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Genre & mobilisations sociales: étude de genre des mobilisations féministes radicales et LGBT à  Istanbul

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par Adèle PRUVOST
Université Rennes 1 - Master 2 Sciences Politiques 2011
  

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Conclusion

Nous avons cherché tout au long de ce travail à démontrer trois choses : la première est la nécessité d'impliquer le genre dans l'étude des mouvements sociaux, la deuxième est l'utilité encore de cet outil analytique dans l'étude du contexte politicoculturel, contexte étant primordial à saisir pour comprendre les raisons des revendications des mobilisations étudiées, et donc de la cause de leurs émergences, et de leur développement, et enfin nous avons voulu prouver que l'étude de genre était d'autant plus importante dans l'étude des mouvements qualifiés ici de « critiques du genre », c'est-à-dire des féministes radicales et des mouvements LGBT, afin de rendre compte au mieux de toute leur spécificité.

Nous avons donc d'abord étudié brièvement les failles des théories classiques des mouvements sociaux, c'est-à-dire leur langage « rationalisant, stratégique » suivant une logique masculine de la rationalité et ne permettant pas de rendre compte pleinement des mouvements féministes et LGBT. Nous avons ensuite établis un rapide « état des lieux ~ des théories novatrices combinant l'apport du genre dans l'étude des mouvements sociaux. En effet le genre permet de rendre compte, des structures d'opportunités en étudiant les champs culturels, politiques du contexte des mobilisations. Il permet aussi de faire ressortir les structures organisationnelles et les répertoires d'action des mobilisation de femmes et féministes qui suivent une logique différente que celle invoquée dans les théories classiques de l'étude des mouvement sociaux, en raison de l'appartenance sexuée de leurs participantes. Enfin nous avons vu avec les théories de Ferree et de Acker que le travail émotionnel d'une organisation pouvait être étudié à partir du genre, car les organisations suivraient en majorité une « éthique masculine de la rationalité » (selon le concept de Joan Acker), alors que les mobilisations féministes et LGBt ne suivent pas cette logique, et donc font un travail émotionnel différent.

Afin d'étudier l'émergence des mobilisations féministes et LGBT, il utile de comprendre le contexte turc, contexte fortement normé. Afin de tenter de saisir d'oü vient cette division hiérarchique culturelle des rapports de genre, nous avons exploré l'image de la femme dans l'imaginaire collectif, c'est-à-dire à partir des mythes nationalistes, de la religion majoritaire : l'Islam, et de l'idéologie kémaliste encore prégnante actuellement. Dans les mythes nationalistes, Nous avons vu d'abord que la Terre était personnifiée en femme, la « Bien - aimée » et en mère nourricière ayant enfanté les hommes de la communauté. Ces métaphores sexuelles presque érotiques ne sont pas sans répercutions sur les femmes, puisque l'objectivation de la femme la rend dans l'image collective passive sexuellement, fragile, objet « que l'on prend et viole », et mère nourricière. Images de la femme que l'on retrouve dans l'imaginaire collectif religieux, celui des interprétations islamiques. Ainsi le voile rend symboliquement la

femme inaccessible de tout regard étranger, et sa protection permet la sauvegarde de l'honneur, sans quoi l'ordre social de la communauté tout entière serait menacé. Nous avons abordé aussi brièvement le cas des féministes islamiques, qui portent le voile de manière politique, qui revendique une relecture de l'Islam alternative, c'est-à-dire permettant aux femmes d'être actrice dans la sphère publique, en revendiquent son identité musulmane (porter le voile a l'université par exemple), et tout en restant dévouée à son mari et ses enfants dans le privé. Ces féministes islamiques réagissent en réaction a l'Occident et aux femmes occidentales, qui montrent leurs sexualité dans la sphère publique, mais aussi a l'idéologie kémaliste qui a bridé l'identité populaire islamique en bannissant le voile, le fez, la musique traditionnelle, et en pratiquant un laïcisme forcé. L'idéologie kémaliste qui nous l'avons débute dans les années 20 en Turquie et reste prégnante jusque dans les années 80 et laisse des traces encore aujourd'hui a été le moteur du « State Feminism )) avec le développement des lois en faveur des femmes, et leur encouragement à être visible sur la scène publique, en fréquentant comme les hommes les universités, les professions jusque là (( masculines )) comme en médecine, en droit, ou en politique ...Mais malgré ce qui semble être un grand pas en avant pour les femmes turques, il semblerait que Kemal Atatürk, fondateur de la République de Turquie, ne se soit en fait servit de l'image de la femme (( émancipée )) pour montrer aux puissances occidentales à quel point la Turquie s'était modernisé. La femme turque étant l'instrument du projet politique kémaliste, n'était donc pas réellement émancipée, et n'était pas actrice de sa vie.

