8.2. Connaissance de ces effets par les producteurs
Le recours à la main-d'oeuvre salariée pour les
traitements phytosanitaires est influencé par la connaissance des
producteurs des effets liés à l'utilisation des PCS. En
général, les paysans sont conscients des dommages causés
à l'homme par ces PCS. En effet, 94,4% des ménages de Kindogon
ont une bonne connaissance de ces effets, 78,6% des ménages
enquêtés à Asségon puis enfin 66,7% des
ménages de Tèzounkpa. Ces taux sont élevés et
prouvent que les paysans en général sont conscients des dangers
auxquels ils s'exposent en utilisant ces produits. Bien que conscients de ces
dangers ils continuent à utiliser les PCS. Cela est dû aux faibles
degrés de connaissances par ces derniers des méthodes
alternatives. Plusieurs autres alternatives de lutte contre les ravageurs sont
introduites dans le village par le CeRPA. Il s'agit entre autres, de
l'utilisation des extraits aqueux des feuilles ou graines de neem, des feuilles
de papayer et des feuilles d'hyptis. Cependant, seulement 48% des
ménages déclarent connaître ces alternatives. Fanou et
al. (2005) pensent que pour des raisons de rentabilité, ces
moyens ne sont plus utilisés. Les paysans comparent souvent
l'efficacité des nouveaux moyens de lutte qui s'offrent à eux,
avec
les PCS destinés au coton avant de décider de
l'utilisation ou non de l'alternative. Pour eux, les PCS contrôlent mieux
la population des ravageurs.
Autant cette connaissance des effets des PCS varie d'un hameau
à un autre, autant elle varie avec le sexe. Des paysans qui ont une
bonne connaissance de ces effets, on retrouve toutes les femmes chefs de
ménage. En effet, il est admis par tous dans le milieu, que les femmes
ne doivent pas utiliser les PCS car selon les paysans elles sont «
morphologiquement fragiles ». Des cas d'avortement ou
d'intoxication de la mère à l'enfant obligent les femmes à
ne pas s'impliquer dans l'utilisation des PCS. Dassou et al. (2004)
pensent que 56% des personnes victimes ont moins de 15 ans (Cf. tableau
n°32).
Tableau n°32 : Cas d'intoxication
dus aux PCS les cinq dernières années
|
Ahoyèmè
|
Asségon Atchèssingon DaanonKpota Dridjicentre
Effectifs
|
Kindogon
|
Kitigoudo Lègbaholi
|
Tèzounkpa
|
Suicide/Décès
|
3
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Avortement
|
6
|
1
|
0
|
4
|
2
|
0
|
4
|
0
|
0
|
Intoxication alimentaire
|
8
|
3
|
7
|
12
|
8
|
5
|
9
|
0
|
1
|
Malaises passagers
|
12
|
8
|
4
|
10
|
12
|
4
|
10
|
8
|
8
|
Total
|
29
|
12
|
11
|
26
|
22
|
9
|
23
|
8
|
9
|
Source : Dassou et al. (2004)
8.3. Connaissance de ces effets par les ouvriers
salariés
Plusieurs ouvriers ont une très bonne connaissance des
effets liés à l'utilisation des PCS. 86,66% des ouvriers
enquêtés déclarent que la manipulation des PCS est
dangereuse car elle engendre les différentes maladies ci-dessus
citées. Des cas d'accident sont également légion dans leur
rang aussi bien sur leurs propres exploitations que lors de l'exercice de leur
métier de salariés agricoles. C'est ainsi que 83,33% des ouvriers
enquêtés ont affirmé avoir vu des cas d'intoxication et 50%
estiment qu'ils ont été victimes eux-mêmes de ces
intoxications. Malgré ces vécus de la part des ouvriers, ils
continuent pour certains de faire les traitements lorsqu'ils sont
sollicités. Un ouvrier occasionnel nous a confié « Un
jour mon nouveau né est tombé malade. Je l'ai emmené
à l'hôpital et la sage femme m'a réclamé 2000 FCFA.
Je
n'avais absolument rien dans ma poche. Alors, je suis
allé expliqué le cas à un voisin qui a accepté
m'avancer la somme. En contre partie le lendemain, je devrais aller travailler
sur son champ. A mon grand étonnement le lendemain il m'a demandé
de lui faire les traitements phytosanitaires dans son champ de coton. Dans ce
cas je n'ai pas le choix puisse qu'il s'agit d'une dette que je dois
rembourser ». De ces propos, il ressort que le besoin pressant
d'argent oblige certains ouvriers à faire n'importe quelle
activité, surtout que le salariat contribue à 100% des revenus
des saisonniers. Les termes de contrat non clairement élucidés en
sont également une cause. Aussi, les producteurs profitent de la
situation difficile des ouvriers, pour leur confier des tâches qu'ils
jugent eux aussi dangereuses.
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