7.3. Déterminants socio-économiques de
l'allocation de la main-d'oeuvre salariée.
7.3.1. Acteurs impliqués dans le processus
d'allocation de la main-d'oeuvre salariée
Le processus d'allocation de la main-d'oeuvre est un processus
très complexe, qui implique les différents niveaux de production
au sein du ménage. Il va du chef de ménage, aux parents en
passant par l'épouse ou les épouses du chef de ménage, et
les actifs agricoles.
+ Niveau chef de ménage
C'est le centre de toutes les décisions prises dans le
ménage. 82,22% des chefs de ménage enquêtés
affirment qu'il leur revient de prendre les décisions concernant
l'allocation des ressources. La décision de recruter des ouvriers
agricoles est laissée à la charge du chef de
ménage. Le champ du chef de ménage est le champ
collectif où tous les autres membres du ménage doivent
travailler. Certains paysans pensent qu'ils sont les plus
expérimentés, et donc toutes les décisions concernant
l'organisation du travail au champ doivent émaner de leur
responsabilité. Il décide de ceux qui doivent aller au champ et
de quels travaux doivent être effectués.
+ Niveau des épouses
Selon Fanou et al. (2005), les femmes sont plus
impliquées dans le choix des cultures et des superficies à
emblaver. Dans notre échantillon, seulement 14,44% des chefs de
ménage affirment qu'ils consultent leurs femmes pour ce qui est du choix
des ouvriers. Elles interviennent moins dans l'allocation des ressources. Ceci
se justifie surtout par le fait qu'elles ne disposent pas de pouvoir financier.
Lorsque la femme n'est pas consultée lors du choix de l'ouvrier, elle
est tout de même informée de son arrivée, car elle est par
excellence le centre d'accueil des étrangers. Elle est chargée en
ce qui la concerne de prendre les dispositions nécessaires pour que
l'ouvrier qui arrive se trouve dans les meilleures conditions de travail, afin
qu'il puisse fournir le maximum d'efforts au champ. La production en
dépend. Dans le cas d'ouvriers permanents, elle doit s'assurer du
logement. Quel que soit le type d'ouvrier, elle doit garantir sa nourriture et
donc forcément, la quantité de nourriture à
préparer par repas augmente. C'est le centre de prise en charge des
ouvriers. Elle se fait aider par ses filles. Elle va donc au champ après
avoir fini les travaux domestiques, et remplace le chef de ménage
à son absence.
+ Niveau actif agricole
Les actifs agricoles ne sont pas impliqués dans la
prise de décision de l'allocation de la main-d'oeuvre. De plus en plus,
les enfants se scolarisent surtout à Asségon et Kindogon. A
Asségon et Kindogon, il y a en moyenne deux enfants scolarisés
par ménage. Leur place se trouve plus à l'école
qu'à la maison. Toutefois, ils interviennent indirectement dans le
processus. Pour ceux qui doivent aller au champ, ils y vont avec les ouvriers
recrutés, bien qu'étant travailleurs eux aussi, ils jouent
également le rôle de surveillants des ouvriers. Ils
doivent rendre compte de l'évolution du travail
à leur père parfois occupé à d'autres tâches.
Cependant, la décision de révoquer tel ou tel ouvrier n'est pas
à leur charge, cela relève des compétences du chef de
ménage.
+ Niveau collatéraux ou parents indirectement
rattachés au ménage
3,34% associent leurs parents proches dans le processus du
choix des ouvriers. Ils interviennent surtout dans les ménages (Cm2). Le
recours à un plus expérimenté notamment le père du
chef de ménage n'est pas interdit. C'est une manière de
témoigner son attachement au respect de la tradition. Ce dernier
intervient pour indiquer à son fils, les villages les plus
appropriés au recrutement d'ouvriers. Pour Fanou et al. (2005),
cette intervention de la vieille génération est justifiée
par l'inexpérience de certains chefs de ménage. Le recours aux
parents tient compte des rapports que ces derniers avaient lorsqu'ils
étaient en activité avec les habitants de ces villages.
Ils se référèrent également aux
"courtiers" d'ouvriers. Leur rôle est d'identifier et de proposer des
ouvriers aux chefs de ménage. Les frais de transport sont
remboursés à ceux-ci, plus quelques verres de
"sodabi"9. Ils n'influencent pas vraisemblablement, l'effectif des
ouvriers à recruter, ni le type de contrat qui doit lier l'ouvrier et le
chef de ménage.
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