Ensuite, nous avons abordé l'émergence de la société civile liée a la libéralisation économique et politique de la Turquie dans les années 80, et en son sein l'émergence des mouvements de femmes et féministes. Faisant écho à la théorie de Gurr sur la (( frustration relative ~, en effet le mouvement des femmes naît d'un assouplissement du contexte, créant une brèche de liberté, permettant la prise de conscience d'une inégalité profonde des hommes et des femmes dans la société turque vis-à-vis de l'extérieure, et donc cette « tension )), entre assouplissement des conditions prise de conscience de ce qu'elles méritent, les femmes ont donc commencer a se mobiliser. Malgré ces mobilisations de femmes et féministes dans les années 80, nous avons abordé la situation actuelle de la femme en Turquie qui reste plus que préoccupante, avec ce qui fait office de (( fléau national )) : la violence domestique faîte aux femmes. Selon les rapports des Nations Unis pour l'équité de genre, il faut pour stopper la violence faîte aux femmes des mesures d' (( empowerment )), c'est-à-dire afin de rendre les femmes plus fortes, les mesures permettant l'augmentation de l'instruction des jeunes filles et des femmes mais aussi les mesures encourageant les institutions et la société a favoriser l'entrée des femmes sur le marché du travail et donc a devenir indépendante financièrement.

Dans une troisième et dernière section, nous avons étudié les mobilisations féministes
et LGBT à Istanbul. Après avoir rapidement présenté les deux organisations Amargi

(féministe) et Lambda (LGBT), nous avons abordé les différentes identités collectives des militantes, identité féministe radicale (a conscience de la hiérarchie des rapports de genre et souhaite s'émanciper de cette hiérarchie), les identités transgenres, qui remettent complètement en question les normes de genre en ne rentrant dans aucune catégorie, et les Queer, qui eux aussi renverse la norme et floute les notions de genre.

Nous avons ensuite abordé ensuite le mode organisationnel et les répertoires d'actions des organisations qui ne sont pas conventionnels, et qui suive une logique propre ayant a voir avec l'identité sexuée des participantes, mais aussi la volonté de ne pas se conformer à la logique masculine, logique étant finalement la seule valorisée dans nos sociétés. Bien que ces organisations « critiques du genre » suivent une logique qui peut apparaître comme identitairement genrée, ce qui peut sembler paradoxal avec la nature de leurs revendications, il faut souligner le fait que ces organisations soient aussi des espaces de résistances aux normes de genre en permettant aux militantes de s'affirmer en tant que femmes ou individus autres que selon la norme sociale du féminin, et ce en dépit de leur identités sexuée. Enfin nous avons pu observer que les militantes femmes (féministes et LGBT) assumaient fièrement les rétributions du militantisme (rétributions autre que monétaires), telles que l'intégration dans un réseau social, l'amélioration de la confiance en soi, le soutien émotionnel et affectif, et qui fait que ces militantes perdurent dans leur engagement.

L'outil analytique du genre est donc primordial dans l'étude des mouvements féministes et LGBT, ainsi que dans l'étude du contexte d'émergence de ces mouvements, et plus globalement dans l'étude des mouvements sociaux, et dans la recherche en science sociale en général.

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