8.4. Analyse des fondements du choix des ouvriers pour les
traitements phytosanitaires.
50% de ceux qui ont recours à la main-d'oeuvre
salariée pour les traitements phytosanitaires sont des femmes. Ces
dernières ont une bonne connaissance des effets liés à
l'utilisation des PCS, et c'est pour cela qu'elles font appel aux ouvriers pour
ces opérations. Plusieurs femmes nous ont déclaré ce qui
suit :
Encart n°5
1- « Lorsque mon mari était vivant, il m'avait
interdit de m'approcher des PCS sous prétexte que cela rend malade.
Maintenant qu'il est décédé, je suis obligé de
faire appel aux ouvriers pour la pulvérisation, car je n'ai pas de fils
âgé pouvant la faire. »
2- « Ma soeur, il y a 5 ans, avait eu un avortement. Le
médecin de Goho (Abomey) nous avait confié que c'était les
PCS. Alors, j'ai pris la décision d'arrêter de faire
moi-même la pulvérisation, et depuis je confie cette
activité aux ouvriers salariés. »
3- « Je vendais avec la complicité de mon
mari des boîtes de PCS. Mais un jour mon mari est revenu du champ avec
des maux de ventre. Il venait de pulvériser le champ de coton. Il a
été hospitalisé durant une semaine à
l'hôpital. Nous avons dépensé énormément.
Depuis ce jour, plus personne ne touche aux PCS dans notre chambre
jusqu'à son départ pour la Côted'Ivoire. Je suis
obligée aujourd'hui de faire appel aux ouvriers pour faire la
pulvérisation»
Toutes ces déclarations montrent que les femmes sont
conscientes des préjudices qu'elles créent à la
santé des ouvriers. Mais une question subsiste : peuvent elles faire
autrement ? A une femme de nous répondre « J'ai mon argent et
si j'invite un ouvrier il lui revient d'accepter ou de refuser ».
Voilà qui interpelle la responsabilité des ouvriers. Mais, ils
n'ont pas le choix. C'est justement pour cela que les gros producteurs usant de
leur pouvoir financier ont recours à la main-d'oeuvre salariée
pour les opérations qu'ils jugent à risque. En effet les gros
producteurs représentent 50% de ceux qui ont recours à la
main-d'oeuvre salariée pour les traitements phytosanitaires. C'est
surtout eux qui recrutent les ouvriers saisonniers, de ce fait les ouvriers
font toutes les opérations qui s'offrent à eux.
Il est constaté également dans des
ménages (27,77%), que ce sont les jeunes actifs agricoles qui s'occupent
de la manipulation des PCS. Ce sont les ménages au milieu du cycle et en
fin de cycle. La raison évoquée pour justifier de tels
comportements est toute simple « Nous sommes déjà vieux
et notre organisme ne supporte plus l'odeur suffocante de ces produits. Nous
avions fait notre temps, c'est également l'occasion pour les jeunes de
faire leur preuve ». Ceci qui nous amène à dire que les
risques se transmettent de père en fils. La situation sera critique
d'ici quelques années si rien n'est fait pour mettre fin à
l'utilisation des produits agrochimiques, quand on sait que lors de nos
enquêtes, nous avions rencontré deux chefs de ménage qui
ont déjà perdu la vue suite à l'utilisation au fil des
ans, des PCS selon leur propos. La catégorie des jeunes actifs agricoles
doit être préservée, puisqu'elle constitue la
1ère force de travail des ménages agricoles du village
de Dridji, surtout que l'OIT pense que plus de 20% de la production mondiale de
produits agrochimiques est consommé dans les pays en voie de
développement, lesquels produits sont à l'origine de 70% (1,1
million de la population active) des cas d'intoxication aiguë parmi la
population active (OIT, 1997).
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