7.2. Stratégies de recrutement de la main-d'oeuvre
salariée
Lorsqu'on parle du recrutement de la main-d'oeuvre
salariée, elle intéresse aussi bien les 30% de la main-d'oeuvre
salariée locale et les 70% de la main-d'oeuvre salariée
extérieure. Suivant qu'il s'agisse de la main-d'oeuvre salariée
locale ou qu'il s'agisse de la main-d'oeuvre salariée extérieure,
le recrutement diffère.
La main-d'oeuvre salariée locale est constituée
des jeunes âgés de 15 à 44 ans qui peuvent être des
hommes ou des femmes. On retrouve parmi ceux-ci, les élèves, les
jeunes désoeuvrés, les paysans qui ne disposent pas d'assez de
terres, principalement les allochtones et essentiellement les femmes dont le
niveau de vie est très faible. Le recrutement de cette main-d'oeuvre
locale est parfois influencé par sa disponibilité. les
élèves sont plus disponibles pendant les périodes de repos
académiques. Bon nombre parmi eux, trouvent alors dans cette
activité, un moyen de préparer la rentrée scolaire, mais
également de s'assurer certains besoins tels que se chausser, s'habiller
etc.... Quant aux jeunes désoeuvrés, ils proposent directement
leur service à ceux qui en ont besoin. Cependant, cette catégorie
de main-d'oeuvre locale reste très faible et est très loin de
satisfaire la demande.
Dans le rang des femmes (60% de la main-d'oeuvre
salariée locale), on note principalement celles dont les maris sont de
petits producteurs et n'ont pas assez de terres à cultiver, mais
beaucoup de bouches à nourrir. La femme doit alors contribuer à
l'amélioration du revenu du ménage. Le salariat est le chemin le
plus court, car il permet d'avoir de l'argent frais et parfois des vivres
lorsqu'il s'agit de la récolte des cultures vivrières. Les femmes
s'organisent en groupes pour proposer leurs services aux paysans qui sont
capables d'honorer leurs engagements. Il y a plus de cohésion dans cette
couche sociale que les autres. Ensemble elles sont plus fortes.
L'exécution des travaux en groupes est une manière pour les
femmes de se raconter des histoires, de partager les difficultés des uns
et des autres dans leur foyer
respectif. Toutefois, le travail peut se faire
individuellement lorsque le travail à abattre ne nécessite pas
beaucoup de personnes.
Le recrutement de la main-d'oeuvre salariée
extérieure est plus complexe et est fonction du dynamisme de chaque
exploitant. Quatre moyens sont utilisés pour le recrutement des ouvriers
externes.
Premièrement, les liens de familiarité sont mis
à contribution. A l'approche de la saison pluvieuse, les paysans se
rendent dans leur village d'origine. Ils contactent leurs parents restés
sur place qui se chargent dès les premières pluies, de leur
convoyer des ouvriers connus pour leur sérieux et leur ardeur au travail
.Les ménages en fin de cycle sont beaucoup plus
spécialisés dans cette forme de recrutement, car ils ont plus de
relation avec les parents restés au village.
Le deuxième moyen c'est l'attraction des ouvriers
endettés. Ces ouvriers demeurés au village sont des paysans
presque sans terre. Dans une étude similaire réalisée sur
le plateau Adja, den Ouden (1997) pense que ces paysans ne sont plus capables
d'organiser le travail agricole de groupe, ni de former des associations que ce
soit entre frères ou sur une autre base. Finalement, ils sont
désoeuvrés et s'endettent auprès des gros producteurs. A
la saison des pluies, ils doivent rembourser leurs dettes par le salariat.
Le troisième moyen de recrutement de cette
catégorie d'ouvrier, est le rapport de fidélité et de
confiance qui s'établit entre ouvriers et exploitants. Les années
antérieures, les ouvriers employés par un paysan, lorsqu'ils sont
bien traités arrivent spontanément proposer leur service à
leur employeur des années passées. Cette forme de recrutement,
présente des risques aussi bien pour le recruteur que pour les
recrutés. Lorsque l'employé n'arrive pas dès les
premières pluies, l'employeur prend d'autres personnes et s'il vient
après il perd sa place. Le recruteur quant à lui peut se dire,
que le rapport de confiance qui s'est établi entre lui et son ouvrier
obligerait ce dernier à revenir la saison suivante, alors qu'il peut
arriver que celuici ait des problèmes ou trouve mieux ailleurs, et ne se
présente plus. Dans le cas d'espèce, le paysan est en retard sur
le calendrier cultural.
Une quatrième forme de recrutement de main-d'oeuvre
salariée externe non moins importante, est celle qui se déroule
surtout pendant les périodes de pointe. Plusieurs ouvriers venus du Sud
du plateau d'Abomey préfèrent continuer leur chemin vers les
collines, car selon eux, il y a de grandes exploitations dans ces zones.
Alokpaï (2002) pense qu'il s'agit d'une zone de fortes contraintes de
main-d'oeuvre. Le travail y est difficile, mais payant (cf. tableau n°24).
Les ouvriers préfèrent faire la route et aller travailler dans
ces exploitations, que de rester dans les petits villages où les gros
producteurs se comptent du bout des doigts. En période de pointe, les
paysans qui sont dans le besoin viennent rester au bord de la route inter Etat
pour supplier les ouvriers passant, de venir travailler dans leurs champs.
Cette forme de recrutement rend le travail salarié cher, car la plupart
du temps, c'est les ouvriers qui fixent les termes du contrat.
Tableau n°24 : Coût des
différentes opérations culturales par ha dans la sous
préfecture de
Glazoué
Activités
|
Toutes les cultures
|
Coton
|
Toutes les cultures
|
Coton
|
Défriche - ment
|
Labour
|
Semi s
|
Démar iage
|
Sarcla ge
|
Epanda ge
|
Pulvé risation
|
Rebu- tage
|
Récolte 1seul coup
|
Récolt e double
|
Prix en
FCFA/ha
|
18000
|
18000
|
6000
|
3000
|
10800
|
6000
|
1500
|
15000
|
30000
|
6000
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Source : Alokpaï (2002)
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