issues de la classe moyenne
supérieure, ce qui a facilité leur entrée dans le
militantisme, leur permettant d'avoir accès a un « capital
symbolique intellectuel », de part leurs études et le milieu dans
lequel elles ont évoluées et grandies. Le
97 Pré entretien réalisé avec
Marion, Ibid.
militantisme féminisme et LGBT est donc difficilement
accessible à tout le monde, et à toutes les classes. Nous avons
vu ensuite que le militantisme féministe et LGBT en Turquie comporte de
nombreux coûts, en tant qu'étant très mal vu par l'opinion
publique, mais aussi très surveillé par l'Etat et la police. De
plus les conditions de travail en Turquie sont difficiles, il est donc
difficile d'allier profession et militantisme, et pourtant le fait d'avoir un
travail apparaît comme une condition sine qua non de l'entrée dans
le militantisme, car il permet aussi l'indépendance financière et
donc la liberté du choix de vie. Si les militantes persistent dans ce
type de militantisme c'est qu'il comporte de nombreuses rétributions
autres que financières et morales, rétributions qu'elles assument
parfaitement. En effet le militantisme féminin permet
l'intégration dans un réseau social ayant des valeurs
identitaires proches ou identiques de celles aspirées, il permet aussi
l'augmentation de la confiance en soi des participantes de part le soutien
affectif et émotionnel, mais aussi de part l'enrichissement
intellectuel, l'acquisition de nombreux savoirs faire et donne le sentiment
d'être active sur sa vie et non plus passive.
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