L'attitude maternelle envers le petit enfant
d'école primaire
Je suis dans la salle de soin à préparer mon
chariot quand une collègue y entre avec un étudiant
présent depuis quelques jours dans le service. C'est son 2e
stage et c'est la 1ère fois qu'il assiste à un
pansement. L'infirmière entre dans la salle tout en continuant de
parler :
« Tu vois, il y a pleins de choses
différentes à savoir pour réaliser correctement un
pansement mais ne t'inquiète pas, chaque chose en son temps, on va voir
ça étape par étape et, pour commencer, je vais t'apprendre
à manipuler les pinces et à effectuer des
tampons. »
Elle sort alors un plateau pansement, le
déstérilise et lui montre comment prendre des pinces dans un
plateau tout en gardant le plateau stérile et montre à
l'étudiant comment effectuer un tampon avec les pinces. Elle lui demande
ensuite d'essayer et après lui avoir donné quelques conseils, le
laisse s'exercer pendant qu'elle nettoie son chariot de pansement. Elle revient
ensuite, lui exprime satisfaction sur ce qu'il fait et se met alors en peine de
lui expliquer les règles d'hygiènes et d'asepsie requises lors de
la réalisation d'un pansement. Puis elle lui propose de la suivre lors
d'un second pansement pour mieux observer ces règles et mieux comprendre
les gestes qu'elle va effectuer.
Par la suite, j'ai pu vérifier par moi-même
l'intégration de ces règles lors la mise en situation
professionnelle de l'étudiant que j'évaluais avec un cadre
formateur et où l'étudiant respecta ces règles tout en
faisant preuve de dextérité dans la manipulation des
pinces.
Dans la situation suivante, nous conservons l'image maternelle
mais la transposons à une attitude qu'une mère aurait face
à un enfant plus grand. L'infirmière met en avant un enseignement
antérieur et c'est dans une relation d'entière confiance qu'elle
accompagne l'étudiant dans un 1er temps pour, ensuite, le
laisser utiliser seul cette connaissance. Elle a donc dû enseigner pour
pouvoir être dans ce lien de tutorat qui permet à
l'étudiant d'acquérir la maîtrise des difficultés
telle que l'assumerait un professionnel diplômé. C'est
l'autonomisation de l'adolescent à qui on se doit de faire confiance
même si l'on garde les filets autour de lui au cas où il ferait un
faux pas :
L'attitude maternelle envers l'adolescent
Je suis en passe de réaliser les prises de sang
d'entrée aux détenus lorsqu'une collègue me demande si je
peux laisser faire l'étudiant pour lui permettre de mieux s'aguerrir
dans un soin qui lui pose souci quand les patients n'ont pas un bon capital
veineux.
Après acceptation de ma part, je reste pour
écrire mes transmissions tandis que l'étudiant organise son
matériel puis appelle le premierr patient. Celui-ci est
toxicomane et annonce d'emblée qu'il est presque impossible de
réussir à lui extraire du sang.
L'infirmière prend alors la parole et explique
à l'étudiant plusieurs choses :
« Dans ce cas-là, il ne faut pas que tu
te fies à tes yeux mais il faut que tu fasses confiance à tes
doigts pour bien sentir la veine ; vas-y mets le garrot et dis-moi ce que
tu sens. »
L'étudiant s'exécute.
-« Alors, tu sens quelque
chose ? »
-« bah.... Je sens bien quelque chose sur le
poignet mais ce n'est pas un endroit où on peut
piquer ! »
-« Tu sais, il ne faut pas se contenter de ce
qui est habituel ici ! »
-« Alors, tu crois que je peux piquer ici
? »
-« Si ton intuition te dit que c'est là
que ce sera le plus facile alors, oui, pique-là mais n'oublie-pas
tout ce que je t'ai appris ; tu prends une petite aiguille, tu tunnelises
ta veine et surtout tu ne bouges plus une fois que tu es dans la
veine ! »
-« Ok, j'y vais ! »
L'étudiant tente alors la prise de sang avec une
visible maitrise des procédures d'hygiène et de
sécurité (lavage de mains, port de gant, désinfection du
bras en un seul passage...) et réussit celle-ci après une
recherche de quelques secondes jusqu'à ce que le sang monte dans le
cathéter utilisé. Une fois le soin terminé et le patient
sorti, il s'adresse à l'infirmière :
-« ça y est, j'ai enfin compris, je te
remercie, je ne croyais vraiment jamais pouvoir réussir une prise de
sang aussi difficile avant ! »
-« C'est bien, maintenant je crois que tu es
prêt à affronter les autres patients tout
seul. »
-« D'accord ! »
Elle sort alors en me faisant un clin d'oeil en sortant,
laissant l'étudiant se débrouiller seul. Celui-ci fera preuve de
professionnalisme et ne demandera aucune aide pour réaliser l'ensemble
des 12 prises de sang prévues ce jour là.
Dans la situation suivante, l'image de la grande soeur voulant
se substituer à l'image maternelle en montrant qu'elle sait et qui plus
est sait bien, mais sans forcément le tact et le doigté qu'une
mère aurait pour expliquer cette somme de connaissances à
acquérir avant de pouvoir devenir « grand ».
L'étudiant pense donc savoir quelque chose et l'infirmière
crée la condition pour qu'il apprenne ce qu'il ne sait pas, cependant,
à la première erreur, elle ne le laisse pas entrer en relation
avec le savoir et lui donne plutôt un tutoriel d'action à
reproduire sans attitude réflexive. L'étudiant pourra donc
reproduire ce tutoriel durant ce stage mais il reste à voir s'il
intègrera tout ce qu'il représente et si ces
préconisations seront suivies par la suite. Il y a ici une
dissymétrie face au savoir mais même si ce savoir est juste, il
semble que l'infirmière ne parvient pas à devenir
éducative dans ce soin noyant l'étudiant sous une somme de
connaissances, certes indispensables, mais qui devraient lui être
données plus progressivement pour lui permettre de les intégrer
dans la limitation du nombre de boîtes et de patients par
exemple :
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